Un bébé est abandonné en pleine nuit à la porte d’un couvent de Capucins. L’homme qui se débarrasse de cet enfant avait tenté auparavant de le jeter dans une rivière avant de se raviser en voyant la Vierge et de le confier aux moines. Père Miguel entend les cris de l’enfant et le recueille. Les moines décident alors de garder l’enfant et de le prénommer Ambrosio (car c’était la nuit de la
saint-Ambroise). Quelques années plus tard, Ambrosio prononce ses voeux et devient le plus fervent des moines. Ses prêches attirent une foule considérable au monastère et Ambrosio devient rapidement un modèle d’infaillibilité devant le mal. Une réussite qui le perdra…
Ce film est l’adaptation d’un célèbre roman gothique de Matthew G. Lewis, publié en 1796, que je n’ai pas lu. J’avais énormément de réticences à aller voir ce film, n’étant pas fan de Vincent Cassel et trouvant la bande annonce peu engageante. Finalement, je suis plutôt agréablement surprise.
Le film suit avec rigueur la vie dans un couvent et le destin de ce moine hors du commun. L’ensemble est extrêmement classique, on voit le fil de l’intrigue se dérouler sans trop de surprises. Il y a de très belles scènes sur le quotidien des moines et Vincent Cassel interprète avec talent la ferveur religieuse, ce qui n’est pas évident à notre époque.
Reste un problème, ce film a les défauts de ces qualités. A trop vouloir jouer sur la rigueur de cette histoire, le film m’a laissée relativement indifférente aux sorts de ces personnages. Je n’ai pas eu d’empathie pour aucun d’entre eux ce qui est un peu dommage.
— H.
Pour ma part, j’ai lu ce livre lorsque j’étais en Première au lycée en pleine période gothique (non, non, je ne m’habillais pas en goth non plus; quand je dis que c’était ma période gothique, cela signifie en littérature…). Je jouais à Vampire, lisais Le Moine, Lautréamont et Machen… D’où mon envie irrésistible d’aller voir cette adaptation malgré les mêmes réticences que H. (notamment à propos de Cassel).
Et bien moi aussi j’ai été agréablement surpris: réalisation posée, pensante presque mais qui va très bien avec le propos du film et le rythme de la vie au monastère, emphase des dialogues à la limite du ridicule mais dans laquelle le gothique pointe le bout de son nez et emphase du jeu de Cassel qui joue la ferveur religieuse en prenant un regard habité crédible. Les scènes qui flirtent avec le fantastique sont les moins bien réussies (scène du délire d’Ambrosio lorsqu’il commet le péché ultime, scènes dans le cimetière), ce qui est dommage pour l’aspect gothique justement. Néanmoins, un film plutôt réussi dans son ensemble. (Note au passage: l’actrice qui joue le rôle féminin principal est à croquer.)
Autre considération totalement personnelle et donc strictement inintéressante: je me suis rendu compte à la vision du film que mes souvenirs de lecture du Moine étaient très confus. Je me représentais le visiteur masqué comme étant déformé par les brûlures et pour moi le roman se passait quasiment entièrement de nuit ou dans l’obscurité. Quel contraste avec les scènes de jour et de soleil accablant sous un ciel bleu… Comme quoi…
— Mathieu
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