Une exposition de peinture à découvrir au Musée Marmottan à Paris jusqu’au 26 Septembre 2010 … Monet et l’abstraction, inspiré par l’expressionnisme abstrait américain, voilà tout un programme !
Avant l’exposition Monet au Grand Palais, ‘blockbuster’ assuré, il reste quelques semaines (jusqu’au 26 septembre) pour voir (avec moins de foule) l’exposition sur Monet et l’abstraction au Musée Marmottan (dont une version plus complète fut présentée à Madrid il y a quelques mois). C’est une exposition à la fois intelligente et sensible qui, en six catégories un peu confuses, met bien en exergue l’influence de Monet sur l’art abstrait, non pas tant au début du XXème siècle (même si Kandinsky est aussi présent) qu’à partir de la deuxième guerre mondiale, en particulier avec l’expressionnisme abstrait américain. Sans s’étendre trop sur cette parenthèse des débuts de l’abstraction, l’exposition met l’accent sur la matérialité de la peinture de Monet, l’importance de l’acte de peindre, de la touche estompée. La perte du motif est aussi un facteur prépondérant, effets de brume, absence de relief, désorientation, et primat de la lumière. Le catalogue est très éloquent sur ces filiations.
La plupart des juxtapositions présentées ici sont très heureuses. Impression soleil levant est accroché à côté d’un Rothko rouge vibrant (ST, 1969) et on peut rester longtemps à laisser le regard aller d’un tableau à l’autre.
Un Clyfford Still (1965 PH-578) aux formes défaites, décomposées, tombantes, voisine avec une étude des Nymphéas (Esquisse 1907/08) et la parenté des motifs, de la construction même des toiles est flagrante.
Des Pollock (ST, gouache de 1946 de la collection Thyssen) sont mis en relation avec des Nymphéas tardifs (Bassin aux nymphéas, 1918/19): même fouillis du trait sinueux, même effet de profondeur.
Un Zao Wou Ki aux vertes et jaunes éclatants (ST 2005) est à côté d’un Saule Pleureur de 1921/22 où les couleurs explosent.
Même des toiles de Monet plus anciennes, comme cette Cabane à Trouville de 1881, annoncent déjà, par leur construction, des peintres comme Nicolas de Staël et ce Paysage méditerranéen de 1953 : y coexistent les formes claires et droites de la maison, et la déroute éclatée et brumeuse des lignes du paysage lui-même.
C’est une page d’histoire qui s’écrit là.
Rothko, Pollock, Zao Wou Ki et Staël étant représentés par l’ADAGP, les reproductions de leurs toiles seront ôtées du blog au bout d’un mois.