Jean-Loup Chiflet n’est pas seulement un éditeur actif, il est aussi un auteur prolifique. C’est ainsi qu’il vient de publier deux nouveaux tomes de la série Français mon amour, intitulés Métonymie… mon amie ! et Concaténation… ma passion ! (Jean-Loup Chiflet, 144 pages, 12,95€).
Suivant un procédé désormais bien rôdé, l’auteur présente un ensemble de difficultés, de particularités, d’aspects résolument insolites de la langue française sur un mode aussi ludique qu’instructif, sans se départir d’une joyeuse impertinence.
Dans le premier ouvrage cité, on apprend, par exemple, à distinguer l’anacyclique du palindrome comme la morue du cabillaud, on découvre l’origine du bas-bleu, le langage des fleurs, quelques belles escroqueries littéraires, l’histoire du livre et les manies des écrivains. On y apprend encore la signification du couillard (qui na rien à voir avec ce que vous croyez), l’utilité de la négation subordonnée et l’on rit des vrais faux conjoints : « le carabin n’est pas le conjoint de la carabine, ni le capucin de la capucine, pas plus que le pèlerin de la pèlerine et encore moins le camelot de la camelote », etc.
Quant au deuxième, il y est question de faux-amis, d’argent sous toutes ses formes argotiques, de corrections typographiques, de l’origine des expressions populaires, des locutions proverbiales, du concept de mot-valise ou des néologismes céliniens. On y trouve aussi quelques entrées hilarantes, comme celle intitulée « Suite (et fin) » – titre qui, une fois mis au pluriel, rappelle singulièrement celui d’un recueil publié il y a quelques années par un certain… Jean-Loup Chiflet ! – où l’auteur nous propose une « suite farfelue pour Le Rouge et le Noir » qui consacre la relation homosexuelle de M. de Rénal et de Charles Bovary… Sans parler de cette autre entrée, qui, sous le titre « Journalisme », imagine comment « un élève d’une école de journalisme qui aurait bien appris sa leçon » pourrait raconter la fable de La Cigale et la Fourmi : « De source généralement bien informée, nous apprenons qu’un insecte de type cigale aurait, sous toute réserve, été fortement fragilisé par les rigueurs conjuguées de la baisse du mercure et de la chute du thermomètre qui ont, comme chacun sait, franchi ces jours derniers la ligne jaune de l’inacceptable… » Le reste du texte est à l’avenant et assure, comme toutes les autres pages, un excellent moment de lecture.
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