Calais, doit bien cacher quelques pépites derrière ses façades délabrées, ses magasins aux volets clos sur des boulevards que j’arpentais, glorieuse, dans mon adolescence… quelques pépites sûrement, derrière cette impression de ville sinistrée, désertée, à l’abandon et surtout, derrière ces lourdes promeneuses (eh oui on est gros lorsqu’on est pauvre. Dans la boulangerie-salon de thé où je prends mon café, entre une petite fille. La mère, une tante et la grand-mère sont restées à l’extérieur du magasin. La petite fille demande le prix des pains au chocolat. « 3 euros les 3 » dit la vendeuse « et le quatrième est offert ». La petite fille sort, passe l’information à sa mère et à sa grand-mère… et les femmes s’éloignent sans rien acheter. Je n’ai pas voulu les humilier en courant après la petite fille.)
Abandonnée par les fabricants de dentelle (gloire de la ville). Fermées les « usines à tulle » (on disait comme ça avant), dans lesquelles tournaient, dans un bruit infernal les fameuses machines anglaises « Leavers ». Partis les commerçants, vers la zone de Frethun, là où passent les TGV » en route vers », ou « de retour de » l’Angleterre qui depuis n’est plus une île.
Lorsque je débarquais il y a quelques jours avec ma valise à roulettes, je slalomais entre les crottes de chiens. Parce que lorsqu’on n’a pas de travail, on promène son chien… Depuis la ville jusqu’au port, jusqu’à la plage, jusqu’à la mer, jusqu’à l’horizon borné certains jours par les blanches falaises de Douvres ou de Folkestone où j’ânonnais mes premiers mots d’anglais, dans une famille dont le père était un ancien colonel à moustache ayant servi sous Montgomery (et devenu le colonel Andrew dans « THEATRE D’OMBRES » mon roman aux Editions de la Frémillerie).
La ville ne manque pas de pharmacies, d’agents d’assurance, de bijouteries et de boutiques affriolantes (magasins d’usine) d’une lingerie digne de l’ex rue st Denis ou plutôt de la rue des théâtres et des vidéo shows proche de la gare Montparnasse.
Il doit bien y avoir une vie secrète derrière ces dentelles tentatrices, préludes à mille et une nuits calaisiennes. Enfin plutôt frileuses les nuits calaisiennes, mais est-ce que la frilosité exclut la frivolité ? Croire que non ! Même si les tailles proposées n’ont pas grand-chose à voir avec la réalité de la rue. Une vie cachée vous dis-je !
Peu d’hôtels, à part quelques enseignes monotones. Et puis, parce que je suis pipelette – enfin, curieuse – je découvre de belles maisons bourgeoises transformées en précieuses maisons d’hôtes.. Je vous confie leurs liens : www.lecercledemalines.com – et « La clé d’Opale »Bd Lafayette.
« la clé d’Opale »
Calais, ce n’est pas Le Touquet, mais c’est la sauvagerie de sa côte – cap Gris Nez, cap Blanc Nez… majestueux, puissants, uniques.
Enfin je vous livre ma dernière pépite. Très personnelle. Invitée à dîner chez des amis, il y a deux jours, je suis rentrée chez moi, enfin chez mon père, vers 11 heures du soir. C’est tôt à Paris ou à Chiang Mai, pour Calais, c’est très tard dans une ville morte après 7 H. Mes amis me raccompagnent en voiture. Discrète j’essaie de ne pas réveiller mon père, 91 ans le mois prochain… Un peu plus tard, il vient frapper à la porte de ma chambre, pour s’assurer que je suis « bien rentrée ». On reste toujours un père. On reste toujours un enfant pour ses parents.
Bon, le danger de revenir dans sa ville de naissance, c’est qu’on fait un sacré bon en arrière, un sacré retour en enfance !
Photos prises avec une boite d’allumettes… pardon, un mini appareil photos…
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