Alors qu’Alexandre Dumas et Auguste Maquet, son nègre littéraire, sont au sommet de leur collaboration, Maquet décide de se faire passer pour Dumas afin de séduire Charlotte, une admiratrice de l’illustre écrivain. Entre les deux hommes, l’affrontement est inévitable. Dans Paris, la Révolution de 1848 se prépare…
Drame historique avec Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Mélanie Thierry, Dominique Blanc…
Mon humbles avis : Pourquoi quatre étoiles ? Parce que si j’avais du réaliser ce film, j’aurais fait le même, en toute modestie !!! Non, je ne m’y crois pas !!! Bon trêve de plaisanterie… Je n’ai rien lu de Dumas père, mais qui ne connaît pas les 3 mousquetaires… Je n’attendais pas ce film jusqu’à qu’un JT de 20H00 en parle et que je prête l’oreille. Comment, de tels écrivains avaient des nègres ? Impensable ! Du coup, il me fallait absolument voir ce film et « juger sur place »… Qu’un people prenne un nègre pour écrire un roman ou même son autobiographie, je conçois. Que Paul Loup Sulitzer n’ait jamais écrit une ligne, c’est quasiment de notoriété publique. Mais tout de même, Dumas…. Que tant de romans devenus des monuments de la littérature classique Française aient été écrits avec l’aide de nègre me déçoit et enlève pour moi une bonne dose de talent à ces auteurs… Et je me dis, en est il de même pour Stendhal, Victor Hugo, Balzac, Zola ???? Bref, me voilà ébranlée, déçue.
Mais pas par le film qui retrace parfaitement l’époque et cette relation entre Dumas et Auguste Maquet, qui se fait passer quelques instant pour Dumas lui même, sans mesurer les conséquences de son acte. Et quelles conséquences ! Mais les connaîtres, c’est dans les salles obscures que cela se passe…
Le nègre se prend donc pour son maître pour séduire, finit par être fatigués de faire dons de son talent pour rester dans l’ombre d’un homme impressionnant, et pour des payes qui traînent à venir. J’avoue que dans le film, on finit par ne plus savoir qui est le cerveau des ces romans à succès, qui possède le vrai talent. Jusqu’à se rendre compte que l’un sans l’autre ne vaut pas grand chose. L’un manque d’idée, l’autre a une prose banale… Le talent et le génie vient donc de la somme de ces deux hommes qui sont donc… inséparables.
Dumas apparaît comme un homme disgracieux, prétentieux, égoïste, limite vulgaire et collectionneur de filles. Bref, un homme répugnant. Qui mieux que Depardieu pour interpréter un tel homme ? Je ne vois pas, même si je ne suis pas fan de l’acteur, j’avoue qu’il y a des rôles qui lui vont comme un gant.
Quant à Maquet, c’est Benoît Poelvoorde qui revêt son habit. Remarquablement, avec beaucoup de justesse, de retenue et de pudeur. Il mériterait une récompense pour une telle composition. Mélanie Thierry est toujours aussi lumineuse et j’ai été ravie de revoir sur grand écran l’actrice Dominique Blanc, très gracieuse.
Voilà un film qui ravira les amoureux de la littérature.Même si, au final, quelques uns de ses monuments tombent de leur pied d’estale, il demeure passionnant d’entrer dans la vie de ces auteurs.
Si vous voulez en savoir plus sur Dumas et Maquet…. Un peu de culture….
Petites infos non exhaustives sur Dumas et Maquet durant la période qui nous intéresse, celle du film. Infos glanées sur le net et très instructives (allo ciné et à la lettre)
Des ennemis intimes ?
La collaboration entre Auguste Maquet et Alexandre Dumas va s’échelonner de 1844 à 1851 et donner lieu à la parution de dix-sept romans parmi lesquels Les Trois mousquetaires, Le Comte de Monte Cristo, La Reine Margot, Le Vicomte de Bragelonne, Joseph Balsamo, Ange Pitou… Des chefs d’oeuvre tous signés de la main d’Alexandre Dumas dont Maquet, lors d’un procès qui aura lieu en 1858, revendiquera la paternité. Si le tribunal lui accorda 25% des droits d’auteur, il lui refusa en revanche la co-signature.
Réunis dans la vie, séparés dans la mort
C’est une petite et savoureuse ironie de l’Histoire. Alors qu’Alexandre Dumas et Auguste Maquet ont travaillé ensemble pendant de nombreuses années, leurs destins Post-Mortemne fut pas tout à fait le même. Auguste Maquet est enterré au cimetierre du Père-Lachaise, 54e division, chemin Montlouis. Sur sa pierre tombale, on peut lire : Les trois Mousquetaires, Le Comte de Monte-Cristo et « La reine Margot, comment si la paternité de ces trois oeuvres lui étaient attribuées, et non pas à Alexandre Dumas père. Quant à ce dernier, il repose au Panthéon depuis le 30 novembre 2002, célébrant également le bicentenaire de sa naissance. D’une certaine manière, même dans la mort, Maquet reste dans l’ombre du maître…
En Décembre 1838 Gérard de Nerval présente Auguste Maquet à Dumas. Ce jeune professeur d’histoire aidera Dumas à écrire ses premiers romans. A partir d’un canevas élaboré par Auguste Maquet ou en commun, Dumas y apporte son talent romanesque : il développe le récit en y ajoutant personnages secondaires et dialogues.
En 1844 Dumas publie Les trois Mousquetaires, le récit des aventures de d’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis, unis par leur devise » Un pour Tous, tous pour un ». Auguste Maquet a collaboré à ce travail, mais Alexandre Dumas signe seul ce roman.
En 1845 : Dumas publie Vingt ans après (avec les personnages des Mousquetaires), Le comte de Monte-Cristo, Une fille du régent, et La reine Margot (toujours en collaboration avec Auguste Maquet).
EN 1948 Maquet attaque Dumas en justice pour comptes en retard et pour recouvrer sa propriété sur les livres écrits en commun. Les deux auteurs trouvent un accord. Maquet cède tous ses droits sur les romans écrits avec Dumas moyennant la somme de 145 200 F payables en onze ans.
Souvent blanc de peau et nègre malgré lui !
Eh oui comme vous l’avez compris, j’apostrophe ici le nègre nouveau c’est une évidence ! Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce qu’il est en mon sens de par le symbole qui le distincte et malgré la supposée noblesse de son statut, l’esclave occulte de son maître l’écrivain. C’est indéniable ! Ce titre à connotation péjorative qui lui colle au portrait depuis des siècles n’est pas le fruit d’une simple coïncidence, mais bel et bien en relation avec un épisode tragique de l’histoire du monde. Je veux parler de l’exploitation et de la déportation de plusieurs millions d’Africains noirs victimes de mauvais traitement au seizième siècle, sous le fallacieux prétexte d’une théorie diabolique et permissive justifiant l’infériorisation d’êtres humains à la peau foncée. La définition de l’esclave, selon l’Académie française : « personne qui n’est pas de condition libre, qui appartient à un maître exerçant sur elle un pouvoir absolu », exprime bien l’atmosphère insoutenable et nauséabonde qui régnait à une certaine époque. Ce raisonnement simpliste qui avait conduit à admettre l’infériorité du nègre, était le même qui justifiait plus tard le travail forcé et gratuit de plusieurs millions d’Africains déportés et mis en esclavages. Le nègre d’aujourd’hui : (celui de l’écrivain), légitime de manière insidieuse cette logique de forçat en servitude pour celui qui profite. Mon indignation serait un tantinet infondée en l’espèce penserez-vous sans doute, puisque nous sommes sensés aujourd’hui être très loin de ces aspirations aux accents impérieux. Pas de quoi donc en faire un scandale donc ? Laissez-moi rappeler à tous ceux qui pourraient adhérer à ce raisonnement étroit, qu’il demeure sur cette planète au vingt-et-unième siècle des peuples toujours opprimés qui risquent encore leur vie pour conquérir leur liberté. L’actualité quotidienne de ces dernières années est là pour nous rafraîchir la mémoire. Pas de rapport direct avec ces événements diront certains, mais l’idée du sentiment de toute puissance d’une part et de soumission d’autre part est le lien qui rallie toutes ces affaires. Le nègre dont je vous parle est plus souvent blanc de peau c’est vrai ! Je veux bien essayer de me convaincre qu’il est très éloigné de son homonyme esclave, (en référence à ceux du seizième siècle) ! Il est selon moi et malgré lui, tributaire de son titre infortuné. Autrement, dites-moi en quoi ce substitut étrange sensé définir son activité professionnelle, serait tellement comparable avec ceux qui furent réellement contraints au travail forcé ? Bien au-delà de la révolution française, le nègre par ce lien infortuné continue à travailler pour son maitre dans l’anonymat le plus total. Les nostalgiques de ce passé honteux tiennent décidément à laisser une trace indélébile de leurs méfaits, comme s’il s’agissait d’un trophée honorable. Ils peuvent ainsi se donner l’illusion que le plus gros effort fourni incognito et sans récompense continuerait à demeurer le lot du nègre. Non vraiment plus sérieusement en ma connaissance, l’écrivain fantôme est bien loin de travailler comme un nègre malgré cette étiquette incomparable qu’il porte injustement. Ce nègre là, serait-il alors l’esclave de l’écrivain ?
Alex LONY