Lors d’un échange de livres, après un contact sur le CritiquesLibres.com, Jacky Blandeau m’a envoyé son bouquin pour que je le lise et en fasse un commentaire, ce que j’ai volontiers accepté. Ce livre relate l’histoire d’un jeune écrivain, trop peu lu pour vivre de sa plume, qui hérite d’une maison dans un hameau perdu, tout en haut de la montagne, dans les Pyrénées.
Le jeune écrivain s’installe dans cette maison où il pense trouver l’inspiration pour écrire son prochain livre et lie progressivement une certaine sympathie avec la population de ce petit hameau qui semble connaître une réelle opulence. Mais, il est bien difficile d’expliquer cette opulence, chacun esquivant les questions concernant ce sujet. Il pense obtenir plus d’informations quand il rencontre une jeune et belle gitane, une sorte de Manon des sources, lors d’une de ses excursions montagnardes, qui lui raconte sa vie dans la nature et le bout de son histoire qu’elle connait mais qu’elle ne peut rapporter intégralement car sa vie n’a pas été facile, elle a connu un viol qui laisse des stigmates profonds l’empêchant de d’évoquer ces événements.
L’écrivain en herbe décide alors de se transformer en Rouletabille pour élucider ce mystère et faire toute la lumière sur ce qui c’est passé quelques années auparavant pour pouvoir envisager une vie commune avec la jeune fille dont il est tombé amoureux. Mais, « la vie ressemble parfois à cette vieille croix de fer perchée sur la falaise de Saulniac : on l’imagine comme un refuge, un havre de paix, et on découvre finalement que, dissimulé sous le socle de l’existence, se cache un véritable enfer… »
Cette histoire ne manque certes pas d’intérêt, elle pourrait même faire penser à « La peau du loup » d’Hans Lebert mais pour cela, il faudrait que les personnages aient un peu plus d’épaisseur, que l’histoire soit un peu plus consistante, que Jacky ne se précipite pas autant pour conclure ses scènes, qu’il laisse la tension s’installer, l’ambiance imprégner le lecteur, avant de rédiger l’épilogue de chaque scène. Il faudrait aussi gommer quelques petites incohérences : la jeune fille violée succombe un peu facilement à son séducteur, le garçon retrouve trop facilement la fille qui s’est enfuie, l’affrontement physique avec le maire n’est pas très crédible, etc… Il y a, à mon sens, trop d’éléments qui arrangent plus l’auteur que le lecteur.
Mais, ce livre est un bon début, il est globalement correctement écrit, notamment les insertions concernant la gitane qui sont pour moi les morceaux les plus accomplis d’un point de vue littéraire. Il propose une intéressante réflexion sur le viol et l’isolement dans les montagnes qui fait penser à Chessex ou Ramuz, et, plus au fond, sur la différence et l’intolérance, la xénophobie et la cupidité, la justice et la loi du Talion, la destinée et le libre-arbitre, l’apparence et la réalité. Et, aussi une belle à cette montagne pyrénéenne que l’auteur semble particulièrement affectionner.