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La dernière piste (Meek’s Cutoff) de Kelly Reichardt

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La dernière piste (Meek’s Cutoff) de Kelly Reichardt ou il était une fois dans l’Ouest… L’histoire de trois familles parties dans les Montagnes des Cascades dans l’Oregon pour faire fortune au milieu du XIXème s…

la derniere pisteJ’ai sciemment gardé le titre en anglais qui correspond beaucoup plus au thème du film (« le raccourci de Meek ») que la traduction française, La dernière piste, qui ne correspond à rien dans le film (et qui en plus lui donne un sens qui n’a pas lieu d’être).

Trois couples décident de quitter leur terre natale pour traverser l’Oregon et s’installer plus à l’Ouest là où ils pensent faire fortune (ou vivre tout simplement). Ils ont décidé de quitter la piste principale pour s’enfoncer dans le désert américain, en payant un pisteur, Meek, pour qu’ils les amènent là où ils veulent aller (même si, en tant que spectateurs, nous ne savons pas bien où ils vont). Le film commence, les trois couples pensent être perdus, et les hommes improvisent un conciliabule pour décider du sort de Meek. Soit ils le pendent immédiatement soit ils lui laissent encore quelques jours, pour les amener là où ils veulent aller. Finalement, ils décident de lui accorder un délai, sous l’impulsion d’un des hommes du groupe Salomon. Le convoi reprend donc la route, mais les hommes s’épuisent, les femmes peinent aussi (l’une d’elles est enceinte) et l’eau commence à se faire rare. Au bout de quelques jours, il n’y a plus d’eau pour les bêtes et le groupe doit se résoudre à prendre sur ses réserves pour faire boire les bêtes alors qu’un indien est aperçu par une femme près du campement.

Une vraie surprise pour moi qui m’attendais à un film contemplatif, à la limite de l’ennuyeux. Certes le film est lent, certes les dialogues sont rares et la musique encore plus, mais le film reste impressionnant. Tourné en décors naturels, les images de ce désert américain sont magnifiques. Malgré l’absence de dialogues, et la relative simplicité du scénario (on ne fera finalement que les suivre à la recherche d’eau), on en apprend beaucoup sur cette période de la conquête de l’Ouest. Les temps paraissent rugueux, la nature presque hostile et on se prend de sympathie pour ces couples qui n’ont pas d’autre choix que de se confier à des personnes en qui ils n’ont pas toute confiance pour aller vers un lieu inconnu, à la recherche de quelque chose qu’ils ne nomment même pas. Le réalisateur livre ici une vision réaliste, juste, de cette conquête de l’Ouest loin des clichés de certains westerns. Je ne cache pas que la fin est un peu déroutante, voire frustrante. Mais je vois pourquoi le réalisateur a fait ce choix: pour ne pas avoir à imposer une décision (avaient-ils ou non raison de faire confiance) et pour montrer que le but de son film n’est pas là. La dernière réplique du film est éclairante: l’un des personnages souhaite quitter le groupe pour faire un autre chemin. Meek répond alors que depuis leur choix initial (quitter la piste principale), ils ne font que suivre leur destin, il n’est plus question pour eux de choisir quoique ce soit.

— LN

Peu de choses à ajouter à ce que déjà écrit H. si ce n’est que le film vaut principalement pour sa magnifique leçon d’humanité. La confrontation entre ces pionniers porteurs de l’esprit de la frontière, à la recherche d’une terre promise, et la nature sauvage d’où semble émerger, comme s’il en était directement issu, l’Indien est tout simplement bouleversante. Sans doute est-ce mon regard indécrottablement new age, mais à chaque fois qu’un film utilise un Amérindien de bonne manière, je suis extrêmement sensible à la spiritualité toute terrestre qui émane de ces personnages. Pourtant, jamais le film n’enjolive le regard porté sur les Amérindiens. Celui du film est crasseux, pue, semble parfois à la limite de la bêtise et en même temps irradie une sorte de profondeur intemporelle et même un détachement ironique face à son sort et au sort de la caravane.

Le film ose le pari de l’incompréhension jusqu’au bout. Nous sommes avec ces colons qui ne comprennent pas et ne comprendront jamais ce spécimen d’une autre humanité: il est l’Autre absolu, le sauvage. Fabuleux dialogue lorsque le personnage de Michelle Williams lui dit: « vous ne pouvez pas imaginer notre civilisation, sa grandeur. Vous ne pouvez pas imaginer les villes que nous avons bâti » ce qui montre à quel point elle non plus ne peut imaginer la grandeur, la richesse de la civilisation amérindienne. Et en même temps, malgré la barrière de la langue (entendre du paiute — si c’en est bien — sans qu’on ne le traduise, quelle merveille!), malgré la totale incompréhension, on voit bien qu’il y a une reconnaissance mutuelle entre semblables, entre humains.

Autre thème brillamment traité: la place des femmes en ce milieu du XIXe siècle. Elles ne participent pas aux discussions et, donc, n’ont jamais l’occasion de faire valoir leur point de vue. Lorsqu’elles le font, c’est uniquement en moment de crises et, par là même, elles apparaissent forcément hystériques ou à tout le moins irrationnelles.

Un film passionnant, âpre, dru, et profondément humain.

— Mathieu

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