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James Cook à Tahiti: Messe, sexe et philosophie

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Où l’on découvre la source du mythe de Tahiti et de ces îles polynésiennes lascives et sans tabou.

 

james cook

J’ai la chance de posséder les quatre tomes du Voyage autour du monde de James Cook, une édition originale publiée en 1774.

Les jours où le passé semble plus important que le présent, j’aime plonger le nez sur ces pages parcheminées par le temps.

On y apprend aussi une foule de choses intéressantes.

Connu pour ses Lumières et ses philosophes, le XVIII ème siècle a également vu la naissance du mythe des îles chaudes et lascives, du bon sauvage cher à Rousseau, de l’amour sans tabou de Diderot (et de Sade). Ces mythes, très puissants, s’agrippent encore dans nos cerveaux.

Ces philosophes ne s’aventuraient guère dans les confins. Ils préféraient l’étude à l’action, les salons au canon. La lecture et l’écriture, oui ; le risque, le scorbut et les lointains, non.

La source de leurs idées et théories provenaient des écrits des explorateurs et des aventuriers.

En cela, rien de mieux que de se plonger à la source même, celle qui a abreuvé des pages et des pages de philosophes et créé les mythes des îles du Sud : les récits de James Cook.

Le Dimanche 14 [mai 1769], j’ordonnai qu’on célébrât le service divin au fort ; nous désirions que quelques-uns des principaux Otahitiens y alliassent, mais lorsque l’heure fut arrivée, la plupart s’en allèrent dans leurs habitations. M.Banks cependant traversa la rivière & ramena Tubouraï Tamaïdé & sa femme Tomio ; il espérait que les cérémonies occasionneraient quelques questions de leur part, & donneraient lieu à quelque instruction de la nôtre. Il les fit asseoir sur des sièges & se plaça près d’eux ; pendant tout le service ils observaient toutes les postures, & l’imitaient très exactement ; ils s’asseyaient, se tenaient debout ou se mettaient à genoux, lorsque M.Bank faisait de même. Ils sentaient que nous étions occupés à quelque chose de sérieux & d’important, & ils ordonnèrent aux Otahitiens qui se trouvaient hors du fort de se tenir en silence : cependant après que le service fut fini ; ils ne firent ni l’un ni l’autre aucune question lorsque nous tâchions de leur expliquer ce qui venait de se passer.

Les Indiens [les Tahitiens] après avoir vu nos cérémonies religieuses dans la matinée, jugèrent à propos de nous montrer dans l’après-midi les leurs, qui étaient très différentes. Un jeune homme de près de six pieds et une jeune fille de onze à douze ans sacrifièrent à Vénus, devant plusieurs de nos gens & un grand nombre de Naturels du pays, sans paraître attacher aucune idée d’indécence à leur action, & ne s’y livrant au contraire, à ce qu’il nous semblait, que pour se conformer aux usages du pays. Parmi les spectateurs, il y avait plusieurs femmes d’un rang distingué, en particulier Obéréa, qui, à proprement parler présidait à la cérémonie ; car elle donnait à la fille des instructions sur la manière dont elle devait jouer ce rôle ; mais quoique la fille fut jeune, elle ne paraissait pas en avoir besoin.

James Cook, en fidèle messager du siècle des Lumières, interprète cette « cérémonie » de la manière suivante :

Nous ne racontons pas cet évènement comme un pur objet de curiosité ; mais parce qu’il peut servir dans l’examen d’une question qui a été longtemps discutée par les philosophes. La honte qui accompagne certaines actions que tout le monde regarde comme innocentes en elles-mêmes, est-elle imprimée dans le cœur de l’homme par la nature, ou provient-elle de l’habitude & de la coutume ? Si la honte n’a d’autre origine que la coutume des nations, il ne sera peut-être pas aisé de remonter à la source de cette coutume quelque générale qu’elle soit ; si cette honte est une suite de l’instinct naturel, il ne sera pas moins difficile de découvrir comment elle est anéantie ou sans force parmi ces peuples, chez qui on n’en trouve pas la moindre trace.

 

Extrait du « Voyages autour du monde entrepris par ordre de sa Majesté Britannique (actuellement régnante) pour faire des Découvertes dans l’Hémisphère Austral ». (Exécutés par le chef d’escadre Byron, les Capitaines Wallis, Carteret & Cooke, dans les vaisseaux Le Dauphin, l’Hirondelle & L’Endeavour). Traduit de l’Anglais. Amsterdam 1774).

 

Damien Personnaz
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