A la découverte d’Hawaii sur les îles de Nihoa et de Moku Manamana. Un voyage en Polynésie au coeur de la culture hawaïenne. Destination Papahānaumokuākea, le début de tout selon les Polynésiens… L’union du ciel et de la terre…
Pour les Polynésiens d’Hawaii, c’est à Papahānaumokuākea que tout a commencé.
Peu connu, l’endroit est pourtant tout à fait étonnant. Pour trois raisons :
1/ D’abord, c’est un mot quasiment imprononçable pour nous, excellent quand il s’agit de répéter ses exercices de diction. Il faut prononcer Pa-pa-hah-now-mo-koo-ah-keh-ah. Et s’en souvenir, c’est ça le plus difficile.
2/ C’est la plus grand aire marine protégée au monde. Avec une superficie totale de 362’075 km2, la zone a été déclarée Monument national en 2006 par George.W.Bush, comme quoi tout ce qu’il a fait n’était pas (toujours) mauvais. Depuis octobre 2010, la zone est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.
La zone s’étend au nord-ouest de l’archipel d’Hawaii sur 2000 kms, de l’île de Nihoa à l’atoll de Kure. L’endémisme y est extrêmement développé. C’est essentiellement grâce à son isolement que les écosystèmes marins y sont restés pratiquement intacts. La zone abrite de nombreuses espèces terrestres et marines, le phoque d’Hawaii, par exemple, dont certaines dépendent uniquement de cet immense espace océanique pour survivre.
L’île de Nihoa (Photo tirée de l’ouvrage the Isles of Refuge)
3/ Ce nom imprononçable provient de la tradition hawaïenne et de sa cosmologie qui fait la part belle au côté dualiste de l’existence. Un peu Gémeaux, en quelque sorte. L’union de Papahānaumoku symbolise la Mère Terre et Wakea est le Père Ciel. Leur union résulte de la création et de la naissance de l’archipel des îles Hawaii dans son intégralité.
Peu explorées, les dix îles et atolls qui composent ce vaste ensemble a toutefois été visitée par La Pérouse. Une des îles, French Frigate schoal comporte un pinnacle en forme de tête, dorénavant appelée Pinnacle ou Tête de la Pérouse.
Sur les îles de Nihoa et de Moku Manamana (île Necker), on trouve des vestiges archéologiques similaires à des sculptures dans les Marquises, en Polynésie française, et qui démontrent en partie l’affiliation culturelle étroite entre Hawaii et Tahiti et les Marquises.
Mais l’archéologie n’a pas trop fouillé dans ce passé mystérieux. On considère qu’il y a eu seulement 18 jours en tout de fouilles archéologiques à Papahānaumokuākea. D’ailleurs, on sait peu de choses sur la naissance de la culture polynésienne en général, trop de vestiges ont été pillés ou ont atterrit dans des musées où leur signification a disparu derrière les vitrines.
Ici, c’est la même chose. On ne sait quasiment rien. Comment vivaient les ancêtres hawaïens pendant vingt siècles sur ces bouts d’îles ou d’atolls peu fertiles, sans arbre ou presque et battus par les vents, dont celui du Nord en hiver décoiffe et fait scintiller les yeux de larmes ? De quoi vivaient-ils ? Où vivaient-ils ? On ne sait pas.
Engoncées dans des îles trop souvent trop touristiques et standardisées, la culture hawaïenne est devenue beaucoup plus vivante à partir des années 70. Hawaii est l’archétype de la Polynésie : une merveille naturelle avec des îles belles à couper le souffle, les plus belles vagues du monde, des centres commerciaux laids à pleurer, un gâchis d’espace dans un environnement menacé et des hordes de touristes qui se concentrent sur quelques endroits laissant les autres totalement vides.
Cette culture hawaïenne se ressource ailleurs. Là où le béton et les centres commerciaux n’ont plus de raison d’être. Sur l’île de Molokai, il n’y a qu’un ou deux petits hôtels et l’île se mérite. Cette culture hawaïenne considère Papahānaumokuākea comme son berceau secret et veut la protéger. Ainsi la Terre, le Ciel, la Mer et les Animaux retrouvent-ils l’équilibre.
C’est dorénavant chose faite. La zone est archi-protégée, il faut un permis, lequel est rarement octroyé aux plaisanciers de passage. Personne n’a donc accès aux îles Lisianski, Kure, Laysan ou Necker.
On ne peut qu’aller sur l’atoll de Midway, soit cinq heures d’avion, de nuit uniquement, à cause des albatros qui vivent sur l’atoll, symbole de la guerre du Pacifique, de la Corée et du Vietnam.
Quand on survole cette immensité insensée, on se dit qu’on est au bout de tout.
Pour le natif d’Hawaii, on est au milieu de tout, au cœur de sa culture, au centre de ce grand océan Pacifique qui n’a pas encore dévoilé tous ces secrets.
Voir aussi: Isles of Refuge, Wildlife and History of the Northwestern Hawaiian Islands — Mark J.Rauzon. University of Hawai’i Press, 2001.