Le Maître a de plus en plus d’humour est un très court roman de Mo Yan. On y suit les aventures de Ding Shikou, dit maître Ding: son usine a fait faillite, et il est licencié, sauf qu’il est seulement à un mois de la retraite. C’est tout un monde qui s’écroule… Jusqu’à ce qu’il retrouve le sourire avec une idée originale, qui ne lui apportera pas que de l’argent…
Le style de ce roman est simple, amusant et facile à suivre: on adhère totalement à l’histoire et on a envie de savoir où cette fameuse idée va mener le maître.
Mais ce livre est avant tout un triste tableau de la société contemporaine chinoise: on y devine les conditions de vie et de travail des ouvriers, d’autant plus injustes que l’on voit aussi celles de leurs patrons qui se rendent en Audi aux réunions de licenciement. Mo Yan propose un portrait de deux mondes qui coexistent en Chine: celui de la communauté, du respect des règles et de la dignité, et le nouveau monde mondialisé et individualiste.
Maître, je vais vous dire quelque chose de très moche: vous ne souffrez pas encore de la faim, mais le jour où vous serez affamé, vous serez que si l’on met dans la balance sa face et son ventre, c’est toujours le ventre qui l’emporte.
De son vrai nom Guan Moye, l’auteur a choisi le pseudonyme de Mo Yan, qui signifie “ ne pas parler ”… Né en 1955 dans une famille de paysans pauvres dans la province du Shandong, il quitte l’école pour travailler aux champs dès la fin de ses études primaires. Il a longtemps vécu au coeur de la campagne chinoise, dont le souvenir nourrit son oeuvre. En 1979, il s’enrôle dans l’armée et commence à écrire en 1981. Il a publié plus de quatre-vingt nouvelles et romans, des reportages, des critiques littéraires et des essais.
C’est le premier roman que je lis de Mo Yan, mais sans doute pas le dernier. Vous l’aurez compris: ne manquez pas la lecture de Le maître a de plus en plus d’humour!
De l’humour et de l’émotion ponctuent joyeusement ce « léger » roman au milieu d’une profonde et acerbe critique du néo-capitalisme chinois. En plus de me divertir avec son esprit fallacieux et tendancieux, Mo Yan dénonce subtilement l’économie socialiste de marché de son pays.
Un grand Mo Yan dans un style bien différent du précédent lu : « Beaux Seins, belles fesses », la fresque historisque qu’il faut lire pour découvrir la Chine de Mo !
Un humour plein de tendresse et de facétie, un peu décalé (effet sans doute accentué par la traduction).
Merci pour la recommandation, je le mets sur ma liste. Je pense continuer avec Enfant de Fer…
J’ai lu « Le Clan du Sorgho » qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable.