Vous rêvez d’un voyage Groenland dans le Cercle polaire, pour découvrir les icebergs et la banquise de l’Océan Arctique…? Le Groenland, littéralement le pays vert, n’est pas une destination touristique traditionnelle, mais une expédition entre Kalaallit Nunaat et la baie de Disko devrait permettre de prendre la mesure de la vastitude des terres polaires. Plus qu’un voyage, une aventure!
Voyage Groenland ; entre déserts de glace et soleil de minuit
Le Groenland est une province autonome du Danemark, rattachée au continent Nord Américain, située entre l’Océan atlantique et l’Océan Arctique est une région qui devrait vous séduire, tant elle ressemble à un désert de glace, même si autrefois, comme en témoigne son nom, il s’agissait d’une île verdoyante ! Une destination assez originale : la baie de Disko à l’ouest du Groenland. Voilà donc un voyage exceptionnel, qui selon la période que vous choisirez vous permettra d’admirer le soleil de minuit…
Il faut dire que j’ai rarement le courage de me replonger en hiver au beau milieu de l’été. Néanmoins ce sacrifice en valait vraiment la peine. Question période toutefois, ce n’était pas à mon sens la meilleure puisque nous ne pourrions pas apercevoir le soleil de minuit, quoi qu’étant largement au nord du cercle polaire. Mais je n’ai pas eu le choix, et d’ailleurs cela présentait un avantage : les moustiques sont nettement moins virulents qu’en juillet.
En cet été 2002
Donc départ en avion via Copenhague, où nous avons passé la nuit dans un hôtel quelque peu miteux… Rappelons au passage que le Groenland est encore une possession danoise, même s’il bénéficie d’une très large autonomie (et s’il est sorti de l’union européenne). La monnaie utilisée est la couronne danoise, le Danemark ayant comme chacun sait refusé l’euro (et apparemment il ne s’en porte pas plus mal).
Le lendemain, nous prenons un avion de la SAS pour la piste de Kangerlussuaq, au sud-ouest du Groenland (Kangerlussuaq est le nom groenlandais, c’est Søndre Strømfjord si l’on se réfère à la toponymie danoise). Cette ancienne base militaire US est l’une des deux seules pistes de l’île où peuvent atterrir les avions gros porteurs, mais c’est un aéroport loin de tout. Les principales villes du Groenland étant dotées de pistes plus courtes, on les rejoint depuis Kangerlussuaq par des quadrimoteurs Dash 7 à hélice.
Pendant le vol nous conduisant à Kangerlussuaq, nous avons eu la chance d’avoir un temps dégagé alors que nous survolions la côte orientale de l’île, laquelle est beaucoup plus accidentée (et aussi beaucoup moins habitée) que la côte occidentale. Il est difficile de prendre de belles photos à travers un hublot, mais je crois que ça rend quand même assez bien compte du formidable enchevêtrement de glaciers qui se trouve sur cette côte, avec tous les icebergs qui s’en dégagent. Il va sans dire qu’aucun voyage touristique n’a pour destination cette région : vu l’isolement et les conditions climatiques (encore bien plus aléatoires que sur la côte ouest), ça s’apparenterait à une véritable expédition polaire !
Nous nous sommes ensuite retrouvés au-dessus de l’Inlandsis, vaste calotte glaciaire qui recouvre tout le centre du Groenland (la deuxième réserve d’eau douce du monde, avec plusieurs kilomètres d’épaisseur par endroit). Ce n’est évidemment pas très spectaculaire vu de haut, mais ça le sera davantage quand nous irons marcher sur ses bords.
Notre destination finale est Ilulissat, une ville situé à 150 km environ de Kangerlussuat. L’un des principaux attraits de la région est l’Isfjord, au fond duquel le glacier vêle la plus grande quantité d’icebergs de l’hémisphère nord : nous y reviendrons à la fin du voyage. Nous avons survolé cet isfjord à l’aller, et notamment le glacier émetteur (lequel n’est pas accessible par des moyens terrestres ou maritimes). Je n’ai malheureusement pas pu en prendre de photos.
Le voyage que j’avais choisi n’était pas un circuit en kayak (très peu pour moi !), mais un cabotage sur un petit bateau entrecoupé de randonnées sur des îles ou bien en direction de l’Inlandsis. Le bateau, le Clane, ressemblait à un bateau de pêche mais avait en fait été conçu pour des expéditions polaires, d’où sa capacité à frayer entre les icebergs. Il est maintenant exclusivement reconverti au transport de touristes.
Cette photo a été prise du bateau alors que nous quittons Ilulissat, le soir même de notre descente d’avion (mais les nuits sont encore quasiment absentes à cette période). On aperçoit déjà quelques icebergs, même s’ils ne sont rien en comparaison de ceux que nous verrons par la suite. La météo également sera le plus souvent bien meilleure.
Nous avons (sous tente) dormi au fond du petit fjord de Kangersuneq, et c’est de là que nous avons effectué le lendemain notre première balade dans la toundra. Le guide nous a montré la (relative) diversité de la flore locale, mais j’avouerai que cette balade ne m’a pas particulièrement enchanté, d’autant plus que le temps était assez maussade.
Le jour suivant, à nouveau de la navigation parmi les icebergs. Cette photo montre notre embarquement à Kangersuneq, qui comme on le voit était loin d’être aisé. La barque devait être halée au moyen d’une corde entre la rive et le Clane.
Nous avons navigué jusqu’à Ata, sur l’île d’Arve Prinsens. Nous y dormions dans une espèce de gîte, tenu par un Français moustachu qui m’exaspérait au plus haut point… Nous avons effectué une balade sur l’île, le long des côtes, balade qui nous a permis pour la première fois d’apercevoir l’Inlandsis sur la côte d’en face, alors que la météo était en voie d’amélioration.
Le lendemain, traversée jusqu’à l’île principale (puisqu’on ne peut parler de « continent »), afin de nous rapprocher de la langue glaciaire que nous pouvions apercevoir sur la photo précédente. Le lieu porte plusieurs noms : baie de De Quervain, Port-Victor, ou encore Eqe, le nom groenlandais (prononcer Ekre). Port-Victor, car c’est de là qu’est partie l’expédition de Paul-Émile Victor vers le centre de l’Inlandsis, expédition que la France a organisée à grand frais alors que nous nous relevions à peine de la deuxième guerre mondiale.
La langue glaciaire qui se trouve dans la baie, celle que l’on apercevait déjà sur la photo précédente, se nomme glacier Eqip Sermia. C’est elle qui vêle tous les petits icebergs à travers lesquels le Clane devait se frayer un passage. Nous aurons l’occasion, à plusieurs reprises, d’approcher cette langue glaciaire.
Nous avons pu apercevoir ce jeune phoque qui bronzait sur un bloc de glace. Notre bateau en a fait plusieurs fois le tour sans qu’il s’enfuie. C’est le seul phoque vivant que j’aie vu au cours de ce voyage.
Nous avons campé à proximité du camp de base de l’expédition de Paul-Émile Victor . Le camp de base, c’est cette cabane que l’on peut voir sur la gauche, à environ cinquante mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui a impliqué une assez épuisante séance de transport de bagages… La cabane en question est en assez mauvais état, nous n’y avons donc pas dormi mais nous y prenions nos repas. Elle abrite encore une inscription soigneusement calligraphiée, dit-on de la main de PEV en personne : « que sommes-nous venus faire ici, on serait mieux chez soi ». Malgré ce qu’en pense ce grand savant, le cadre est quand même assez sympa, du moins par beau temps…
Nous avons séjourné dans cet endroit pendant deux jours, bénéficiant d’un temps dégagé mais venteux, ce qui a eu pour effet de chasser, en l’espace de quelques heures, l’ensemble des icebergs de la baie, transformant du même coup le paysage. Nous avons effectué deux grandes balades dans les environs. Nous sommes notamment montés, le premier jour, jusqu’à l’Inlandsis, à environ 700 m d’altitude, non loin du point abordé par les expéditions polaires françaises. Voici une photo prise pendant la montée, où l’on reconnaît en arrière-plan, le glacier Eqip Sermia et la baie de De Quervain pratiquement débarrassée de ses icebergs :
Peu avant d’arriver sur la calotte, le paysage change : il n’y a plus du tout de végétation, seulement quelques lacs turquoise au milieu des cailloux. Il fait aussi nettement plus froid. Nous avons marché sur la glace sur quelques centaines de mètres, à la recherche de bédières (torrents glaciaires) et de moulins glaciaires, mais sans guère de succès. La photo qui suit a été prise depuis la glace, et elle permet de voir, en arrière-plan, la baie de De Quervain, puis l’île d’Arve Prinsens ainsi qu’au fond les montagnes enneigées de l’île de Disko et de la presqu’île de Nussuaq.
Nous sommes redescendus à Port-Victor en empruntant l’itinéraire des expéditions polaires françaises. Ces expéditions utilisaient des véhicules à chenilles de l’armée américaine (les weasels) pour monter jusqu’au glacier puis pour progresser sur la glace. Les traces laissées par les chenilles dans la toundra sont encore visibles aujourd’hui, plus de cinquante ans après, tellement la végétation repousse lentement dans ces contrées. La photo montre la fin de la balade, le long de l’itinéraire des weasels, alors que nous regagnons Port-Victor.
Nous avons effectué une autre balade le lendemain, lors de laquelle nous sommes montés le long de la moraine du glacier Eqip Sermia, jusqu’à dominer l’Inlandsis. J’ai retenu de cette balade des passages assez vertigineux, dus à la présence de nombreux verrous glaciaires qui ne sont pas équipés de sentiers aménagés comme ça le serait dans les Alpes. Je n’étais vraiment pas à l’aise. La photo a été prise vers le sommet de la balade, et montre le glacier vu du haut avec Eqe en arrière-plan.
Cette magnifique journée fut suivie de deux jours de temps couvert, mais c’était un moindre mal car il était prévu de faire de la navigation. Quittant la baie de De Quervain, notre bateau (bravant le danger) s’est approché à quelques mètres seulement de la langue du glacier Eqip Sermia :
Nous devions ensuite nous rendre au village de Qeqertaq en passant par les détroits séparant l’île d’Arve Prinsens du « continent ». Malheureusement, c’était vers cette zone qu’avaient été poussés tous les icebergs que le vent avait chassés de la baie de De Quervain les jours précédents. Le passage était dès lors complètement bouché. Le capitaine a bien essayé de forcer un peu, mais rien à faire. Il a donc fallu nous résoudre à faire tout le tour de l’île d’Arve Prinsens, ce qui représente deux jours de navigation (et nous ne sommes finalement pas allés à Qeqertaq). Pendant cette traversée parfois un peu houleuse, nous avons pu apercevoir de nombreuses baleines, mais personnellement je ne trouve pas cela si extraordinaire.
Le 19 août, alors que nous nous approchions du village de Sarqaq, le temps s’est à nouveau dégagé, et nous avons pu photographier les nombreux (et énormes) icebergs qui se dégagent de l’Isfjord de Jabobshavn.
Sarqaq (prononcer Sakrak) aura finalement été le seul village groenlandais que nous ayons visité. Un village assez typique où la modernité cohabite avec le mode de vie traditionnel. Si les maisons en bois y ont remplacé la tourbe traditionnelle, si toutes les maisons ont l’électricité et si le supermarché vend toutes les denrées (importées) dont on peut avoir besoin, on trouve encore des chiens de traîneaux attachés devant chaque maison (il est vivement conseillé de ne pas s’approcher), et les hommes en train de dépecer le phoque qu’ils viennent de pêcher, non sans en avoir dévoré le foie cru, source de vitamines. Je n’ai néanmoins pas pris de photos de tout ça (n’étant pas très doué pour ce genre de photos), voici donc une vue générale du village qui je le concède ne rend pas grand chose.
Les environs de la plage de Tartunaq offrent un aspect inhabituel au Groenland : la roche y est en effet d’origine volcanique. On se croirait donc un petit peu en Islande.
Après avoir dormi (sous tente) au-dessus de la plage, nous avons effectué une randonnée sur une montagne de 650 m dominant le site. La plage est intéressante de par les restes de village qu’on y trouve, et également par ses dunes de sable, très étonnantes en ces lieux.
De là commençait le retour en bateau en direction d’Ilulissat. Nous avons navigué, au large de Sarqaq et de Qeqertaq, au milieu de très grands icebergs.
Après le passage plutôt épique du très étroit détroit d’Anitdlagiá, entre les îles d’Arve Prinsens et Oqaisut, nous avons dormi à Agpat, ancien comptoir baleinier. Ces restes constituent l’unique bâtiment en pierre que j’aie vu dans la région.
De retour à Ilulissat , nous effectuons un crochet en direction de la sortie de l’Isfjord, là où est produite la plus grande quantité d’icebergs de l’hémisphère nord. Ce sont en fait de véritables morceaux de glacier qui flottent sur la mer. Mais je crois que l’endroit se passe de description…
Et que dire ce ce gros plan d’iceberg, et de sa cavité en forme de violon ?
Nous sommes le lendemain revenus pedibus sur les bords de l’Isfjord, mais j’ai trouvé ça moins spectaculaire que depuis le bateau. Je crois aussi qu’il eût fallu longer le fjord sur une distance plus grande que je ne l’ai fait…
Et enfin le même Isfjord, cette fois-ci vu de l’avion qui nous ramenait à Søndre Strømfjord.
Quel beau voyage et que de magnifiques paysages !
Ton récit et tes images me font rêver. Le Groenland est une île qui réveille notre coeur d’aventurier.
Merci, pour ce magnifique article et pour cette invitation au pays des glaces !
Salut!
Tes photos sont superbes!
Bravo pour ce récit de voyage. Un séjour dans un endroit exotique.
Merci pour partager, car pas tout le monde peut y aller.
Tu nous as emmené par des endroits de rêve.
J´ai adoré.
Elisa, Argentine