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L’édition 2018 du festival Richard Strauss se déroule dans le cadre enchanteur de l’abbaye d’Ettal, chef d’oeuvre de l’art baroque construit dans l’environnement montagneux de l’Ammergau. Tout ici se prête à des moments musicaux merveilleux d’autant que les concerts se tiennent en plein air!
Le Festival Richard Straussa donné hier soir son en 1er concert en plein air dans la grande cour de l’Abbaye d’Ettal. Au programme la Sinfonietta de Janáček et la Symphonie alpestre de Strauss. L’entreprise était un peu hasardeuse car elle dépendait du temps, mais les dieux de la montagne avaient voulu qu’elle fût couronnée de succès. Après tout, la symphonie de Strauss leur était dédiée, il fallait donc qu’ils lui soient favorables. Et sans doute les bons moines bénédictins qui ont ouvert toutes grandes les portes de l’abbaye pour accueillir le festival pour deux soirées avaient-ils eux aussi prié la Vierge miraculeuse et Saint Corbinien pour que le ciel reste clément.
Le cadre baroque de l’abbaye d’Ettal en Haute Bavière au service de l’opéra
Et quel bonheur! Il faut dire que le cadre baroque de la grande cour est de toute beauté et qu’Alexander Liebreich, le dynamique directeur du Festival, a particulièrement bien soigné son entreprise en confiant l’installation du podium couvert et de la sonorisation à des équipes professionnelles réputées pour leur qualité et surtout en invitant l’excellent Orchestre philharmonique de Brno ( – quel meilleur choix pour interpréter du Janáček, qui en son temps avait grandement contribué à créer l’orchestre? – ) et en en confiant la direction musicale à Antonello Manacorda, un chef dont la direction raffinée allie précision, sensibilité et sens de la définition des contours. Le public avait le choix entre des sièges traditionnels ou l’installation dans la zone pique-nique, pour laquelle la brasserie locale proposait d’appétissants paniers.
La Sinfonietta ; opéra hommage à l’armée tchèque
La Sinfonietta, aussi baptisée Sinfonietta militaire par le compositeur qui voulait ainsi rendre hommage à l’armée tchèque, est une œuvre pour orchestre en cinq mouvements de Leoš Janáček. Comme le titre l’annonce, le premier mouvement est d’allure martiale avec une monumentale fanfare dévolue aux cuivres où la percussion martèle les rythmes dans un concert de sonneries de plus en plus concentré. Il est suivi d’un andante très mélodique sur un rythme de danse villageoise avec les hautbois et les clarinettes. Le moderato est au départ d’atmosphère plus poétique dans le clair-obscur de son début qui peu à peu évolue vers une scène très animée et expressionniste de sonneries de chasse avant que tout ne retombe vers un climat de paix.
L’allegretto nous entraîne dans une fête populaire un peu rustre sur un thème de trompette. L’allegro final commence par une présentation gracieuse et mélodique dans la rencontre des flûtes et des cordes pour s’accélérer ensuite dans une farandole générale et héroïque, et enfin reprise du thème générique en guise de coda. Une pièce au charme folklorique qui crée une atmosphère de fête foraine savoureuse, pour laquelle le compositeur s’inspire des danses entraînantes de son pays. L’écriture d’une extrême netteté exploite les ressources de la modernité avec une grande clarté d’instrumentation judicieuse et équilibrée. Toutes ces qualités et ces caractéristiques sont rendues avec une extrême précision par Antonello Manacorda et l’orchestre qui s’appliquent à souligner l’ingéniosité, la légèreté et plus souvent encore l’éclat des alliances sonores de cette petite symphonie qui marie si joliment les couleurs et compose si habilement les timbres. Pour beaucoup d’entre nous, cette Sinfonietta fut une joyeuse découverte!
La Symphonie Alpestre (Eine Alpensymphonie) convient parfaitement au décor montagnard des Alpes de l’Ammergau au coeur desquelles se dresse fièrement le joyau architectural de l‘Abbaye d’Ettal. La symphonie de Strauss nous invite à les parcourir musicalement puisque elle suit très précisément le parcours d’une journée de randonnée en montagne, de l’aube au crépuscule. On est entraînés dans une ascension sonore en 21 épisodes dans un cheminement descriptif naturaliste en fondu enchaîné (et qui ne suit donc pas les divisions classiques de la symphonie, on peut sans doute parler davantage d’un poème symphonique). Le langage musical straussien décrit successivement la splendeur du lever de soleil, une chute d’eau, une prairie émaillée de fleurs, l’errance parfois angoissée hors des sentiers battus, un glacier (c’était un temps ou ils existaient encore), l’arrivée au sommet et la contemplation sublime et calme du panthéon divin, et bientôt les nuages, l’orage et ses colères aussi grandioses que dangereuses, la redescente dramatique vers la plaine paisible et le repos de la nuit. Cette symphonie, le dernier poème symphonique de Strauss, témoigne du goût prononcé du compositeur munichois pour la montagne, qui avait fait de Partenkirchen et du pays de Werdenfels sa patrie d’élection. Ici encore, l’orchestre et son chef ont pleinement rendu la puissance et le coloris de la palette orchestrale et la virtuosité des timbres instrumentaux.
Toute la soirée fut accompagnée du vol enchanteur et du chant des hirondelles qui semblaient valser en l’air aux rythmes des danses villageoises de Janacek accompagner de leurs gazouillis les musiques panthéistes et cosmiques de Strauss, saluant aussi la réussite du pari d’Alexander Liebreich de renouveler le Festival en l’installant au coeur même de la nature. Et c’est un public aux anges qui a salué d’une ovation gigantesque cette heureuse soirée musicale dans les coulisses magnifiques des l‘Abbaye d’Ettal.
Prokofiev et Strauss ; une évidence
Le choix de Prokofiev en première partie d’un concert à l’Abbaye d’Ettal n’a en fait rien de surprenant car le compositeur russe avait choisi de résider pour plusieurs mois en 1922 dans la petite cité alpine, – il avait alors 31 ans. Il arriva à Ettal en compagnie de sa mère convalescente en mars 1922, espérant que le bon air des montagnes bavaroises contribuerait à l’amélioration de sa santé chancelante. Il y loua la villa Christophorus, pensant que son séjour durerait un an. Il se prolongea en fait jusqu’à la fin de 1923. A Ettal il convola en justes noces en octobre 1923 avec la chanteuse Carolina Codina (1897-1989), une jeune chanteuse espagnole qu’il avait rencontrée à New York en 1918 et qui chantait à la scène sous le nom de Lina LLubera, le nom de jeune fille de sa grand-mère paternelle. C’est à Ettal qu’il composa l’essentiel de son célèbre opéra L’Ange de feu, qui ne fut pourtant joué qu’après sa mort.
Il se trouve par ailleurs que Brno et son orchestre philarmonique, invité cette année à se produire au Festival Richard Strauss à l’Abbaye d’Ettal, ont eux aussi des affinités particulières avec le compositeur russe, car le Théâtre Mahen de cette ville connut la première du ballet Roméo et Juliette de Prokofiev en 1938 (ce ballet était une commande passée par le Kirov de Leningrad en 1934, mais dont la partition fut rejetée à cause de sa complexité rythmique la rendant « indansable » aux dires des danseurs pétersbourgeois). C’est une des suites pour orchestre tirée du ballet qui était présentée hier soir en début de concert à Ettal, conclusion peut-être logique de la double et heureuse conjonction de Prokofiev avec les villes d’Ettal et de Brno.
Alexander Liebreich, le directeur du Festival, était au pupitre pour donner un large échantillon de cette œuvres inspirée aux rythmes extrêmement variés et qui commence par l’impressionnante et superbe « Danse des chevaliers », magnifiquement rendue par l’Orchestre de Brno, dont l’entente avec le chef était patente.
Le concerto pour violon opus 63 en sol mineur, le second concerto pour violon écrit par Sergueï Prokofiev, est contemporain de Roméo et Juliette puisqu’il fut composé en 1935. Il s’imposait comme un choix logique tant on y retrouve l’esprit du ballet. L’exécution de cette oeuvre demande un violoniste virtuose, tout trouvé en la délicieuse personne de Lisa Batiashvili, une violoniste spécialiste de Prokofiev dont la virtuosité n’a d’égale que l’exquise sensibilité et que le jeu profondément inspiré, qualités dont les effets se font sentir dès l’entame, une phrase méditative au violon seul, sans accompagnement, prélude à une partie virtuose. Remarquable aussi le dialogue avec la flûte de la seconde partie. Batiashvili se montrera tout aussi magistrale dans les accords violents et explosifs de la troisième partie et trouvera encore la force de donner aux applaudissements un encore où elle déploiera toutes les facettes de son excellence.
En seconde partie, Alexander Liebreich dirige avec la générosité attentive qui le caractérise le poème symphonique Also Sprach Zarathustra inspiré du poème philosophique éponyme de Nietzsche. Une oeuvre chérie du public straussien qui met en scène Zarathoustra, le surhomme antéchrist dans une abbaye! Il faut toute la tolérance des moines bénédictins, un ordre plus spirituel que dogmatique, pour accepter que cette musique soit jouée sur leur parvis. Le jeune Strauss (il n’a encore que 22 ans au moment de la composition de cette oeuvre magistrale) citait Nietzsche en exergue de sa partition:
« La musique a trop longtemps rêvé ; nous voulons maintenant nous réveiller. Nous étions des somnambules ; nous voulons devenir des rêveurs éveillés et conscients. »
En donnant Also Sprach Zarathustra dirigé avec des soins quasi maternels sous le ciel étoilé de l’Abbaye d’Ettal, Alexander Liebreich nous invitait ce 1er juillet 2018 à une évasion spatiale éthérée, odysséenne, est-il besoin de le souligner? La musique des sphères à Ettal, un magnifique hommage au grand compositeur dans ce cadre de montagnes qui lui tenait tant à coeur!
Et du côté du festival Richard Strauss à Garmisch Partenkirchen
Okka von der Damerau ; entre récital et enchantement
La mezzo-soprano Okka von der Damerau donnait hier soir un récital de Lieder en la salle Olympia de Garmisch-Partenkirchen accompagnée par la pianiste Karola Theill. Au programme, des Lieder de Johannes Brahms, Richard Strauss et Gustav Mahler. Bien connue du public bavarois, elle fait partie du prestigieux ensemble du Bayerische Staatsoper de Munich dont elle est une étoile montante, avec, parmi tant d’autres, une Erda ou une Ulrica très remarquées
La mezzo-soprano Okka von der Damerau
Le récital fut un régal! Okka von der Damerau, c’est d’abord une présence: un port de reine, une stature imposante qui évoque celle des déesses grecques de la statuaire antique, un charisme qui irradie la sérénité et la tendresse et impose un calme attentif dès son entrée en scène, une capacité de concentration peu communes. Et la voix de s’élever, superbement projetée, avec une technique et une articulation impeccables qui rendent les textes des chansons parfaitement compréhensibles. La puissance d’émission fait vibrer toute la salle avec les « fraîches mélodies » (« Wie Melodien zieht es mir ») de Brahms en entame de programme. Très vite la beauté mélodieuse de la phrase musicale déploie toute une palette émotionnelle souvent empreinte de compassion et de gentillesse, comme dans « Verzagen » où le chant vient consoler un coeur désespéré qui aspire au repos.
Okka von der Damerau va ensuite nous entraîner au coeur même du propos straussien du Festival avec les « Huit poèmes » des «Letzte Blätter » de Hermann von Gilm, ces Lieder magnifiques que composa le jeune Strauss, qui n’avait alors que 18 ans, sur ces textes intimistes, sentimentaux et contemplatifs, parfois même souriants et drôles, qui expriment la fragilité d’un bonheur familier sous-tendu en filigrane par les ombres du temps qui s’écoule trop vite ou de la mort. Okka von der Damerau rend avec une exquise sensibilité le kaléidoscope émotionnel de ces Lieder passant de l’humour de « Nichts » à la gravité plus tragique de « Geduld ». Le dialogue entre le piano et le chant témoigne d’une parfaite complicité entre la chanteuse et l’excellente pianiste Karola Theill dont le jeu synchrone accompagne de manière exquise la respiration de l’interprète.
Les atmosphères intimes restent au rendez-vous de la seconde partie avec les cinq Rückert-Lieder de Mahler rendus par le chant d’Okka von der Damerau qui allie perfection technique et clarté de l’énonciation et se nourrit de la vision intérieure d’une femme qui aime la vie et en accepte les aléas. Ses variations expressives dans « Um Mitternacht » sont un ravissement.
Brahms ensuite, avec le ton humoristique et joyeux de « Ständchen » et la proclamation de l’amour de « Von ewiger Liebe » que la chanteuse termine avec la puissance d’un vibrato époustouflant.
« Morgen » et « Cäcilie » de Richard Strauss terminent le programme de deux grandes interprètes saluées par des applaudissements crépitants. Okka von der Damerau et Karola Theill donneront encore deux rappels avec le Lied amusant « Mein Vater hat gesagt » extrait de Des Knaben Wunderhorn chanté par une Okka souriante et détendue, suivi de la reprise de « Zueignung »qui se termine par cette merveilleuse proclamation d’un remerciement reconnaissant « Habe Dank », un sentiment entièrement partagé par le public.
Prochains rendez-vous avec Okka von der Damerau: voir le calendrier d’Operabase . Soulignons ses prochaines prises de rôles en Ortrud (Lohengrin en septembre à Stuttgart), en Azucena (Il Trovatore, Sankt Gallen et Munich) et en Fricka (Die Walküre, Amsterdam).
Festival Richard Strauss à l’abbaye d’Ettal ; concerts de plein air dans un cadre enchanteur
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