Une bande dessinée française pour évoquer la mort de Staline et l’ambiance délétère de l’URSS de 1953…
La mort de Staline vue à travers la bande dessinée
La mort de Staline, tome 1
Moscou, 1953. La retransmission d’un concerto de Mozart vient de s’achever à la radio, lorsque le directeur reçoit un appel du Kremlin ; Staline en personne réclame un enregistrement de ce concert. Problème: aucun enregistrement n’a été fait. Il faut donc rejouer le concert. L’orchestre est d’accord mais la soliste refuse. Moyennant une forte somme d’argent, elle finit par accepter mais joint au disque d’enregistrement une note dans laquelle elle accuse Staline d’être un bourreau. Staline reçoit le disque, l’écoute, lit le mot et succombe à une attaque. Le comité du parti est alors partagé entre le désir d’en finir et l’obligation de sauver le camarade Staline.
A travers un épisode mineur de l’Histoire – ce problème lié à l’enregistrement du concert – cette bande dessinée nous permet de voir l’atmosphère délétère de l’URSS de Staline. La suite qui revient sur le comportement du comité face au malaise du dictateur ne fait alors que confirmer cette impression d’enfermement, de stupidité, d’avidité et de peur qui règne dans l’entourage de Staline. Instructif et plaisante à lire, cette bande dessinée aura une suite, même si ce tome se suffit presqu’à lui-même.
Paru en Octobre 2010
Série : La Mort de Staline
Dessinateur : Thierry Robin
Scénariste : Fabien Nury
Genre : Aventure historique
Editeur : DARGAUD
Public : Ados-Adultes
Album cartonné en couleur
Prix : 13,25€
EAN : 9782205066760
La mort de Staline, tome 2
Dans le premier tome, Staline décédait dans la confusion générale. Les proches du dictateur ne voyaient pas comment gérer cette crise et comment organiser la suite. Dans ce tome, Staline est mort depuis plusieurs jours, le peuple est au courant, il faut donc organiser ses funérailles, tout en mettant en place la suite de la gouvernance. Béria prend les choses en main mais un certain Krouthchev entend bien lui barrer la route. Manipulations et exactions sont au coeur de cet fin de règne.
J’avais beaucoup aimé le premier tome, parce qu’il révélait les absurdités et la violence de cette dictature, telle qu’elle était perçue par le peuple. Je me souviens encore de cette scène de panique quand la radio de Moscou reçoit l’ordre de transmettre l’enregistrement d’un concert au comité central (pour Staline en fait). Enregistrement qui n’a pas fonctionné si bien que la radio demande à l’ensemble des concertistes de rejouer pour satisfaire la demande du dictateur. Exemple parfait de la violence au quotidien, violence gratuite, mais bien réelle pour ceux qui l’a subisse. On y voyait aussi comment pouvait se manifester des formes de résistance, avec ce trait d’humour visant à faire croire au lecteur que Staline était mort en entendant les protestations de la soliste. Ce deuxième tome se recentre sur la sphère politique. Beaucoup de scènes tournent autour des proches de Staline et comment ils s’opposent pour remplacer le dictateur. Le peuple n’est évoqué que brièvement. Dommage car je ne m’intéresse que très peu aux différents entre Béria et Khrouchtchev, d’autant qu’ils sont finalement peu développés dans la bande dessinée (on a l’impression d’une opposition de personne sans assisse politique et sans conséquence pour l’orientation future de l’URSS). Curieux que la présence du peuple russe soit si peu évoquée, quand on voit que la quatrième de couverture ne parlait que de lui (deux extraits de discours officiels datant du 9 et du 10 mars 1953, invitant le peuple à se joindre aux funérailles de Staline, puis lui interdisant). Pourquoi Khrouchtchev a-t-il craint une insurrection?
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