Dans la Barcelone de l’après-guerre civile, » ville des prodiges » marquée par la défaite, la vie est difficile, les haines rôdent toujours. Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon – Daniel Sempere, le narrateur – dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés.
L’enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d’occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y » adopter » un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l’entraîner dans un labyrinthe d’aventures et de secrets » enterrés dans l’âme de la ville » : L’Ombre du Vent. Avec ce tableau historique, roman d’apprentissage évoquant les émois de l’adolescence, récit fantastique dans la pure tradition du Fantôme de l’Opéra ou du Maître et Marguerite, énigme où les mystères s’emboîtent comme des poupées russes, Carlos Ruiz Zafon mêle inextricablement la littérature et la vie.
Ce livre est sans doute celui qui m’a le plus enthousiasmé cette année pourtant déjà riche en superbes trouvailles littéraires.
Ce gros pavé de presque 650 pages est un fabuleux roman-fleuve. C’est aussi un roman « complet » qui nous offre au fil de son histoire un fantastique patchwork composé d’amitiés, d’amours, de haines et de vengeances. Mais on trouve aussi outre un suspense permanent et d’épais mystères, une véritable ode aux livres, ceux qui n’ont pas la chance de trouver leurs lecteurs mais qui vivent tout de même grâce à la passion de libraires et de rares érudits. La complexité réelle de l’intrigue n’empêche nullement une lecture plus qu’aisée. En fait la fluidité de l’écriture est assez étonnante et on dévore sans difficulté aucune ce gros roman car la construction minutieuse est sans faille et surtout l’écriture tout simplement superbe !
On pense bien sûr à l’Arthuro Perez-Reverte. Du « CLUB DUMAS » ou du « TABLEAU DU MAÎTRE FLAMAND » mais aussi tout simplement à Alexandre Dumas lui-même. Mais rassurez-vous, ce livre est absolument moderne.
Cette histoire de livres maudits, de l’homme qui les a écrits, d’un personnage qui s’est échappé des pages d’un roman pour le brûler, d’une trahison et d’une amitié perdue est aussi une histoire d’amour, de haine et de rêves absolument superbe. Sur fond de guerre civile puis de franquisme, dans un Barcelone secret et des lieux envoûtants, souvent peuplés de fantômes (une mystérieuse bibliothèque, un hallucinant asile en fait un véritable mouroir peuplé de personnages à la Goya, des villas abandonnées ou de sombres ruelles) les protagonistes du livre sont plus qu’attachant et on tremble pour le héros, Daniel, on déteste l’infâme Fumero, on rit de l’humour de l’incroyable Fermin et bien sûr on est totalement ensorcelé par cette l’énigme captivante qu’est Carax le mystérieux écrivain dont les livres sont si recherchés.
Que dire d’autre de ce livre ? Que les rebondissements sont incessants, que l’ambiance, souvent très sombre est fabuleuse , que les portraits sont tout en finesse… bref que ce roman rocambolesque est une lecture que je qualifierai d’indispensable.
L’OMBRE DU VENT est un livre formidable qui m’a offert un plaisir de lecture inouï et que je n’oublierai vraisemblablement jamais.
Vous l’avez compris, il faut absolument que vous le lisiez ? Ce n’est pas une suggestion, c’est un ordre !
- Le Montespan de Jean Teulé : un mari trompé au temps du Roi-Soleil - Juil 5, 2014
- L’Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafón - Juil 5, 2014
- Dix Femmes de l’industriel Rauno Rämekorpi d’Arto Paasilinna (Littérature finlandaise) - Juil 5, 2014
Je lis rarement les livres à succès mais là je suis resté en pâmoison : un très grand livre et quelle maestria ! Je n’ai jamais lu une haine aussi pure !