J’ai eu la chance, il y a quelques années, de participer, très modestement, à l’émission « Ecran Total » sur France Inter,
émission qui reçut alors l’antenne de cristal de la meilleure émission des radios francophones. C’était sous le nom de Michèle Valentin, mais qu’importe,
Marcel Jullian en était l’âme et Yves de Rysbourg le chef d’orchestre.
Parmi tous nos invités prestigieux, je me souviens du
passage d’Hélie Denoix de St Marc (mort aujourd’hui) dont Jullian m’avait
souvent parlé. Il était le héros et avait vécu, comme il l’écrivait lui-même,
toutes les contradictions de l’Histoire de France – de l’Allemagne en passant
par les camps, à l’Algérie et l’Indochine. Il était accompagné de Laurent Beccaria, aujourd’hui
éditeur de la maison d’édition « Les arènes » Laurent avait, lors de
sa sortie de Science Po, demandé à Hélie de St Marc, l’autorisation d’écrire son
mémoire de 3e cycle sur l’itinéraire d’Hélie. En était sorti un livre
chez Perrin « Hélie de Saint Marc »
J’avais le regard émerveillé par cet homme dont on m’avait
beaucoup parlé, et qui avait écrit : « Hanoï… on y respirait l’air du
Tonkin – Le Vietnam retenu et austère était entré en moi par effraction – Hanoï,
un nénuphar posé sur le delta – Hanoï
tenait debout parce qu’elle avait une âme – Une ville de brume et de
moisissures, de persiennes à peine ouvertes, une ville de clair-obscur – J’ai
aimé Hanoï de passion – J’essayais de comprendre la magie de ce peuple, sa capacité
à digérer les contraires – L’âme vietnamienne cultivait le courage et le
romantisme – Hanoï sentait la saumure et le glaïeul….. Des morceaux de moi-même
jonche encore le sol des trottoirs »
J’avais lu l’homme de guerre, le héros, mais surtout l’homme
d’honneur comme disait Jullian. Et bien sûr lorsque je suis arrivée à Hanoï (J’y suis allée deux fois ces dernières années), certains de ces mots me sont revenus à la mémoire.
Oui Hanoï sentait bien la saumure (le nuoc mân) et les glaïeuls.
Hanoï et ses visages nostalgiques … qui évoquent cette phrase d’Hélie de Saint Marc : « POUR CERTAINES EMOTIONS IL N’Y A NI PASSE NI AVENIR, MAIS UNE SORTE D’ETERNITE »
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