La Joconde est probablement le tableau le plus célèbre de tous les temps et justifie pour beaucoup une visite au musée du Louvre, mais peu de visiteurs s’imaginent combien de tribulations a vécu la Joconde…
Le musée du Louvre a la chance d’abriter la Joconde, le tableau considéré comme le plus célèbre de tous les temps. Je ne vais pas parler ici de la peinture en elle-même, sujet déjà abondamment traité, mais plutôt vous conter ses tribulations dont certaines sont dignes d’un roman.
C’est entre 1503 et 1505 que Léonard de Vinci peint sur une fine planche de peuplier de 77 sur 53 centimètres le portrait le Monna Lisa Gherardini qui aurait été commandé par son époux, le Florentin Francesco del Giocondo. Je dis « aurait été commandé » car le doute plane toujours sur la véritable identité du personnage représenté. De nombreuses hypothèses ont été avancées, certains ont même identifié une amie de Julien de Médicis.
La première aventure de la Joconde commence quand Léonard de Vinci l’emmène en France où elle rejoint les collections de François Ier sans que l’on sache si elle a été achetée ou offerte. C’est en 1797 qu’elle rentre au tout nouveau musée du Louvre à la suite des saisies révolutionnaires. Entre 1801 et 1802 elle se retrouve dans les appartements de Joséphine de Beauharnais aux Tuileries avant de réintégrer le musée.
S’ensuit un environ un siècle de tranquillité jusqu’au 22 août 1911. Ce jour là, Vincenzo Perrugia, un ouvrier italien, après avoir passé la nuit dans un placard à balais, se glisse vers 7h du matin dans le Salon Carré, décroche la Joconde, démonte le cadre, dissimule l’œuvre sous ses vêtements et réussit à sortir du musée un plombier, l’ayant pris pour un ouvrier d’entretien, lui ayant aimablement ouvert la porte.
Le scandale fut énorme, le directeur du musée limogé, les gardiens sanctionnés et le poète Apollinaire fut même brièvement emprisonné car il avait dérobé, puis restitué, une statuette phénicienne quelques années plus tôt dans une démarche de provocation artistique.
Pendant deux ans on rechercha vainement la Joconde. Le 10 décembre 1913 un homme se présenta chez un antiquaire de Florence « avec une pièce susceptible de l’intéresser », c’était Vincenzo Perrugia. Quelle ne fut pas la stupéfaction de l’antiquaire en découvrant le tableau. Faisant mine de chercher un acquéreur il alerta les autorités et le soir même la police Italienne arrêta le voleur. Le célèbre tableau fut remis à l’ambassadeur de France et le 29 décembre elle retournait à Paris accompagnée de deux conservateurs chargés de veiller à sa sécurité pour réintégrer le Louvre entourée de gardiens le revolver à la ceinture. En 1914 Vincenzo Perrugia comparut devant le tribunal de Florence, il expliqua avoir volé la Joconde croyant qu’elle avait été dérobée par les troupes de Bonaparte. Bénéficiant de circonstances atténuantes il fut condamné à un an de prison.
Pendant les deux guerres mondiales la Joconde fut évacuée par crainte de bombardements sur Paris. En 1939 elle quitte le Louvre en direction de Chambord. Elle a droit à un traitement spécial, recouverte de papier ignifugé et de papier imperméable, emballé dans une mallette, sa caisse étant immatriculée LP0 pour Louvre Peintures code zéro. Au fur et à mesure des opérations militaires elle voyagea de Chambord au château de Louvigny, à l’abbaye de Loc-Dieu, au musée Ingres à Montauban puis au château de Montal. Au moment des bombardements alliés des messages furent transmis à Londres afin de signaler ces dépôts à l’aviation alliée et éviter ainsi leur destruction.
Les dernières pérégrinations de la Joconde sont plus paisibles. Du 14 décembre 1962 au 12 mars 1963 elle est exposée à Washington et New York à la demande du président Kennedy et avec l’accord d’André Malraux alors ministre de la culture. Ses derniers voyages l’emmènent à Moscou et Tokyo en 1974.
En guise de conclusion ouvrons le « Dictionnaire amoureux du Louvre » de Pierre Rosenberg, ancien Président-directeur du Louvre et conservateur, lequel « espère vivement que la liste des voyages est définitivement close« .