J’avais commencé à préparer une note ce matin : Sur les inondations bien sûr, en mettant en avant les réactions de ce peuple thaïlandais, son courage, sa résilience, sa fraternité face aux épreuves, sa naïveté aussi devant les dangers, la souffrance, les privations, naïveté qui atteint des sommets sublimes avec ces mots : « l’eau va laver tous les péchés de la ville et nous allons recommencer une vie plus propre » Que Dieu, non, plus prosaïquement que les politiques les entendent ! (On aura l’occasion d’en reparlera).
Mais….
J’ai écrit un premier roman (THEATRE D’OMBRES, éditions de la Fremillerie), une histoire romanesque qui se déroule dans un pays bien réel lui. Mon éditeur ne fait pas partie des « gros » éditeurs qui imposent leurs auteurs aux medias, et donc je dois me débrouiller toute seule pour faire connaître cet ouvrage et ceux qui suivront…C’est ainsi.
Un de mes lecteurs et ami, (soleillevant.blogspot.com) a parlé de ce roman dans son blog et ce matin je tombe par hasard dessus. Il a choisi deux petits passages de mon livre. Je lui en suis reconnaissante, car il a trouvé le moyen de me faire pleurer en les lisant à nouveau. Etrange, mais pas tant que ça, car entre temps j’ai écrit une suite LA OU S’ARRETENT LES FRONTIERES… toujours chez l’éditeur… et entame un troisième dont le titre pourrait être AILLEURS, CEST UN PAYS ?
Bref…lorsqu’on écrit, il arrive parfois qu’on le fasse dans un état quasi second. Je pose ma main sur le papier (écriture manuelle toujours… avant de passer à l’ordinateur) et il m’arrive, inconsciemment parfois, de passer en mode « automatique » Ça vient tout seul. Il faut dire que j’avais emmagasiné des tonnes d’émotions depuis que je viens et vis en partie en Thaïlande.
Je ne suis pas très douée pour faire ma propre publicité, mais là je n’ai qu’a recopier ce que mon ami a sélectionné dans mon ouvrage. Un Isan (nord-est) – EK, parle de son « pays à une jeune-femme – MARIE – qui vient de débarquer à Bangkok à la recherche d’une jeune femme d’origine Karen.
– Notre cœur est fort mais s’il est thaï, il est avant tout Isan
– Isan ? Comme le chauffeur de taxi qui m’a prise à l’aéroport « ?
– Oui comme tous ceux qui, sur les chantiers font monter les buildings vers le ciel, comme ceux qui nourrissent, dans leurs minuscules échoppes ambulantes, les employés à peau claire et les business men d’origine chinoise, comme tous ceux qui offrent leurs corps aux touristes qui croient que l’amour s’achète, mais qui en fait gardent leur cœur pour la famille. Ils courbent le dos, ne se plaignent jamais, ceux que parfois on traite de « buffles ». Mon frère est en train de mourir du sida, là-bas au pays, ma mère dort avec lui chaque nuit… et tu sais ce qu’elle fait ? Elle chante pour endormir sa souffrance, et lui, il lui sourit pour la remercier, alors tu vois, notre cœur n’est pas à vendre.
Alors, Marie se détourne pour ne pas se laisser submerger par une émotion qui ne lui appartient pas.
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Plus loin, Marie se retrouve dans un village Karen de montagne près de la frontière birmane.
« Ici pas de récriminations mais des sacrifices aux dieux de la forêt et des rivières pour la guérison d’un enfant, pour une meilleure récolte, pour l’harmonie dans le village. A la question posée aux enfants : Quels sont les trois plus beaux mots du vocabulaire karen ? Presque tous ont répondu dans le même ordre : Mere, pere, maitre.
On n’apprend pas aux enfants Karen à aimer leurs parents, pour eux c’est une évidence comme les nuages dans le ciel. Douter de ces convictions c’est douter de l’ordre du monde….. »
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Voilà, c’est ce genre de personnes que vous risquez de rencontrer sur votre chemin en Thaïlande. Ce peuple en train de lutter en silence contre l’un des pires fléaux : l’eau qui continue de monter inexorablement. Et Bangkok n’est pas qu’une ville de riches, tous ceux qui y travaillent viennent d’ailleurs, et principalement d’Isan justement.
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