Dee a dix ans. Elle est en proie a d’horribles cauchemars récurrents qui échappent a tout contrôle. Kathy est une jeune femme retenue prisonnière. Droguée, torturée et louée pour assouvir les envies sadiques de certains hommes. Elle refuse de s’abandonner a la souffrance mais, parfois change de personnalité et dit s’appeler Renée. Un tout autre être qui jubile de ces outrages.
Dr la vraie Renée, physiquement, est ailleurs, plongée dans un profond coma… Personne ne semble pouvoir aider Dee et Kathy, les libérer de cette chose qui possède. Et dévore progressivement leurs âmes. Personne car… Comment accepter l’inacceptable ?
K.W.Jeter : Né en 1950, disciple de Philip K. Dick, il partage avec un égal bonheur son talent entre science-fiction (il est l’inventeur du courant Steampunk, qui réécrit le futur tel qu’il pouvait être conçu au XIXe siècle) et fantastique, où il excelle dans les ambiances de claustrophobie et de paranoïa.
Le texte de présentation ne donne pas une idée exacte de ce qui attend le lecteur de ce formidable roman. LES ÂMES DÉVORÉES n’est pas à proprement parler un livre à ranger dans la catégorie « Épouvante ».
Certes cette histoire de possession est particulièrement effrayante mais il s’agit ici plus de folie que d’horreur. Le fantastique est bien présent mais plus pour présenter un récit de perte d’identité, de domination et de schizophrénie sous un jour surnaturel plutôt que d’en faire une fin en soi. Alors, oui, cette histoire où l’on assiste à la tentative désespérée de David de soustraire sa petite fille, Deed, à sa belle famille et à la supposée influence de son ex femme dans le coma, est cauchemardesque, oui, l’ambiance étouffante et mortifère fait de ce livre un cauchemar éveillé mais les scènes ne sont pas gore (à part une exception éprouvante) et surtout ce bouquin est sans doute une des plus belles et intelligentes histoires de possession jamais écrites. K.W. Jeter arrive à transformer un univers banal en cauchemar démentiel. Car tout au long du livre, on se demande qui est vraiment fou dans cette aventure. Où donc se situe la limite entre la folie et le réel ? Quelle est la part de l’hallucination et du délire dans ce que vit David ?
Tout l’art de l’écrivain dans ce roman exigeant est bien de faire douter le lecteur pendant plus de trois cent pages jusqu’au dénouement… inattendu.
De cet écrivain j’avais déjà lu DRIVE-IN que j’avais bien aimé mais qui, par rapport à LES ÂMES DÉVORÉES était nettement moins ambitieux.
J’ai encore plusieurs romans de K.W. Jeter dans ma PAL et je m’en réjouis.
- Le Montespan de Jean Teulé : un mari trompé au temps du Roi-Soleil - Juil 5, 2014
- L’Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafón - Juil 5, 2014
- Dix Femmes de l’industriel Rauno Rämekorpi d’Arto Paasilinna (Littérature finlandaise) - Juil 5, 2014