Aller au contenu

Gabor Ösz, un prix BMW Paris-Photo expérimental

Votre séjour en Croatie est unique ; notre expertise l’est aussi! Pour mieux préparer vos vacances, consultez le guide voyage Croatie et téléchargez les Ebooks gratuits : conseils pratiques, idées de visites et bonnes adresses.  

 

13112010123919.1290078130.jpgLa thématique imposée aux candidats au Prix BMW Paris-Photo décerné hier était la ‘vision électrique’, et ce fut évidemment la meilleure et la pire des choses : il y eut des lucioles, des scènes nocturnes et, bien sûr, une photographie de centrale nucléaire, mais il est révélateur, et réconfortant, que le jury, au lieu de couronner une photographie documentaire ‘ordinaire’, ait décerné le prix au photographe hongrois vivant en Hollande Gabor Ösz, qui, depuis des années, réalise un travail très novateur sur l’essence même de la photographie, recréant l’espace à partir du vide ou jouant sur l’opposition entre négatif et positif, dans une interrogation sur le réel. Une bonne partie de son travail porte sur l’utilisation de l’architecture comme sténopé et il a, en particulier, utilisé des bunkers de la ligne Todt, édifices d’observation aujourd’hui désaffectés, comme une camera obscura géante, enregistrant sur un film au fond du bunker la vision du paysage marin.

La photographie montrée ici est dans la même veine. Depuis une petite caravane transformée en camera obscura, Gabor Ösz a photographié des serres dans la banlieue d’Amsterdam: cette image est le résultat de quatre nuits d’exposition, passées patiemment à recueillir tous les photons possibles émanant de ces faibles sources lumineuses (Permanent daylight n°6, 12.1.2004).

[MAJ le 19XI] osz-constructed-view-8.1290158275.jpgParmi les séries de Gabor Ösz, dont le travail est également visible à la galerie Loevenbruck (jusqu’au 4 décembre) et sur leur stand à Paris Photo, celle nommée Constructed Views me semble aussi très intéressante : quand on retire les tiges d’acier utilisées pour la construction d’un immeuble en béton armé, reste un grand nombre de petits trous d’environ 2cm, très régulièrement percés dans les murs. Depuis ces petits trous, avant qu’ils ne soient rebouchés, on a, depuis un gratte-ciel, une vue sur le monde, sur la ville, unique et éphémère, légèrement différente depuis chaque trou. C’est cette famille de perspectives que le photographe capture avec une camera obscura, composant une vision de l’architecture tout à fait particulière.

J’ai peu été enthousiasmé par la mention spéciale attribuée à Carlo van de Boer, qui s’efforce de capter au moyen de senseurs électriques reliés à son Polaroïd, l’aura de la personne, son expérience, ses impressions, son avenir. C’est une très belle photographie où un portrait bleuté semble flotter dans le vide, mais le discours derrière est un peu trop “new age” pour mon goût.

1aguilerahellweg.1290170588.jpgPar contre, la proposition de Max Aguilera Hallweg m’a beaucoup séduit. Sur un fond new-yorkais de lignes dures, métalliques, minérales, sous les lignes obliques des supports de projecteurs, dans un univers très gris et froid, jaillit une toile de Pollock, ses couleurs violentes, ses lignes sinueuses : dans ce laboratoire muséal (au MoMA), deux hommes l’analysent, la restaurent. On voit, sur des écrans, des reproductions totales ou partielles de la toile, comme des échos numériques. J’ai trouvé ce thème très envoûtant, ayant la force d’une composition de Jeff Wall sans l’artifice : la confrontation des deux univers visuels, leur jonction sur les écrans et leur tension m’ont beaucoup plu (Pigment composition analysis of a Pollock painting, using multispectral fluorescence and ultra-violet imaging, MoMA, NY, 2007).

Enfin, dernier coup de coeur dans cette sélection somme toute assez moyenne, Jean-Christian Bourcart (qui fut lauréat du défunt Prix du Jeu de Paume) a photographié (Stardust 73) la vitre devant le projecteur d’une salle de cinéma : l’image du film est irréelle, flottante, et constellée de grains de poussière que le faisceau lumineux fait apparaître. En somme ces trois photographes interrogent notre vision, chacun à sa manière, chacun radicalement.

Photos courtoisie du service de presse de Paris Photo.

Marc Lenot

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

 

  1. Accueil
  2. /
  3. Derniers articles
  4. /
  5. GUIDE CULTUREL
  6. /
  7. ARTS, MUSEES & EXPOS
  8. /
  9. Gabor Ösz, un prix BMW Paris-Photo expérimental