Knez Mihailova… Retenez bien ce nom car il sera probablement votre premier repère dans le centre historique de Belgrade …
Knez Mihailova, le coeur commerçant et culturel de Belgrade
S’il est bien un lieu incontournable lorsqu’on fait du tourisme à Belgrade ou que l’on est en vacances dans la capitale de la Serbie, c’est bien la rue du prince Michel, que les belgradois appellent Knèz Mihailova ou Knez Mihajlo… On peut résumer la rue Knez Mihailova comme le coeur de Belgrade ; à la fois centre musical, commerçant et culturel … C’est aussi un espace où les styles architecturaux baroque et hérités du néosocialisme se confrontent et donnent naissance à un lieu unique … Dynamique à souhait, Knez Mihailova accueille de nombreux cafés et restaurants dont les terrasses sont bondées à la belle saison.
Arrivant à Belgrade, il est quasiment impossible de ne pas passer au moins une heure ou deux dans le centre ville le vieux Belgrade, là où dans le « cercle du 2 » (numéro d’une ligne de tramway) se trouvent de nombreuses galeries, de très jolis parcs et squares, un nombre impressionnant de boutiques, bistrots, cafés et restaurants. C’est ici que vous trouverez la fameuse rue Skadarska, commençant juste un peu en bas de la Place de la République et de son fameux « Chevalier » (monument à la gloire du Prince Mihailo justement), la « Silicone vallée » , alias rue Strahinjica Bana (lire Strahinyitcha Bànà) qui est l’un des centres de la vie nocturne de la métropole, et un peu plus loin la belle forteresse de Kalemegdan, le berceau même de Belgrade, et une attraction à part qu’il ne faut pas oublier durant le séjour, qu’il soit court ou long.
Et justement, même si l’on peut accéder à Kalemegdan en tram’ ou en trolley, le plus simple, et pour moi le plus plaisant, est justement de descendre du trolley à la Place Terazije (lire Téraziyé, la « Balance » appelée ainsi à cause de son passé d’endroit où l’on faisait prendre le poids des marchandises, avant de les faire vendre un peu plus bas, sur le marché vert de Zeleni venac (lire Zéléni vénats), la « couronne verte »). Ici, juste en face de l’hôtel « Moskva » aux allures baroques, j’emprunte le passage sous-terrain, en passant à côté de l’Office de Tourisme de Belgrade, afin d’arriver au pied de la tour « Albania » qui marque le point de départ de la rue Knez Mihailova (lire Knéz Mihàilovà).
Et dès ce point là, malgré le fait que le début de cette rue fut entièrement rasé puis reconstruit à la « socialiste » juste après la deuxième guerre mondiale, nous ressentons déjà cette atmosphère bien spéciale. En effet, c’est là le royaume de petites boutiques toutes marques confondues, les grands et les petits noms de la mode (vêtements, accessoires, parfumerie) se côtoient, se mélangent, et se complètent mutuellement. Bien sur, et malheureusement, les petites échoppes d’articles faits-main disparaissent de plus en plus, laissant place aux vitrines épurées de grandes marques mondiales.
De la collision entre le « neo-socialisme » ; et le Baroque
C’est à quelques pas plus tard, après avoir longé l’immeuble assez grisâtre du centre commercial « Beograd », que nous nous retrouvons sur une sorte de placette. Là, où d’un côté nous retrouverons sur notre gauche l’hôtel « Majestic », sur notre droite, en s’ouvrant sur le centre culturel de Belgrade, une esplanade en pierre, recouverte de nombreuses terrasses de cafés, au milieu de laquelle se trouve une belle fontaine, . A travers les jets d’eau nous apercevrons le « Chevalier », le Théâtre National, mais aussi la pâtisserie « Chez le Chevalier » qui, selon certaines sources, propose les meilleurs gâteaux de Belgrade.
Continuons tout droit quand même ! sur ma gauche sur Knez Mihailova, « Le Tzar Russe » un des fameux restaurants belgradois, aujourd’hui malheureusement fermé et en reconstruction. L’intérêt de ce bâtiment est surtout dans son architecture, car il s’agit là encore d’un des seuls bâtiments dans cette première partie de la « zone piétonne » a avoir entièrement gardé son esprit d’antan. Je suppose que certains des bâtiments suivants, qui ont été entièrement rebâtis en ce style peu attractif de « neo-socialisme », ont malheureusement trop subi les foudres de la deuxième guerre mondiale. Ce n’est qu’à partir du Centre Culturel Français que recommenceront les bâtiments anciens, tous construits entre le 18 et le 19è siècle, tous portant sur soi l’empreinte du Baroque et de nouvelle renaissance. Cela peut même paraître assez incongru, sachant que sinon, l’histoire parle plus de cinq siècles de suprématie Ottomane dans la région, les historiens et le peuple semblant oublier que cette affirmation peut plutôt s’attacher aux régions « au dessous » de Belgrade, et donc bien plus au sud, qu’à la ville elle-même, vu quelle fut, pendant un bon moment tenue par les Autrichiens qui importèrent leur savoir faire architectural et artistique.
Knez Mihajlo, Lieu de culture et d’affaires
La rue Knez Mihailova c’est aussi le concentré, à mon avis, d’un bon nombre, sinon de la plupart d’établissement étrangers de grand intérêt (hors ambassades). En dehors du Centre Culturel Français, étant déjà connu comme étant parmi les plus actif sur le territoire des Balkans, avec sa bibliothèque, vidéothèque et médiathèque, sans parler de nombreuses manifestations culturelles, pour en mentionner que quelques unes, nous y trouverons aussi le Centre Espagnol « Institut Servantes », ainsi que « l’Institut Goethe ». Et cela ne s’arrête pas là, au contraire !
En effet, c’est ici que se trouve l’une des plus vieilles librairies de la ville, qui, sur deux étages, propose encore des ouvrages en langues étrangères, en dehors des publications serbes. Puis il y a le siège de la SANU (l’Association des Scientifiques Académiques de l’Université, une sorte « d’Académie » serbe), ainsi que l’ULUS (l’association des peintres de Serbie), lesquelles nous proposent chacune sa galerie accueillant presque toujours que de grands noms, peintres, sculpteurs, ou autres artistes, qu’ils soient de la région ou de l’étranger. Il ne faut pas oublier non plus, bien que je mentionnerais encore une fois un peu plus bas, l’Académie des Beaux-arts de Belgrade, qui reste bien présente dans ce coin de la ville, bien qu’une grande partie de ses effectifs et locaux fut transférée à Topcider, pour des raisons de place.
Bien sur, c’est ici que, pour la plupart, se trouvent aussi les sièges des grandes compagnies aériennes, y compris Air France, de grandes banques mondiales, etc.
Art, musique, performances sur Knez Mihailova, un lieu unique
Jusque là, oui, en effet, cette rue piétonne Knez Mihailova est particulière avec son lot d’établissements, de boutiques prestigieuses et un nombre impressionnant de cafés. Mais c’est là qu’on arrive à ce qui est, à mon sens le plus intéressant, le plus pittoresque, ce qui fait le charme de cette rue ! En effet, que de plus sympa que de s’asseoir sur la terrasse d’un des nombreux cafés, en dégustant sa petite glace ou son « Ice-café », en regardant passer un flot incessant de gens, tous, décontractés, tous souriants car l’on ne porte pas un visage morne au corso de la Rue Knez Mihailova!
Ou bien encore, se balader au gré des envies, s’arrêtant ça et là, devant ces petits musiciens virtuoses âgés d’à peine une dizaine d’années, et qui sont capables de vous jouer les plus grands airs de la musique classique avec l’enthousiasme et la technique d’un adulte? Plus en arrière, c’est un ensemble Bolivien ou du Pérou (ça dépend des saisons) qui attire les foules, et fait se sentir comme à la Place de la République, où à la station des Halles à Paris. Plus loin, un guitariste-chanteur vous fera penser à Brus Springsteen sans parler que très souvent des étudiants de l’Académie de Musique ou les stagiaires à la Philharmonie de Belgrade, s’entrainent en trios ou quatuors dans un coin plus tranquille de la rue.
Toutes les manifestations culturelles touchent au moins un peu cette aorte de la ville. Qu’il s’agisse des journées du Patrimoine, des journées de Belgrade, ou n’importe quelle autre fête ou manifestation d’ailleurs, vous y trouverez un bon nombre d’artistes naïfs, exposant leurs oeuvres, peintes ou fabriquées à partir des objets les plus insolites, jusqu’aux plus conventionnels, justement à cet endroit là.
Même une petite fleuriste ambulante y a déposé ses quelques vases, habillées d’écorce d’arbres, pour proposer ses bouquets parfumés aux passants amoureux. Et juste là où la rue se fond enfin dans le parc du Kalemegdan, juste après la boutique « Lush » fraîchement ouverte (que j’évite consciencieusement à cause de ses prix exorbitants), se trouve le petit marché des étudiants des Beaux-Arts, proposant de nombreux souvenirs de Belgrade, créés et façonnés à partir d’une imagination toujours bouillante, et, pour des prix très raisonnables.
Manger sur Knez Mihailova
S’il existe de moins en moins d’endroits de restauration rapides dans la rue Knez Mihailova (en dehors de quelques amuse-gueule ou sandwichs proposés ça et là), de nombreux restaurants sur la promenade, ou dans les rues environnantes attendent et proposent un choix plus qu’énorme, et pour toutes les bourses en plus. Un restaurant typiquement traditionnel, le « Kolarac » vous proposera des menus composés uniquement des spécialités nationales. Le restaurant « Que passa », dans la rue du Roi Petar, juste à droite, celui du fameux hôtel « Alexandar Palace », vous proposera une cuisine internationale de grand standing.
Si vous préférez descendre à gauche, le restaurant Snezana anciennement une pizzeria très populaire, vous offrira une intérieur « yuppie », et des mets simples mais classe, vous faisant penser à la Défense, à Paris. L’Auberge « Chez Gaston » vous proposera une cuisine franco-méditerranéenne, et fera que vous vous sentiez comme à Paris, surtout que c’est, par définition, l’un des points de chute des français vivant en ville. Dans le même coin, le « Kosava » vous proposera des spécialités italiennes, et en revenant sur vos pas, juste à côté de l’entrée principale du Centre Culturel Français vous retrouverez encore quelques restaurants, fraîchement ouverts et apparemment très prisés, que je ne connaissais pas avant, et dont je ne peux pas, malheureusement, vous donner les noms.
Si par contre, ce n’est qu’un petit creux qui vous fait souffrir, de nombreux marchands, avec leurs kiosques et étals ambulants, vous proposeront des pâtisseries, viennoiseries, et autres petits encas. Je vous propose de grignoter un « djevrek » cuit (sorte de petit pain en forme de cercle avec un gros trou au milieu, parsemé de sésame, dont la croûte bien dorée craque quand on mord dedans, délivrant une mie particulièrement moelleuse), ou un « schtapitch » (une espèce de petit pain en forme de bâton, avec des incrustations faite de sel fondu).
Pour le « schtapitch », comme c’est très salé, on s’amuse, mon fils et moi, à décoller les rubans de sel (qu’on jette dans la première poubelle, honte à nous), avant de grignoter avec plaisir ce petit pain plus que moelleux et parfumé. Je ne parlerais même pas de nombreux petits vendeurs de pop-corn et de glace qui pullulent et bien sur des marchands de maïs grillé ou de châtaignes, qui reviennent de façon saisonnière.
Knez Mihailova ; Le coeur de la ville de Belgrade
Knez Mihailova, ou la zone piétonne ou encore le « Knez » ainsi appelé par les belgradois n’est pas, vous l’aurez compris, un simple circuit de balade. On y fait du « lèche vitrines », on y écoute de la musique, on y fait du shopping, on s’y arrête pour boire un café, on y admire des oeuvres d’art. Et si c’est la rue Skadarlija (lire Skadarliya, de laquelle je vous parlerais une autre fois) qui garde jalousement l’appellation prestigieuse de l’Âme de la ville, le coeur de Belgrade est bien ici.
Mais on n’est pas obligés pour autant, si la fatigue s’annonce, d’aller s’asseoir dans un café, surtout si l’on n’en a pas envie, ou que tout simplement, nous n’en avons pas les moyens. De nombreux bancs, disposés ça et là, autour des jardinières riches de végétation typiquement continentale (une bonne manière d’avoir toujours une végétation assez luxuriante sans avoir beaucoup de travail d’entretien… attitude typique de paresse, mais qui, finalement, donne de bons résultats aussi, même si l’on est loin des espaces multicolores des villes fleuries en France) toujours pris d’assaut par de nombreux passants permettant aussi de regarder de fréquentes présentations de clowns, marionnettistes, et autres acrobates.
Vous comprendrez, oui, cette rue a toutes les allures de la place Beaubourg, l’émotion de Montmartre, le prestige des Champs Élysées (avec ses boutiques de marque), le dynamisme grouillant de n’importe quel grand artère d’une ville de l’Europe de l’Ouest tout cela, ce concentré de vie, sur à peine quelques centaines de mètres, et à l’âme certes slave, mais bien cosmopolite. Ici, vous ne serez pas vraiment dépaysés, car même si le serbe reste la langue principale, on y entend finalement toutes les langues, le français compris.
Et… on s’y sent bien !
Pour aller plus loin sur Knez Mihailova :
Vidéos sur Knez Mihailova à Belgrade