Nis est appelée la « ville des fées ». Son histoire est riche depuis l’antiquité… Le Lapidarium, la forteresse de Nis, en témoignent et constituaient le coeur de la ville …
La Serbie est un pays de fleuves, sur les bords desquels naquit un grand nombre de habitations et de villes, et ceci depuis la nuit des temps. Une des citadelles qui, comme celle de Belgrade deviendra le berceau de la ville est celle de Niš… dont les origines se perdent dans les premiers siècles de notre ère… c’était peut être d’abord une habitation d’une tribu celtique… ou d’autre tribu païenne, avant qu’y viennent les Romains qui s’y établiront en créant de Naissus l’essence même de ce qu’est la ville d’aujourd’hui.
Naissus, la ville militaire qui fera naître dans son sein beaucoup de personnalités dont bien sur, le plus célèbre, l’Empereur Constantin, le même qui accepta la chrétienté, et dont la maison (ou bien ce que les architectes pensent être sa maison) se trouve de l’autre côté de la forteresse.
Bien sur, il reste peu des restes romains aujourd’hui. Après bien d’années d’insécurité les Turcs vinrent par ici, qui construirent et détruisirent les lieux plein de fois, avant de faire la forteresse à leur mesure, telle qu’elle reste aujourd’hui.
Ce qu’on remarque d’abord, quand il s’agît de la forteresse de Nis, c’est sa position et la vivacité qui l’entoure. Bien que érigée sur la rivière comme Kalemegdan à Belgrade, son entrée est directement à côté de l’eau, fait qui parle beaucoup de l’utilité de cet endroit pour ses habitants, qui pouvaient aussi bien se fournir que perpétuer toutes sortes de commerces (l’on peut encore voir, le long de la route qui longe la forteresse, les restes du mur vraisemblablement romain qui protégea la forteresse des crues). La forteresse (et ses entrées) n’est pas posée en hauteur (ce qui semble être le cas de la plupart des forteresses médiévales dans le coin), et pourtant ses éléments défensifs, bien que plus bas que d’ordinaire semblent quand même très efficaces. Ce qui est également intéressant, c’est le pont, très joli pont, amical aussi bien pour les voitures que pour les piétons et menant directement vers l’entrée principale, bien que le trafic y est quand même et toujours assez important. Il y a dans cette approche quelque chose de ce qu’on ressent quand on se balade sur le Pont Neuf à Paris et quelquechose de la rue Tadeusza Kostjuska qui longe Kalemegdan à Belgrade: la seule différence réside dans la pierre centenaire qui s’élève devant les yeux au lieu de la verdure.
Que la forteresse de Nis représente également son cœur, ça m’a tout de suite semblé être une évidence… peut être parce qu’aucun des jours de mon séjour à Nis ne s’est pas passé sans un passage, même bref… le premier pot que j’ai pris c’était parmi ses murs, la première balade du soir aussi. C’est ici que j’ai également remarqué la première différence entre les forteresses de Belgrade et de Nis, bien que; entre nous soit dit, il est assez stupide de parler des différences, vu que chacune est spécifique à sa manière… – la belgradoise est d’abord un parc, celle de Nis… bien plus que ça.
Le premier pas sous le portail très simplement décoré, une fois passé le couloir en forme d’arche, découvre un monde tout à fait différent de ce qu’on a laissé derrière nous. A gauche, c’est le hammam, l’arsenal et les restes des bains romains… cachés par de petits cafés. Cela pourrait être même choquant s’ils n’étaient pas emboîtés dans l’ambiance de telle manière que si demain ils devaient disparaître, tout semblerait comme s’il n’y avait jamais rien eu d’autre à part les murailles historiques. Sur votre droite, à partir de la grande porte, et en longeant le mur principal et massif, nous arrivons jusqu’à l’amphithéâtre où sont tenus les célèbres Rencontres cinématographiques de Nis, ainsi que les rencontres des chorales… fameuses aussi grâce aux propriétés acoustiques du lieu. J’imagine qu’il y avait avant un vrai amphithéâtre, connaissant la spécialité des Romains et de leur art de construire, un amphithéâtre sur les fondations duquel fut construit celui-ci, utilisé aujourd’hui.
Enfin, en revenant vers la porte principale, il y a le chemin qui mène vers le haut, où passent les petits trains touristiques, passant à côté de la galerie de la faculté des arts (si mes souvenirs sont bons – il y avait une expo inspirée de Dali quand j’y étais) et d’une boutique de souvenirs, allant vers la partie de la forteresse transformée en parc. Ici aussi, un sentiment familier, une émotion submerge le promeneur… même venant pour la première fois. La mosquée de Bali-beg qui est du moins en partie inspirée par l’art byzantin (j’en suis persuadée en regardant la façon dont les coupoles d’entrée ont été réalisées), les restes des édifices romains qui se trouvent juste à côté. On y trouve également le Lapidarium, en fait une espèce de cercle où se trouvent les stèles funéraires romaines… un reste touchant d’un autre temps, caché parmi les arbres. Je suis revenue plusieurs fois pour admirer ces monuments qui parlent aussi bien aux connaisseurs qu’aux personnes non instruites…: des restes de caveaux familiaux, de sépultures de Patricii…
La forteresse de Nis héberge également l’Archive de la ville, et un peu plus loin, tout près de l’ancienne prison, réside un vrai petit trésor qu’on ne peut plus voir très souvent… les armoiries, le symbole de l’ancienne RFSY, vraisemblablement celui qui ornait la façade de l’université « Banovina ». Se retrouver devant un tel « reste » de l’ancien grand état multiethnique est pour de moins touchant et… bizarre, même hors du temps. Bizarre, car on a l’impression qu’une grande main s’était chargée de poser ce symbole juste là, pour qu’il illumine la verdure de sa blancheur, sachant que c’est peut être la seule chose ici, une seule preuve matérielle, que cette ancienne Yougoslavie existait … une fois, il y a très longtemps de ça déjà. J’explique à mon enfant ce que ce symbole veut dire, avant d’être coupée par le son de l’avion, qui nous fait continuer notre visite. A proximité se trouve une caserne et des soldats y apprennent entre autres de faire du parachutisme, alors l’avion fait tomber plein de petits parachutes que mon fils tente de compter.
C’est justement ici, en traversant l’autre pont, celui en bois, que se trouve le lieu qui vit naître le grand Constantin. Des ruines un peu tristes, semblant presque oubliées, et pourtant il n’y a pas d’ordures. Bien qu’il n’y a apparemment pas d’argent pour la conservation, les habitants de Nis respectent ce lieu et l’entretiennent, et du coup, je n’ai vu ni détritus ni papiers. Quelle différence par rapport au parc de Cair que j’ai visité quelques jours plus tard et qui m’a assez déçue avec ses quantités d’ordures et de graffitis! Mais … parlons de ça une autre fois, restons pour le moment sur le lieu qui est la fierté de la ville de Nis… et pour cause.
En longeant les murailles, nous revenons en arrière et arrivons sur une espéce de clairière derrière la mosquée. C’est ici qu’est organisé le fameux Nishville, peut être le festival le plus célèbre que cette ville peut proposer à ses citoyens et ses visiteurs étrangers, qui viennent, chaque année en nombre de plus en plus important. Parlant de Nishville, ma première visite de la forteresse « tombait » juste après la clôture du festival, et ce qui m’a vraiment troublée, c’est le manque de papiers, de cannettes, même d’infime petit truc qui ne serait pas à sa place! Même pas une poubelle pleine! Rien! Les employés, les services municipaux, la ville, tout semble tourné vers l’entretien de ce lieu avec tellement d’attention qu’on s’imaginerait presqu’en train de manger son sandwich à même le sol! Fascinant… De même, les travaux sur les tribunes et la scène qu’il fallait faire disparaître, semblaient se dérouler de manière à ne pas trop endommager la végétation des alentours… Sans parler que je n’ai pas vu un seul graffiti sur les murs, les pierres, les monuments… la pierre est propre et brillerait presque; chose étonnante quand on sait que cette forteresse vit jour et nuit, sachant qu’il s’agît d’un des lieux préférés pour les sorties, du moins en été.
Faut bien le dire. Je suis tombée amoureuse de la forteresse de Nis. Tombée amoureuse de ses cafés, de son relai des montagnards qui en plus des tables toutes simples propose une vie imprenable sur la ville. Tombée amoureuse du pont qui mène à la forteresse et les rochers recouverts d’écume nacrée de la rivière Nisava. Je suis tombée amoureuse d’une forteresse qui n’est pas seulement un bijou destiné à décorer la ville, n’est pas qu’un ensemble de jolies murailles et d’édifices décorés, n’est pas qu’un parc. C’est, du moins c’est l’impression que j’ai eue, l’âme même de la ville, son cœur qui vit à son rythme, qui, lui, dirige la vie de tous les citoyens. A partir du premier regard sur ses murailles depuis la station de bus, en passant par la porte éclairée de façon merveilleuse la nuit, en passant par le pont décoré de fleurs, tout, même le quai d’en face et les bâtiments qui y sont construits semblent érigés en symphonie avec la forteresse.
Même si vous le souhaitez, vous ne pouvez pas passer à côté de la Forteresse. Mais de grâce, ne passez pas à côté. Passez son portail et son couloir en arc, prenez un moment pour boire un pot ou bien méditez entourés de verdure de son parc… car chaque minute sur ce lieu vaut de l’or.
Le lapidarium…
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