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Le premier volet du Chant de la Terre commençait avec La grande course de chars à voile, volet au cours duquel on découvrait des être hybrides à foison, d’étranges mastodondes paisibles et insensibles à la douleur qui lentement s’éteignaient sans que l’on comprenne pourquoi, des quêtes croisant la route sans fin des possibles du Grand Loin et des espoirs pour l’Humanité.
Des millions et des millions d’années sont passées, Starquin est toujours emprisonné dans sa cage cosmique de Dix Mille Ans, et les êtres de cette Terre aux mille visages sont toujours les acteurs inconnus de la Quête. L’Arc-en-Ciel régit le monde où vivent les Humains Sauvages, où d’étranges gardiens gèrent un dôme bizarre où déambulent des Spécialistes qui auront leur part d’action, ténue mais ô combien essentielle….les gouttes d’eau font les grandes rivières et les actes les plus minimes peuvent avoir des conséquences primordiales.
Ce second épisode, ce chant de la Terre qui se déroule au coeur du 143è millénaire d’une ère que l’on ne peut imaginer, est celui de la naissance d’une triade, la Triade voulue par Starquin, le prisonnier du temps, celle qui détient une des clés de sa libération. Ainsi, les fils du destin invisible des uns et des autres tissent-ils la route qui fera se croiser La Fille, Néoténite aux allures incongrues de gros bébé, le Vieil Homme, le Cuitador Zozuba, gardien du Dôme, et Manuel, l’Artiste, l’Humain Sauvage. Ils s’engagent dans une aventure initiatique au cours de laquelle ils iront de surprise en surprise en rencontrant un monde où les apparences sont plus importantes que l’être, où la vie rêvée est celle que l’on aimerait vivre, une vie virtuelle qui lentement érode l’être que l’on est. La locomotive à vapeur est le dernier endroit où l’on peut enfin connaître de vrai frisson d’une vie qui peut s’arrêter abruptement, le lieu où la mort peut survenir sans crier gare, la route sur laquelle tout peut finir…un délice mortifère qui offre l’envie de continuer aux blasés téméraires d’une réalité virtuelle, fausse et mensongère: cette machine, infernale?, sillonne à un train d’enfer, le Pays des Rêves Perdus, celui qui engrangent les désirs inavoués, les chimères les plus folles, que peuvent receler les subconcients, les inconscients des êtres humains.
Michael Coney happe son lecteur par le truchement d’un style oscillant entre poésie et imaginaire débridé où les limites entre la fantasy et la SF sont parfois très floues, au point de se confondre. Il est parfois difficile de raccorder les faits de la Triade à ceux du premier volet qui évoquait la naissance de l’homme qui rassemblerait tous les humains: cet éventuel désagrément ne gâche en rien la saveur de cette épopée futuriste où les références à Huxley et « Le meilleur des mondes » et à Stevenson et ses aventures, sont autant de pépites à déguster.
La place de plus en plus importante de l’ordinateur dans le quotidien du monde contemporain et les craintes que cela inspire, transparaît dans le personnage inanimé et intemporel, froid gérant au caractère imprévisible, de l’Arc-en-Ciel, ce maître invisible qui dirige la vie et le destin de cette Terre assujettie à un progrès dont l’Humanité a perdu les clés. Coney utilise les espoirs et les peurs de notre époque contemporaine vis à vis des progrès technologiques pour alimenter son oeuvre (en excellent auteur de SF!) et les décortique au fil des pérégrinations de notre Triade…et c’est délectable! Les avantages du progrès ont abouti à la création de monstres, les Néoténites et leurs avatars de l’île du delta qui sous leur apparente immobilité cachent une vie spirituelle des plus fines et des plus abouties, à la perte des jalons de la vraie vie et au refus d’accepter la dictature d’un ordinateur permettant alors une émancipation pour devenir des Humains Sauvages (ceux qui vivent, enfantent et meurent en harmonie avec la nature même si elle est hostile!). La course effrénée après les chimères dévoreuses de temps et de psyché qui s’achève dans les wagons emballés de la Locomotive est un peu celle dans laquelle sont entraînés les Hommes cédant aux chants factices des sirènes du faux-semblant clinquant et dérisoire. Mais la rédemption est toujours possible, allégeant ainsi le fardeau des Hommes: la volonté de l’esprit, son désir de liberté ouvrent les portes des cages qu’ils se sont construites…la Triade est le petit grain de sable qui enrayera la machine éructante et écumante, l’oeil qui s’ouvre pour réaliser combien les chimères sont délétères.
« La locomotive à va peur céleste » est un roman passionnant, foisonnant et protéiforme: j’ai aimé me perdre dans les lacis du récit, les apartés et les contes pour mieux retrouver le sel du roman.
Merci à BOB pour cette très belle lecture!
Ce second épisode, ce chant de la Terre qui se déroule au coeur du 143è millénaire d’une ère que l’on ne peut imaginer, est celui de la naissance d’une triade, la Triade voulue par Starquin, le prisonnier du temps, celle qui détient une des clés de sa libération. Ainsi, les fils du destin invisible des uns et des autres tissent-ils la route qui fera se croiser La Fille, Néoténite aux allures incongrues de gros bébé, le Vieil Homme, le Cuitador Zozuba, gardien du Dôme, et Manuel, l’Artiste, l’Humain Sauvage. Ils s’engagent dans une aventure initiatique au cours de laquelle ils iront de surprise en surprise en rencontrant un monde où les apparences sont plus importantes que l’être, où la vie rêvée est celle que l’on aimerait vivre, une vie virtuelle qui lentement érode l’être que l’on est. La locomotive à vapeur est le dernier endroit où l’on peut enfin connaître de vrai frisson d’une vie qui peut s’arrêter abruptement, le lieu où la mort peut survenir sans crier gare, la route sur laquelle tout peut finir…un délice mortifère qui offre l’envie de continuer aux blasés téméraires d’une réalité virtuelle, fausse et mensongère: cette machine, infernale?, sillonne à un train d’enfer, le Pays des Rêves Perdus, celui qui engrangent les désirs inavoués, les chimères les plus folles, que peuvent receler les subconcients, les inconscients des êtres humains.
Michael Coney happe son lecteur par le truchement d’un style oscillant entre poésie et imaginaire débridé où les limites entre la fantasy et la SF sont parfois très floues, au point de se confondre. Il est parfois difficile de raccorder les faits de la Triade à ceux du premier volet qui évoquait la naissance de l’homme qui rassemblerait tous les humains: cet éventuel désagrément ne gâche en rien la saveur de cette épopée futuriste où les références à Huxley et « Le meilleur des mondes » et à Stevenson et ses aventures, sont autant de pépites à déguster.
La place de plus en plus importante de l’ordinateur dans le quotidien du monde contemporain et les craintes que cela inspire, transparaît dans le personnage inanimé et intemporel, froid gérant au caractère imprévisible, de l’Arc-en-Ciel, ce maître invisible qui dirige la vie et le destin de cette Terre assujettie à un progrès dont l’Humanité a perdu les clés. Coney utilise les espoirs et les peurs de notre époque contemporaine vis à vis des progrès technologiques pour alimenter son oeuvre (en excellent auteur de SF!) et les décortique au fil des pérégrinations de notre Triade…et c’est délectable! Les avantages du progrès ont abouti à la création de monstres, les Néoténites et leurs avatars de l’île du delta qui sous leur apparente immobilité cachent une vie spirituelle des plus fines et des plus abouties, à la perte des jalons de la vraie vie et au refus d’accepter la dictature d’un ordinateur permettant alors une émancipation pour devenir des Humains Sauvages (ceux qui vivent, enfantent et meurent en harmonie avec la nature même si elle est hostile!). La course effrénée après les chimères dévoreuses de temps et de psyché qui s’achève dans les wagons emballés de la Locomotive est un peu celle dans laquelle sont entraînés les Hommes cédant aux chants factices des sirènes du faux-semblant clinquant et dérisoire. Mais la rédemption est toujours possible, allégeant ainsi le fardeau des Hommes: la volonté de l’esprit, son désir de liberté ouvrent les portes des cages qu’ils se sont construites…la Triade est le petit grain de sable qui enrayera la machine éructante et écumante, l’oeil qui s’ouvre pour réaliser combien les chimères sont délétères.
« La locomotive à va peur céleste » est un roman passionnant, foisonnant et protéiforme: j’ai aimé me perdre dans les lacis du récit, les apartés et les contes pour mieux retrouver le sel du roman.
Merci à BOB pour cette très belle lecture!
Traduit de l’anglais (GB) par Isabelle Delord-Philippe
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