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La Stratégie du choc de Michael Winterbottom et Mat Whitecross : un documentaire engagé

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De Welcome to Sarajevo, le film qui l’a révélé en 1997, à cette Stratégie du choc (Shock doctrine), Michael Winterbottom est un cinéaste engagé qui s’applique a témoigner par l’image, par le cinéma et le documentaire, des grands bouleversements géopolitiques modernes.


Réalisé avec le concours de Mat Whitecross, lequel avait déjà travaillé avec Winterbottom sur The Road to Guantanamo (2006), La Stratégie du choc est la transposition à l’écran de la théorie de Naomi Klein exposée dans son essai éponyme publié en 2007. La journaliste canadienne, grande figure de l’altermondialisme, théorise à propos d’une philosophie du pouvoir qui selon elle trouve sa source dans le travail de l’économiste américain Milton Friedman (Prix Nobel d’Economie en 1976) et vise à imposer le capitalisme et le libéralisme partout dans le monde.

Le film se construit autour de la parole de Naomi Klein, en train d’animer une conférence autour de son livre, et qui argumente chacune de ses positions, dans une sorte d’appel à la résistance. De nombreuses images d’archives illustrent alors son propos, ce qui lui confère plus de force et d’impact encore. L’image nous fait comprendre les mécanismes subtiles de certaines perversions du pouvoir, du moins si l’on en croit la présentation faite par Naomi Klein.

La thèse ne manque pas de pertinence et suscite une véritable interrogation, une prise de conscience de ce qui se joue sous nos yeux tous les jours, une véritable mobilisation, au moins de notre esprit. La Stratégie du choc évoque une histoire moderne du capitalisme sauvage, toujours prompte à s’imposer et s’implanter là ou il est nécessaire de rebâtir, après un choc traumatique et collectif : une guerre, une attaque terroriste, une catastrophe naturelle, une crise économique… La théorie s’appuie sur un principe initial, les expériences de lobotomisation des esprits menées par le docteur Edwin Camron dans les années 50, reprise par la CIA via son manuel pour les méthodes de soustraction de renseignements par ses agents. Les expériences de Camron visent ni plus ni moins à «reprogrammer» un individu…

Cette théorie s’accorde, selon Naomi Klein, avec celle de Milton Friedman, lequel préconise une liberté d’entreprendre totale, sans entrave de la loi, des Etats etc. En substance, Friedman conseille aux politiques de profiter d’un état de choc initial, subit ou provoqué, pour imposer leurs doctrines, à un moment ou la population est fragilisée, déstabilisée, ressent un besoin urgent de retrouver un équilibre stable et se repose dans ces situation là mécaniquement sur le pouvoir politique en place.

La dictature chilienne, les attentats du 11 septembre 2001 à New York, Guantanamo, l’invasion du Moyen-orient par les USA, les tortures des prisonniers du pénitencier d’Abu Grahib, la dévastation de la Nouvelle Orléans après le passage de l’ouragan Katrina, la crise financière etc., Naomi Klein cherche à démontrer les ressorts de l’application de  ce qu’elle appelle donc La Stratégie du choc.

La démonstration semble à première vue imparable, malgré toutes les pistes qui sont abordées et d’évidents amalgames qui néanmoins ne paraissent ni mensongers, ni farfelus. Le propos est édifiant, cinglant, nous oblige à une prise de conscience forte de l’état du monde dans lequel nous vivons et de comment il est régit par quelques puissants. Le message trouve un écho d’autant plus particulier qu’il nous parvient quelques semaines seulement après le tremblement de terre en Haïti, que les affrontements se poursuivent au Moyen-orient ou l’armée américaine est engluée.

Le film rend compte d’un gigantesque complot mais est honnête dans sa dénonciation. Ce qui transparait finalement, c’est un rapport de force constant qui est remporté par les même courants de pensées. L’argumentation théorique de Naomi Klein ne vise alors qu’à une chose, à ce que le rapport de force s’inverse peu à peu. La conclusion du film va en ce sens, qui décrit une situation actuelle ou les citoyens sont de mieux en mieux informés, mieux éveillés et même assez pour ne plus se laisser endormir si facilement par les rhétoriques politiques. C’est là quelque chose de discutable tant on constate que les discours les plus démagogiques fleurissent, imprègnent les conscience et ont justement tendance à endormir le plus grand nombre.

Tout l’objet et la pertinence de La Stratégie du choc est là : donner à tous les clés de compréhension, les informations, qui sont autant d’armes nécessaires pour le basculement progressif des consciences et des idéaux. La Stratégie du choc n’est pas nécessairement à bout de souffle comme se plait à le croire l’essayiste, mais livre et film participent de cette aspiration au changement, quelques fois réclamés, surtout en ce moment en plein contexte de crise financière et économique, mais pas encore assez soutenu.

Benoît Thevenin


La Stratégie du choc

Réalisé par Michael Winterbottom et Mat Whitecross
Avec Naomi Klein, …
Année de production : 2009
Sortie française le 3 mars 2010
Benoît Thevenin

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