Au coeur de la Grande Plaine, Kecskemét n’est pas que la capitale de cette région rurale qui contribue à la légende hongroise avec ses vastes étendues, ses boeufs et ses chevaux. Elle recèle plusieurs bâtiments iconiques de l’Art Nouveau en Hongrie qui en font une étape incontournable pour les amateurs du genre et les amoureux d’architecture.
Kecskemét, la « métropole de la Puszta »
Sur la route Budapest-Belgrade, arrêtons-nous au milieu de la grande plaine à Kecskemét, la « métropole de la Puszta » selon l’écrivain Mor Jokai. Assez proche de Budapest (1h20 en train) cette ancienne ville commerçante est connue en Hongrie pour sa place centrale, une des plus belles du pays et pour ses exceptionnels bâtiments art nouveau dont les plus connus sont l’hôtel de ville, le Palais orné et le lycée calviniste. Autour gravitent sur la même place des édifices religieux remarquables qui évoquent la Hongrie multiethnique d’alors: une synagogue mauresque-romantique, l’église franciscaine gothique, l’église orthodoxe classique, la grande église catholique baroque et l’église luthérienne romantique.
Des bâtiments emblématiques de l’Art Nouveau en Hongrie
Commençons par décrire le palais Cifra , un des bâtiments les plus fascinants de Hongrie. Ce palais chamarré de 1902 est un des plus beaux exemples de la Sécession hongroise. L’architecte est Géza Márkus, un élève de Lechner. Les architectes hongrois ajoutaient des ornements en s’inspirant de l’art populaire de Transylvanie et l’art oriental.
La façade est décorée de majoliques vernissées et proviennent de la célèbre manufacture Zsolnay. Le palais abrite une très intéressante galerie d’art et surtout une ancienne salle de bal sublimement décorée.
Continuons avec le deuxième bâtiment iconique de la ville et qui mérite à lui seul le déplacement : l’hôtel de ville construit entre 1893 et 1896 par Ödön Lechner, le maître de l’art nouveau hongrois.
L’hôtel de ville est un repère dans la carrière de Lechner car c’est son premier bâtiment « exubérant » et sa première tentative de création d’un style spécifiquement national, intégrant des motifs folkloriques hongrois et ostensiblement orientaux pour rappeler l’origine supposée des Magyars. On était alors en pleine célébration du millénaire de la Hongrie, la période était au patriotisme et à l’affirmation de son identité face à l’Autriche.
On retrouve ainsi dans la salle du conseil municipal (qui ne se visite que sur rendez-vous) une sorte de chronique de l’histoire de la Hongrie illustrée par des fresques impressionnantes de Bertalan Székely : le pacte de sang, les grands personnages historiques, le couronnement de François-Joseph et Sissi…
Le carillon de la mairie fait sonner toutes les heures les mélodies des compositeurs hongrois Franz Liszt et Zoltán Kodály
Qu’offre encore cette magnifique ville?
Pêle-mêle: capitale de la photographie, capitale de l’abricot que l’on distille (délicieuses confitures aussi!), ville des musées, ville de Zoltan Kodaly, compositeur hongrois mondialement connu dont l’institut de pédagogie musicale attire des étudiants du monde entier, ancienne colonie d’artistes aussi , un cinéma dès 1915, la galerie Michel-Ange qui présente 15 copies de sculptures du maître florentin…
Bref, une ville qui mérite largement le détour pour les passionnés d’histoire, d’architecture et de musique.
Je m’appelle Jean Christophe et je suis guide privé à Budapest, n’hésitez pas à me contacter pour obtenir des renseignements supplémentaires sur cet article ou sur mes visites guidées à Budapest.