L’histoire s’ouvre sur le suicide d’un homme de 90 ans, qui se jette du quatrième étage de la maison de retraite dans laquelle il vient de passer plusieurs années.

J’ai beaucoup aimé cette bande dessinée qui allie la grande Histoire (celle de l’Espagne avant et après la Seconde Guerre mondiale) avec la plus petite, celle d’un homme qui n’a pas complètement compris son père de son vivant mais qui le découvre à sa mort. Malgré une ouverture tragique (le suicide d’un homme) et une suite d’événements qui ne sont que renoncement et compromissions, cette bande dessinée ne manque pas d’humour. On garde en mémoire après la lecture de ce texte, la perte des illusions nées de la Seconde république et le déshonneur que fut pour beaucoup d’Espagnols le règne de Franco. Cette oeuvre montre également la non résolution du passé, ou comment après le départ de Franco on s’est empressé de tout oublier. Amnésie qui semble maintenant laisser la place à la recherche, comme le montre le travail d’Antonio Altarriba sur son père.
— LN
Comme H., j’ai beaucoup aimé lire ce roman graphique qui est d’une tristesse terrible. On assiste à l’impossibilité pour ce personnage de sortir de sa condition initiale malgré la force de ses rêves et comment les compromissions inévitables avec ses idéaux l’entraînent dans la sphère inéluctable du malheur.
Je suis également impressionné par la richesse de la vie de cet homme: émigré rural, enrôlé dans l’armée franquiste, déserteur, combattant dans l’armée républicaine avec les anarchistes puis les communistes, réfugié en France, emprisonné dans les camps, évadé, capturé par la gendarmerie, interné en camp de transit, envoyé en bataillon de travail, échappé, capturé, ré-évadé, résistant, mafieux… avant de revenir en Espagne et de tenter d’avoir une vie normale.
C’est cette recherche de la normalité qui va avoir raison de lui. Recherche de la normalité qui rejoint la recherche de l’amour et le besoin d’être aimé. Mais c’était comme si cette joie lui coûterait plus que tout et lui serait toujours refusé.
Une oeuvre triste, vraiment, mais belle. Une lecture très forte.
— Mathieu
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