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Le sixième Homme de Monica Kristensen est dans la vaine de cette littérature scandinave sombre et étrange. Ce polar norvégien nous plonge dans l’atmosphère angoissante de la nuit polaire ; plusieurs histoires s’imbriquent et produisent chez le lecteurs des sensations multiples.
Norvège, archipel du Svalbard au Cercle Polaire. Longyearbyen, la capitale, vit au rythme de la nuit polaire et de sa mine de charbon.
Tout le monde se connaît, tout le monde se croise et se côtoie. Qu’on y vienne pour quelques mois, quelques années ou tout une vie, ce bout de terre, au goût de confin du monde civilisé, laisse son empreinte.
La ville porte encore les blessures du dernier accident mortel de la mine. Un mineur, Per Leikvik en a réchappé en abandonnant au fond une partie de lui-même. De mineur expérimenté, il est devenu l’idiot du village, solitaire, décalé et inquiétant.
Le sixième Homme : l’atmosphère étrange et angoissante du cercle Polaire
Tout est de glace et encore de glace dans cette nuit polaire qui n’en finit pas. Tout est étrange, angoissant et pesant : la nuit de la mine, ses boyaux anciens où erre le « sixième homme », ombre parmi les ombres, au plus profond de la terre; la nuit polaire en surface. Au milieu, des hommes et des femmes avec leurs émotions, leurs histoires, leurs peurs, leurs soucis. Des enfants qui jouent à cache-cache, qui jouent au métier de leur père. Des dames oeuvrant dans les associations, tricotant, cousant, cuisinant et épiant tout et rien. Les balades en motos-neige, brisant le silence polaire, les ours blancs, les rennes convoités par des gens sans scrupules. Tout semble lisse, sans histoire sauf qu’il n’en est rien.
La banquise est un personnage important au même titre que la mine : autour de ces pôles s’articulent la vie, les vies plus ou moins débridées des protagonistes.
Le noir de la mine rempli de suie, de poussière, d’excavations, d’aspérités luisantes, de veines minérales, est un océan profond au-dessus duquel craquent les glaciers ; le bleu sombre de la nuit polaire irisant la glace, bien qu’à l’air libre, oppresse tout autant : le froid, l’immensité solitaire et uniforme étouffent un lecteur pris dans une tourmente glaçante tant elle est insidieuse et discrète.
Plusieurs histoires en une…
Le roman imbrique plusieurs histoires, histoires impliquant divers personnages que la narration reliera entre eux au fil des chapitres.
La vie sur cette île est difficile pour celui ou celle qui n’y est pas né. Le manque de luminosité affecte le corps, les sens, l’âme : on en sort fortifié ou on plonge dans la dépression ou la folie.
Ella, la fille du nouvel ingénieur disparaît sans laisser de trace. On imagine le pire d’autant qu’il y a la présence de « l’homme aux bonbons ». Elle sera le fil conducteur d’une narration construite comme une chorale : des solos, des choeurs, des réponds, des reprises, des duos, le tout avec harmonie et dissonances bienvenues.
Autour d’Ella, le lecteur croisera les parents et leur histoire, une femme trompée par son mari, une épouse volage, des contrebandiers, un chercheur spécialisé dans la sauvegarde des hardes de rennes sauvages, une fête de la lumière, des policiers, des commères.
Aucun personnage n’est privilégié car chacun apporte sa pierre à l’édifice qui se construit sous les yeux du lecteur, pas d’indice caché à la vue de tous.
Alors, pourquoi ce roman est-il prenant ? Parce que le suspense est instauré avec habilité et originalité: l’auteure laisse son lecteur maître de ses suppositions, de ses déductions, de son enquête. A lui de relier les événements relatés au présent ou au passé, plus ou moins proche, à lui de se laisser guider par son expérience de lecteur. D’emblée, il sait que le « sixième homme » sera à l’aune du mythe minier, l’ombre parmi les ombres d’où jaillira une partie de la lumière.
Chaque personnage apporte un élément du décor, participe à l’atmosphère particulière de la vie au Cercle polaire.
Monica Kristensen a réussi un excellent roman policier sans action trépidante, sans effets de manche alambiqués, elle a narré un quotidien perturbé par un concours de circonstances qui engendre un enchaînement d’actes et de situations qui tiennent en haleine. La chute est très surprenante, d’une efficacité redoutable.
« Le sixième homme » est un roman dans lequel on entre intrigué et dont on ressort avec des sensations multiples produites par l’ambiance polaire décrite avec brio par l’auteur. Le lecteur étranger à ces paysages se sent un peu chez lui sur l’île de Svalbard.
Il était une fois une passion des mots, de tous les mots, ces petites lettres qui, ordonnées au gré de l'inspiration, ont formé une des plus belles inventions de l'Humanité: l'Ecriture. Il était une fois un amour des chats, une fascination pour ce petit animal domestique tout en charmes et mystères. Il était une fois une inclination pour le thé, breuvage de délicates feuilles venues des montagnes d'Asie, un breuvage qui se déguste dans la sérénité d'un moment privilégié. Il était une fois une envie de faire partager et de coucher sur un cyber-espace lectures, écrits, clins d'oeil et réactions.....Chatperlipopette!!!