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La présence – Pierre Jourde

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Quand l’auteur est entré dans cette maison auvergnate que les Jourde et les Roughol se transmettent de père en fils depuis des générations, où l’évier en émail avait remplacé l’évier en pierre taillée, où la cuisinière trônait sous la cheminée, là où l’âtre conservait la chaleur du foyer, j’ai eu un peu l’impression d’entrer dans la maison de mon enfance ou dans n’importe quelle autre de mon village des plateaux jurassiens. J’ai aussi grimpé dans ces greniers qui hébergent la nostalgie, gardiens des rites, des joies et des peines, des outils-prothèses, des outils-membres, des outils-greffons prolongements de bras voués au travail de la terre.

Et, avec lui aussi, J’ai parcouru la forêt, senti ses odeurs, ressenti son humidité, éprouvé la souplesse du sol sous le pas et palpé sa sensualité à fleur d’écorce.

Je me souviens aussi de ces angoisses d’enfant quand le noir étend son royaume sur l’ensemble du monde, qu’il noie tout sous son manteau opaque, que les fantômes sortent des placards et qu’ils se déguisent, en clowns souvent, pour prendre possession des lieux qui furent les leurs. Car, la nuit est le royaume du passé, le temps qu’on abandonne à ceux qui ne sont plus et qu’on a relégués dans la chambre du fonds, cette chambre du fonds qu’il y a dans toutes les maisons de campagne et que nous avons transposée dans nos têtes, dans notre subconscient qui héberge tous ces fantômes et fantasmes qui s’avancent déguisés.

Ces maisons ne sont pas d’innocentes constructions, elles sont le domaine de ceux qui y ont vécu depuis plusieurs générations, celle du grand père tutélaire qui n’a jamais voulu reconnaître l’enfant qui est devenu le père de l’auteur, qui a abandonné les lieux pour monter à la capitale et y faire fortune. Tout le village se souvient, ici, les gens sont soupçonneux, méfiants, ils voient tout et savent tout, ce tout qui se transmet de bouche à oreille et qui constitue l’histoire du hameau, sa mythologie, sa légende.

Et lui, il transporte cette angoisse partout ou il dort seul, il a peur de l’inconnu qui se cache derrière de banals objets, il a peur de ce qu’il ne comprend pas. Il a au fond de lui, ce gène qu’avaient déjà nos ancêtres dans leur caverne, qui les avertissait du danger en leur inculquant la peur de ce qu’ils ne connaissaient pas. Peur salvatrice qu’il retrouve au fonde la mine d’antimoine qui comme la caverne ancestrale abrite les peurs et protège de l’inconnu.

Tout cela dans un très beau texte qui ramène l’homme au niveau de l’être primitif qu’il est encore dans son inconscient, qui réduit le temps qui sépare les êtres, qui n’emmène pas les absents mais, au contraire, les ramène la nuit quand tout est noir, ce temps du jour et de la nuit qui oblige l’homme à vivre dans un dédoublement du moi réel et du moi rêvé. Il faut bien avoir une conscience suffisante pour avoir conscience de cette inconscience qui hante nos neurones pour qu’on n’oublie pas notre passé et d’où nous venons, de notre caverne, de notre maison, de notre terre, de notre sol et que nous sommes le fruit d’une histoire, d’une légende, d’une mythologie que personne n’écrira jamais.

 

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Denis Billamboz

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