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Le vaisseau des morts – B. Traven

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Embarquons avec Traven pour sillonner la Méditerranée à bord d’un rafiot où personne ne veut embarquer sauf ceux qui n’ont plus de papier et qui ne peuvent pas gagner leur vie autrement. Un voyage en forme de parabole pour dénoncer l’exploitation des plus démunis par les mieux nantis et les tracasseries en tout genre qui entravent les libertés les plus élémentaires.

Sur les quais du port d’Anvers, un marin américain voit son bateau glisser sur les flots et le laisser à terre après une nuit trop prolongée avec une fille à marin qui l’a consciencieusement plumé, le laissant sans aucun papier et sans un sou vaillant. Pour se débarrasser de cet étranger gênant,  les policiers belges le font passer clandestinement en Hollande mais les Hollandais l’interceptent et essaient de le refiler aux Belges. Il parvient cependant à échapper aux douaniers hollandais et à rejoindre Rotterdam où il embarque pour Boulogne d’où il entreprend un long périple qui le conduira en Espagne où il coule des jours heureux.

Mais l’appel du large est plus fort que l’hospitalité espagnole et il grimpe sur un rafiot en ruine, avec un équipage de misère, sur lequel il est exploité sans vergogne par un capitaine qui trafique en Méditerranée en économisant sur tout, laissant son équipage dans la misère et sous la menace de tous les risques.

Cette histoire de marin sans foi ni loi, aurait pu naître sous la plume de Melville, de Coloane, de Conrad ou même de Le Clézio, et enrichir la déjà riche galerie des portraits de marins hardis et téméraires que la littérature nous propose aujourd’hui, mais en fait ce livre est plutôt une dénonciation de l’exploitation des marins par des affréteurs et capitaines sans aucun scrupule qui embarquent des équipages sans papier pour mieux les contraindre à rester à bord et à ne rien réclamer. Une parabole de l’exploitation des travailleurs par ceux qui trafiquent et spéculent.

Mais, ce livre ne s’arrête pas là, il est aussi un plaidoyer pour la liberté, notre marin se heurte, sans cesse, aux frontières, aux administrations tatillonnes et stupides, aux papiers qu’il faut avoir et montrer à tous ceux qui les demandent et, bien sûr, aux exploiteurs en tout genre qui ont besoin des bras des autres pour faire fortune. Et, pour franchir le premier obstacle vers la liberté, il faut s’affranchir de son identité qui relie à un territoire, à un pays, à une administration, à une famille et notre marin préfère être exploité que d’être nommé, classé, rattaché à qui ou à quoi que ce soit.  « Les médiocres ont toujours leurs papiers en ordre, ils ne tombent jamais du haut du mur, pour la bonne raison qu’ils ne songent même pas à grimper dessus pour voir ce qu’il y a derrière… » Et, lui, Traven, a appliqué cette méthode, changeant souvent de nom, aujourd’hui encore, on n’est pas très sûr de son identité réelle même s’il semble admis qu’il est bien l’acteur allemand Ret Marut. L’édition que j’ai lue qui date de 1954, le présente comme étant « né aux Etats-Unis dans le Middlewest vers 1890 selon les uns, en 1900 selon d’autres, de parents suédois. » Mais peu importe, son œuvre suffit à sa postérité même si ce livre est aussi un peu à l’image de sa vie qui pourrait se résumer dans ce quatrain qu’il place à la fin de ce roman :

« Je m’fiche du Jugement Dernier,

Je m’vois pas ressusciter,

Les dieux, j’sais pas s’il y en a,

Quand à l’Enfer, je l’crains pas ! »

Denis Billamboz

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