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« Last train home » ou la tragédie de la « séparation »

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Ecrit et réalisé par Lixin Fan, « Last train home » est un film documentaire qui traite du douloureux problème de la séparation… Des paysans abonnés et contraints à renoncer à leurs terres au nom de la suprématie à venir de la Chine et d’un boom économique qui doit permettre à la Chine de devenir la première puissance mondiale…

Une traduction littérale interpréterait mal l’esprit de ce film documentaire, « the last train home », titre qui, en anglais, exprime toute la nostalgie du monde et que – si j’en avais licence – je traduirais, moi, par « Le dernier train vers nulle part ».

« Last train home » a été écrit et réalisé par Lixin Fan, un auteur chinois et son film a été récompensé à Sundance, au fameux « Sundance Film Festival ». Il raconte la tragédie de la séparation. Ces paysans qui ont abandonné leurs terres du Sichuan pour participer au boom économique de leur pays. Pour la suprématie de la Chine sur le reste du monde. Et accessoirement, pour que l’occident puisse acheter… (Entre autre), des « jeans » très bon marché. Au prix de la servitude de millions d’ouvriers Chinois trimant chaque jour de la semaine. 29 jours par mois, 15 heures par jour, pour fabriquer de la merde … avec des salaires de misère. Et surtout au prix de l’éloignement d’avec leur famille, car du Sichuan à la cote Est il faut bien 2 jours de train. Salaire de misère donc qui fait vivre les grands parents en charge de, ou des enfants, (« au moins sont-ils un peu moins malheureux que sous Mao » osent avouer certains) Pour le prix dérisoire de nos « jeans », le « mingong », le paysan « déplacé », vit dans un dortoir situé à 1 minute de son usine. Une minute de sa machine à coudre à son lit…. Le prix a payer pour ce « jump out of the dragon’s door » (une belle facon de dire « sortir de la pauvreté en chinois). Et pour que ces enfants fassent – peut-être – des études.

MAIS…. « Plus de liens familiaux. La famille traditionnelle s’effondre » (International Herald Tribune) Et d’ailleurs, comment entretenir des liens familiaux lorsqu’on vit à 5000 kilomètres ou beaucoup plus, et qu’on ne retourne qu’une seule fois par an dans sa famille à l’occasion du Nouvel An ?

Lixin Fan a déjà fait un film sur les déplacements en masse en Chine : « Up the Yangtze » , à l’occasion de la construction du pharaonique « barrage des trois gorges ».

Jusqu’où peut-on aller après le « low cost » ?… Lisez « Liberation » d’aujourd’hui… après le « low cost », il y a, ou il y aura bientôt « l’ultra low cost ». En gros titre : « La Russie trace la route de l’Ultra Low-Cost à Renault »… Ca fait peur.

Mais revenons à la Chine… Et de la Chine à la Thaïlande. Il n’y avait qu’une heure quinze minutes de vol – entre Chiang Mai et Kunming (vols supprimés) – il y a un peu plus d’un an. Ces deux pays, si on excepte leur étendue, ont d’autres points communs. Si vous comprenez les paroles ou tout au moins le sens profond de la plupart des chansons folk Isan (Phleeng pheua chiwitt), vous n’y resterez pas insensibles, car leur trame est : « la séparation », « l’éloignement » et ce mal profond enraciné dans tous les cœurs des Isans : le « manque de la famille » (khwaam khit thung) .

Lors d’un tournage à Pattaya, j’interrogeais des « travailleuses du sexe », en grande partie d’origine Isan, et leur demandais « Qu’est-ce qui vous manque le plus » ? « Baan» me répondaient-elles, et tous ceux qui vivent en Thaïlande connaissent le sens profond de ce mot : « baan », traduit littéralement par « maison », mais qui veut dire : père, mère, enfants, relations sociales, voisinage, fêtes de temple etc… Une fille m’avait même ajouté « khwaai », mon buffle…

J’écrivais il y a 2 jours, une note sur la recrudescence de la violence en Thaïlande et tout particulièrement dans les villages Isan. (Drogue, alcool, manque de respect des lois etc.). De la Chine à la Thaïlande … de ce « Last train home » au « Last bus home », (en Thaïlande le bus prévaut sur le train…. et une seule fois par an, à Songkran)…. l’histoire est la même. Les enfants d’Isan comme ceux du Sichuan sont livrés à eux-mêmes (ou a des grands-mères dépassées), parce que leurs parents sont obligés de s’exiler loin, très loin pour gagner un peu d’argent. Les privilégiés (ammart), et ceux qui ont réussi – ceux qui sont « sortis de la gueule du dragon » – et qui habitent Bangkok, ceux-là ont la chance de vivre près de leurs enfants.

C’est pourquoi, en plus du climat délétère (répression, surveillance, espionnage, chasse aux sorcières etc…) qui règne dans le pays, on a tout a craindre pour l’avenir de la Thaïlande, un pays à deux vitesses.

Michèle Jullian

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