Plus on voyage plus on a de chances de faire de belles rencontres : des jeunes qui ont envie de découvrir le monde par exemple et qui font de leur voyage une expérience positive pour leur vie future. Les yeux grands ouverts, les oreilles aussi, parce qu’ils ont la sagesse de savoir qu’ils ne savent pas grand-chose encore. Certains endroits sont plus propices que d’autres pour ces rencontres de beaux hasards. Parce qu’on ne s’y bouscule pas pour acheter la dernière paire de chaussures ou le dernier I Pad… parce qu’on y prend son temps, dans un décor où le rythme des saisons, le cycle des travaux des champs, ont plus d’importance que le dernier tube à la mode… Bref, à Mae Sariang « où il ne se passe rien », je le sais, j’y vais souvent…C’est là que j’ai rencontré Julien et Elisa, un couple de jeunes parisiens qui, comme Muriel Cerf, ont fait les premiers pas de leur tour du monde d’une année, sur la terre indienne et au Népal, puis en Thaïlande. Peut-être sont-il maintenant en Australie ou en Nouvelle Zélande…
Partager récits et nourriture, expériences et émotions fut un vrai plaisir ! Un peu initiatrice, j’ai été leur grande sœur de voyage et je me suis revue, à leur âge, sur ces mêmes chemins de découvertes.
Parler des Karens et de la Birmanie, de la situation et des problèmes de ce pays meurtri par 60 ans de dictature, d’oppression militaire, de son ouverture récente au monde extérieur avec ses vautours et ses saints, ses bénévoles et ses rapaces…- c’est bien connu, il y a ceux qui prennent sans rien donner en échange et ceux qui donnent sans rien demander en échange, – furent au cœur de nos conversations… Dans un pays comme la Birmanie, riche de minerais, d’énergie, de pierres précieuses, de teck et de tant d’autres ressources inestimables, les extrêmes s’y bousculent.
service acupuncture
Lorsque nous nous sommes retrouvés pour un ultime dîner à Chiang Mai – j’ai invité Julien et Elisa dans un restau chic – Mix, Soi 1, Nimman – histoire de casser leurs habitudes frugales de voyageurs au long cours qui doivent compter chaque baht pour faire durer le plaisir, et là, ils m’ont confiée une enveloppe, avec une somme énorme en comparaison de leurs dépenses journalières. « Pour la clinique Mae Tao » et les réfugiés karens ou birmans.
J’ai conservé précieusement cette enveloppe dans le coffre de mon appartement à Chiang Mai. Non pas par peur de me faire voler cet argent mais en espérant qu’il ne m’arrive rien avant qu’il ait pu atteindre les personnes à qui il était destiné.
L’argent est très précieux dans certains cas. Et cette enveloppe était inestimable pour moi, jusqu’à ce que je la remette au service de la clinique du Dr Cynthia Maung, ici à Mae Sot. Cela m’a valu une petite altercation avec mon compagnon thaïlandais : « thaï thaï ». On me demande parfois ce que cela veut dire… eh bien c’est une somme de minuscules détails comme ceux que je raconte parfois dans ce blog ou sur ma page FB.
Les enveloppes données, je m’apprêtais à faire le tour des différents services de la clinique avec Eh Thwa, responsable de la formation, quand mon ami s’exclame ; « Mais vous n’avez pas pris de photo. » « Quelle photo ? » je demande. « Des photos, je vais en faire dans les différents services ». « Non, la photo avec les enveloppes ». J’ai ébauché un début de discours : « Quand on donne ce n’est pas pour la « face », le don a plus d’importance si on ne l’étale pas etc…. » Peine perdue. Je n’aurais pas pu sortir du bureau sans que mon ami ne m’ait prise en photo avec le personnel et responsable de la gestion de la clinique. Les filles ont eu un sourire « indulgent » pour mon compagnon vraiment trop « thaï thaï » ! Mais je ne le changerai plus et lui non plus n’aura jamais assez de temps dans cette vie pour me convaincre que donner ET montrer est aussi important.
Comme j’ai l’art du compromis – indispensable – en Thailande, je l’ai laissé prendre la photo… qui restera dans l’appareil…
D’autres infos sur la clinique Mae Tao demain…
Je m’appelle Michèle Jullian. J’aime les voyages, la photographie, l’écriture.
Voyager ce n’est pas seulement prendre l’avion ou parcourir la planète, c’est aussi voyager dans les livres, les deux étant l’idéal. Chaque voyage comporte sa part de découvertes et de déconvenues, lesquelles deviennent expériences, à partager ou pas. Voyager est une aventure de chaque instant. Mes repères sont en France et en Thaïlande où je réside « on and off ». J’ai écrit un roman « théâtre d’ombres » qui a pour décor la Malaisie et la Thaïlande …
- Bangkok, plus qu’une ville, un symbole à préserver - Oct 27, 2021
- Désert berbère au Maroc : un appel irrésistible - Jan 14, 2020
- Etre femme nomade au Maroc berbère : hymne à la liberté, « mes »nomades - Oct 26, 2019