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Musée Gustave Courbet d’Ornans : la vérité de la peinture

musée courbet d'ornans

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La Ferme de Flagey, située dans le Doubs, à quelques kilomètres d’Ornans, appartenait à la famille de Courbet. Il y venait s’y ressourcer et travailler. Aujourd’hui restaurée et placée sous la responsabilité du Musée Courbet, elle abrite un espace dédié qui accueille des expositions de peintures et d’art.

Exposition Courbet Cézanne au musée Gustave Courbet d’Ornans : la vérité de la peinture

L’exposition Courbet Cézanne, la vérité en peinture se tient jusqu’au 14 octobre 2013 au musée Gustave Courbet d’Ornans dans le Doubs. Cette exposition picturale présente 50 oeuvres de ces deux peintres majeurs du XIXème siècle qui ouvrirent la voie de la modernité …


Une exposition Courbet Cézanne? De grands artistes peuvent traverser leur époque sans pour autant se rencontrer. Ainsi en est-il très probablement de Gustave Courbet (1819-1877) et de Paul Cézanne (1839-1906). L’absence de toute allusion à ce dernier dans la correspondance du Maître-peintre d’Ornans, cependant riche, semble l’indiquer. On se prend à le regretter, car ces deux peintres jouèrent un rôle majeur au XIXe siècle, en brisant, chacun à sa manière, les codes académiques de la représentation pour faire entrer la peinture dans la modernité.

Autant de différences que de points communs…

exposition courbet cézanne Autoportrait courbet Besançon

Leurs points communs abondent : l’un et l’autre, issus de la bourgeoisie provinciale, montèrent à Paris pour « se faire un nom » ; l’un et l’autre restèrent très attachés aux éléments naturels de leurs terres natales respectives qui leur fournirent de solides sources d’inspirations (la Franche-Comté pour Courbet, la Provence pour Cézanne).

L’un et l’autre célébrèrent la Femme à travers une conception subversive du nu (sensuelle chez l’aîné, esthétique chez le cadet). L’un et l’autre, enfin, entretinrent une relation paradoxale avec des intellectuels qui s’intéressèrent à leur art sans pour autant les comprendre : Proudhon vit en Courbet un révolutionnaire puritain qu’il ne fut jamais, mais qui correspondait à sa vision du monde et à son obsession pour la « vertu » ; son essai Du Principe de l’Art et de sa destination sociale trahit cette incompréhension. Zola ne trouva pas chez Cézanne la peinture qui correspondait à son goût et livra dans son roman L’Œuvre un portrait charge féroce que l’artiste peina à lui pardonner.

cezanne autoportrait 1875

Leurs différences abondent tout autant : en opposition à tous les clichés, le Franc-comtois affichait la personnalité extravertie d’un bon vivant, jouisseur, hâbleur, anticlérical tandis que le Provençal se plaisait dans une sobriété quasi ascétique. Le premier rompit avec l’académisme en se jouant de la hiérarchie des genres (à travers de grands formats) et en substituant le réalisme à la recherche de l’idéal (à travers ses thématiques, ses représentations du corps), le second ouvrit, par une forme plastique de plus en plus synthétique, la voie au Cubisme. 

Si nous ignorons quel regard Courbet aurait pu porter sur le travail de Cézanne, nous disposons, en revanche, d’éléments concernant les sentiments de ce dernier à l’égard de l’œuvre de son aîné ; à titre d’exemple, il tenait Les Baigneuses du Salon de 1853, dont il possédait une copie, comme l’un des tableaux majeurs du XIXe siècle, au point de s’en inspirer dans sa toile Le Baigneur aux rochers (1860-66).

Les deux hommes partageaient, il est vrai, des registres thématiques communs. C’est ce qui est aujourd’hui magistralement mis en évidence dans la belle exposition Courbet Cézanne, la vérité en peinture organisée au musée Gustave Courbet d’Ornans(Doubs) jusqu’au 14 octobre 2013.

Courbet / Cézanne, Rencontre unique et confrontation de palettes

Courbet, environs d'Ornans

Cette démonstration s’articule autour de 50 œuvres, parmi lesquelles des productions majeures des deux peintres, en provenance de grandes collections internationales publiques et privées. Le parcours s’ouvre sur plusieurs autoportraits qu’il est intéressant de confronter, notamment celui de Courbet (circa 1850 conservé à Besançon) et celui de Cézanne (circa 1875, Musée d’Orsay).

Une vitrine abrite également deux reliques très personnelles des deux artistes : leurs palettes. Puis viennent les paysages d’eau et de neige, qui traduisent un commun attachement à la nature, à sa minéralité, à sa force vivifiante. La section suivante traite du portrait, de famille (Portrait de Zélie, 1853 et Portrait de Madame Cézanne, 1885-90), d’amis intellectuels (Pierre-Joseph Proudhon, 1865 et Emile Zola, 1862-64) et de mécènes (Bruyas malade, 1854 et Victor Choquet, 1877).

L’exposition Courbet Cézanne aborde ensuite « Le corps et les fruits », deux choix thématiques majeurs des deux maîtres, à travers le traitement du nu et des pommes : Femme nue couchée sur un fond de mer (1868, que Courbet traitera la même année en cadrage serré avec La Femme à la vague), Baigneuses (1870) et Trois baigneuses (circa 1874-75) de Cézanne. Il est, dans cette dernière toile, étonnant d’observer combien le visage de la baigneuse centrale préfigure déjà l’esthétique des Demoiselles d’Avignon ; il est tout aussi intéressant de comparer deux natures mortes d’une taille très similaire, Pommes (circa 1871 pour Courbet, 1878-79 pour Cézanne).

cézanne, rochers au dessus du chateau noir, Orsay

La dernière section, intitulée « Marcher, peindre », réunit des paysages importants, en particulier La Roche pourrie (1864) et La Source de la Loue (1864) pour le Comtois, Rochers près des grottes au-dessus du Château-Noir (circa 1904) et Maisons en Provence (circa 1883) pour le Provençal dont est aussi exposée une sobre aquarelle de la Sainte-Victoire (circa 1906), à laquelle on aurait pu préférer une version plus riche, comme celle conservée au musée de l’Ermitage, mais qui reste très significative.

Cette confrontation de deux peintres parmi les plus importants du XIXe siècle qui ouvrirent la voie de la modernité est une première. Jamais auparavant une telle rencontre n’avait été organisée. Voilà qui offre de nouvelles perspectives au champ des recherches – les essais présents dans le beau catalogue (Musée Courbet Editions Fages, 192 pages, 25€) y invitent – et qui présente un réel intérêt pour le visiteur.

Illustrations : Gustave Courbet, Autoportrait, v. 1850, Huile sur toile marouflée, 50 x 40 cm, Besançon, musée des Beaux-arts et d’Archéologie, ©Besançon, musée des Beaux-arts et d’Archéologie / Charles Choffet – Paul Cézanne, Portrait de l’artiste, v. 1875, Huile sur toile, 65 x 54 cm, Paris, musée d’Orsay, ©RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski – Gustave Courbet, Environs d’Ornans, 1872, Huile sur toile, 73 x 92 cm, Budapest, Museum of Fine Arts, © Museum of Fine Arts, Budapest – Paul Cézanne, Rochers près des grottes au-dessus du Château-Noir, v. 1904, Huile sur toile, 65,5 x 54,5 cm, Paris, musée d’Orsay, ©RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski.


Le musée Gustave Courbet d’Ornans accueille Jean-Pierre Sergent

Jusqu’au 3 juin 2012 la belle exposition de Jean-Pierre Sergent, artiste plasticien, voyageur, explorateur des cultures, intitulée « Nature, cultures, l’origine des mondes ».

Le musée Gustave Courbet d'Ornans accueille Jean-Pierre Sergent 1

Nul endroit ne pouvait mieux convenir que celui-là, car il existe, entre le Maître-peintre d’Ornans et Jean-Pierre Sergent (dont il a déjà été question dans ces colonnes) bien des passerelles, à commencer par une origine franc-comtoise commune et le goût pour les formats monumentaux. Ainsi, l’installation principale exposée à Flagey occupe-t-elle le même espace que la célèbre toile de Courbet, Un Enterrement à Ornans. Mais d’autres communautés d’inspiration rapprochent les deux hommes : la relation à la nature et l’importance de la scène érotique, l’une et l’autre demeurant indissociables.

La Femme y occupe une place centrale et l’on ne s’étonnera pas que le titre de l’exposition fasse allusion à L’Origine du monde, toile emblématique, blason symbolique et universel de l’Eternel féminin, que l’on retrouve, sous une forme qui dépasse largement le simple clin d’œil, dans plusieurs sérigraphies ici exposées.

Le musée Gustave Courbet d'Ornans accueille Jean-Pierre Sergent 2

Ces œuvres sont un hymne à la nature et à la vie. Au premier regard, elles semblent parfois tutoyer l’abstraction et l’œil les rapprochent de Jackson Pollock, surtout lorsque l’on sait que Jean-Pierre Sergent travailla longtemps à New York. Cependant, elles ne sont pas abstraites ; complexes, formées de strates successives, hautement colorées, hypnotisantes, elles offrent au spectateur un réel plaisir esthétique et l’invitent à décrypter les signes qui les composent, souvent issus de civilisations ancestrales, art amérindien, yantras indous, mais aussi de transes chamaniques et de mangas japonais. Il s’en dégage une énergie spirituelle que renforcent les graphismes empruntés au registre de la représentation sexuelle. Il y a de la magie dans ces sérigraphies qui, pour la plupart réalisées sur Plexiglas, font participer le regardeur dans la mesure où son image parvient à s’y refléter.

Le musée Gustave Courbet d'Ornans accueille Jean-Pierre Sergent 3

Illustrations : La Ferme de Flagey – Vue de l’Installation murale monumentale de Nature, Cultures, L’Origine Des Mondes, 2011, 18 peintures acrylique sérigraphiées sur Plexiglas de 1,05 x 1,05 m, dimension totale : H 3,15 m, L 6,30 m – Jean-Pierre Sergent, Suites Entropiques 2011 n 14, techniques mixtes sur Plexiglas, 1,40 x 1,40 m.

Courbet champêtre au musée d’Ornans

Lorsqu’un musée de province réalise une belle acquisition, c’est un événement qu’il convient de souligner. Or, le musée départemental Gustave Courbet d’Ornans vient d’enrichir sa collection d’une toile tout à fait intéressante, Les Amoureux dans la campagne (65 x 81 cm). Cet achat de l’Institut Courbet a été entièrement financé par ses ressources propres et le mécénat, pour un montant de 150.000 €, un prix très raisonnable compte tenu de la cote du peintre.

Le tableau, qui figurait déjà sur l’affiche de l’exposition organisée en 2007 au musée Courbet, fut réalisé en 1873. Juliette, la sœur du peintre, le conserva jusqu’à sa mort et le légua à deux amies, Mmes de Taste et Lapierre, qui s’en séparèrent en 1934.

Sa fraîcheur et l’inspiration romantique de son thème – deux amoureux allongés au pied d’un chêne dans la campagne – contrastent nettement avec la vie difficile de l’artiste à cette époque. L’année 1873 sera en effet pour lui particulièrement sombre. Les œuvres qu’il avait déposées chez le galeriste Paul Durand-Ruel sont confisquées par l’Etat ; c’est là l’une des conséquences de la destruction de la colonne Vendôme qui lui fut injustement imputée.

En mai, une aventurière « rouleuse d’hommes en vogue », amie de Gambetta et de Dumas fils, Mathilde Montaigne Carly de Svazzena, tente de le faire chanter en le menaçant de publier des lettre érotiques qu’il lui avait écrites lors de leur courte liaison. A la fin du même mois, l’Etat ordonne la saisie de ses biens, ce qui le conduit, le 23 juillet, à s’exiler en Suisse. Si le tableau nouvellement acquis par l’Institut Courbet a été peint sur le vif, il le fut donc vraisemblablement au printemps ou au début de l’été.

L’attitude des deux personnages ne reflète pas la quiétude des amoureux endormis l’un contre l’autre de La Sieste champêtre, dessin au fusain réalisé vers 1844 (musée de Besançon), ni de la première version de L’Homme blessé (uniquement visible grâce à la radiographie). Le couple semble plutôt converser sous les ombrages. Pour autant, l’œuvre procède de la même veine et pourrait évoquer, selon Jean-Jacques Fernier, conservateur du musée Courbet, « le souvenir du bonheur, une idylle de jeunesse, vécue trente ans auparavant, avec Lise, son amoureuse dont il avait gravé le nom sur le tronc du chêne qui abritait leurs émotions à Flagey. »

Le musée Courbet d’Ornans restera fermé pour d’importants travaux d’agrandissement jusqu’en 2010, mais les visiteurs pourront retrouver les œuvres du maître non loin de là, à la très belle Saline royale d’Arc-et-Senans, dans le cadre de l’exposition « Courbet en Résidence, collections du Département du Doubs et de l’Institut Courbet », jusqu’à la fin de l’année.

Exposition « Courbet – Clésinger, œuvres croisées » au musée Courbet d’Ornans

Exposition « Courbet – Clésinger, œuvres croisées » au musée Courbet d'Ornans 1

Pour une première exposition temporaire, le nouveau musée Gustave Courbet d’Ornans réussit un coup de maître en présentant en parallèle des œuvres du fondateur du réalisme (1819-1877) et de Jean-Baptiste «Auguste» Clésinger (1814-1883). Une telle mise en regard, intitulée « Courbet – Clésinger, œuvres croisées », (du 2 juillet au 31 octobre 2011) offrait un risque évident : le premier, mondialement célèbre aujourd’hui, aurait pu écraser le second, très injustement oublié. Or, il n’en est rien et c’est avec beaucoup de subtilité que se côtoient peintures et sculptures dont on prend rapidement conscience qu’elles puisent à des sources et des sensibilités communes.

portrait de femme courbet

Courbet et Clésinger étaient amis, tous deux franc-comtois, tous deux étranger à la formation académique, mais animés du désir de se « faire un nom », fut-ce au prix du scandale. La haute conception qu’ils avaient de leur art, leur indépendance d’esprit, leurs choix artistiques, leurs talents respectifs allaient leur en fournir l’occasion à travers des polémiques majeures qui leur permirent, comme le souligne Frédérique Thomas-Morin, conservatrice du musée et spécialiste des deux artistes, de « bousculer l’esthétique dominante ».

Car il faut reconnaître que Clésinger et Courbet posèrent chacun un jalon capital dans l’évolution de l’art du XIXe siècle en direction de la modernité. Modernité conceptuelle, sans doute, mais aussi modernité quant aux thèmes traités qui firent, un à un, sauter les verrous de disciplines jusqu’à lors strictement encadrées, tant par les règles académiques que par les pesanteurs sclérosantes de la morale bourgeoise.

la dame aux roses clesinger

La représentation de la femme en offre un exemple saisissant. Les nus de Courbet se distinguaient par un réalisme dénué de toute concession à l’idéal classique ; ils s’articulaient en outre, pour certains d’entre eux, autour de la thématique saphique (un tabou à l’époque) et aboutirent à une synthèse, le blason de l’éternel féminin qu’est L’Origine du monde, toile subversive entre toutes, puisque représentant en plan rapproché un sexe féminin dont les conventions avaient interdit jusqu’à la simple esquisse.

De son côté, Clésinger, avec La Femme piquée par un serpent, qui produisit un vaste scandale au Salon de 1847, avait poussé l’audace jusqu’à sculpter, sans alibi mythologique ni historique, une femme nue saisie en plein orgasme et dont le corps, moulé sur nature, répondait, là encore, à certains des critères du réalisme. Or, ces œuvres ne manqueront pas d’exercer une influence sur la conception moderne du nu féminin au XXe siècle.

Si L’Origine du monde n’est pas exposé à Ornans La Bacchante (vers 1844-1849) de Courbet l’est. On la comparera facilement à La Femme piquée par un serpent, dans sa version de marbre de 1847 autour de laquelle les visiteurs se regroupent habituellement au musée d’Orsay, mais aussi dans une version plus tardive en terre cuite (1874), deux variantes plus petites de plâtre et un bronze de dimension équivalente. Il s’agit là du plus bel ensemble jamais réuni sur ce thème cher au sculpteur, puisque ne manquent que le grand plâtre du musée Calvet d’Avignon (1874) et La Bacchante (1848) de marbre du Petit Palais.

musée varlet

Au gré des salles, chacun pourra comparer les autoportraits des deux artistes, les portraits de leurs pères respectifs, un choix de tableaux et de sculptures trahissant d’étranges similitudes (Courbet, Portrait de jeune femme, 1867  et Clésinger, La Dame aux roses, même année), voire reprenant le même modèle (Marcello, duchesse de Castiglione Colonna). On confrontera encore des paysages (franc-comtois pour le peintre, romains pour Clésinger qui peignait également).

En 52 œuvres et documents provenant de grands musées français et étrangers ainsi que de collections privées, l’exposition montre combien une admiration réciproque peut aboutir à une réelle communauté d’esprit. Le parcours s’intéresse encore à la bohème parisienne que fréquentaient les deux amis, notamment autour d’une figure emblématique, Madame Sabatier – La Présidente, amie de Théophile Gautier, de Flaubert et muse de Baudelaire – qui servit de modèle à la Femme piquée et dont on verra ici le beau buste de marbre qui accompagnait cette sculpture majeure au Salon de 1847.

Exposition « Courbet – Clésinger, œuvres croisées » au musée Courbet d'Ornans 2

Et, devant cette confrontation des deux artistes, le visiteur s’interroge : pourquoi Courbet s’est-il, au fil des ans, imposé comme une gloire de la peinture alors que Clésinger, pourtant le sculpteur le plus brillant de son époque, a, peu à peu, sombré dans l’oubli, au point que cette exposition est la première à lui être consacré ? Une réponse facile vient à l’esprit : Courbet resta, jusqu’à sa mort, un créateur subversif, opposant à tous les régimes qu’il traversa, tandis que le sculpteur devint tour à tour Républicain en 1848, proche de Napoléon III sous le Second-Empire, puis des gouvernements successifs de la IIIe République. Or, un artiste, à trop se rapprocher du pouvoir finit forcément par accepter des concessions à l’esthétique ou à la morale du temps qui nuisent au talent et aux créations les plus novatrices.

Exposition « Courbet – Clésinger, œuvres croisées » au musée Courbet d'Ornans 3

Ce serait toutefois négliger le caractère frondeur du fougueux sculpteur (qui fut le gendre de George Sand) ainsi qu’un paramètre capital de son métier qui l’obligeait à courtiser les puissants : si, au XIXe siècle, le peintre professionnel parvenait, peu ou prou, à vivre de sa peinture, le sculpteur, lui, ne pouvait subsister sans commandes de l’Etat, compte tenu du coût élevé des matériaux qu’il travaillait et des praticiens qu’il devait employer. « Il ne faut jamais oublier qu’un sculpteur sans commande n’existe pas. », souligne fort justement Anne Pingeot en page 15 du catalogue.

Celui-ci, richement illustré (Musée Gustave Courbet/Editions du Sekoya, 160 pages, 29 €), accompagne l’exposition à travers de remarquables communications (je me garderai bien d’inclure dans ce jugement global celle que j’ai eu le plaisir d’y présenter sur Madame Sabatier), notamment de Frédérique Thomas-Morin, Anne Pingeot, Yves Sarfati, Edouard Papet et Thomas Schlesser. Un document indispensable pour la connaissance de Courbet, mais surtout de Clésinger qui n’a guère, jusqu’à présent, suscité de littérature scientifique.

Illustrations : Affiche ce l’exposition – Gustave Courbet, Portrait de jeune femme, 1867, huile sur toile, Tokyo, Musée national d’Art occidental, collection Matsukata – Jean-Baptiste Clésinger, La Dame aux roses, vers 1867, buste en bronze, Musée d’Orsay – Salle d’exposition, Musée d’Ornans (© Varlet, musée Gustave Courbet) : Au premier plan, Jean-Baptiste Clésinger, La Femme piquée par un serpent, Musée d’Orsay, au second plan, à gauche, Gustave Courbet, La Bacchante, vers 1844-19, Remagen, Musée Arp, collection Rau pour l’UNICEF, à droite, Gustave Courbet, Nu couché, 1866, huile sur toile, © collection Mesdag, La Haye – Jean-Baptiste Clésinger, Apollonie Sabatier, 1847, marbre, Musée d’Orsay, © RMN – Gustave Courbet, La Dame aux bijoux, 1867, Huile sur toile, Caen, Musée des Beaux-Arts, © Musée des Beaux-Arts de Caen/Martine Seyve.


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Thierry Savatier

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