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Les nouvelles chroniques de San Francisco – Armistead Maupin

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les nouvelles chroniques de san franciscoCertes, Les nouvelles chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin sont un peu datées ces chroniques mais c’est tout de même un portrait pétillant et émouvant de Frisco dans les seventies quand les beatniks viraient punk et que les locataires du 28, Barbary Lane, cherchaient un peu de tendresse et d’amour dans un monde de sexe, de drogue et d’argent trop  facile. Un bon bol d’air pur pour les âmes chagrines.

« C’est une maison bleue, adossée à la colline », non, probablement pas, mais ça aurait pu… Au 28, Barbary Lane, chez Madame Madrigal, vivent des jeunes qui sont un peu comme les enfants de la logeuse et qui s’ennuient un tantinet entre un joint partagé avec celle-ci et un rail sniffé à l’occasion ou une galipette amoureuse, un peu trop rare à leur avis. L’amour ne pleut pas si dru que ça sur le secteur, même si les jambes sont légères et les esprits très ouverts. L’atmosphère est un peu pesante, des événements récents plombent l’ambiance. Alors Mary Ann, la secrétaire sexy, invite son voisin, Michael, Mouse, son ami homo, à faire une croisière au Mexique. Mona, plaque tout et part se ressourcer dans le désert. Brian passe ses nuits à mater la voisine qui exhibe ses charmes dans la tour d’en face. Et ce, pendant que la famille Beauchamp, propriétaire d’une agence de comm’ lucrative, approche de l’explosion quand DeDe avoue à son mari que les jumeaux qu’elle s’apprête à expédier dans notre monde ne sont que le fruit de ses galipettes éphémères avec un Chinois de circonstance. Damned !

Et, il va leur en arrivée des aventures à ces jeunes qui n’arrivent pas à trouver leur place dans cette société libérée mais factice. Toutes ces histoires sont certes haletantes mais totalement déjantées et si peu crédibles, mais on s’en fout car ce qui compte dans ce livre c’est toute la tendresse, tout l’amour mais aussi tout le désespoir et le désarroi que ressentent les personnages. C’’est aussi cet énorme contraste entre un monde d’apparences, celles des classes anciennes franchement coincées et celles des nouveaux riches, ou en passe de l’être, qui malgré la tolérance, l’anticonformisme, l’excentricité qu’elles affichent sont, dans le fond, très préoccupées par des sentiments de midinettes et des valeurs de grenouilles de bénitiers, et les réalités sentimentales qui enflamment, bouleversent, désespèrent ses jeunes en mal d’amour. Maupin a réussi à tricoter un roman bourré d’humanité sur fond de virtualité engendrée par la drogue, le sexe sans amour et l’argent trop facile.

Dans ce roman, construit essentiellement sur des dialogues magnifiques qui pétillent, qui croustillent, qui fusent et qui prennent souvent le lecteur à contre pied :

–          «- Votre… mère est au courant ?

–          Non

–          Je croyais qu’elle disait que sa mère vivait dans …

–          Je ne suis pas sa mère, Brian, je suis son père. »

L’auteur, à grands coups de dérision, nous envoie un message de tolérance certes mais surtout d’espoir et d’humanité, les pires fléaux ne sont pas forcément définitifs, il y toujours, à Frisco, une porte ouverte, même si elle n’est pas toujours d’or, vers un autre avenir possible et souvent meilleur. « Ris tant que tu veux et pleure tout ce tu as de larmes en toi, siffle les beaux mecs dans la rue et que ceux qui pensent que tu es une pauvre idiote aillent se faire foutre ! »

Un portait pétillant et émouvant, tout à la fois, de Frisco quand le « Flower Power » virait punk et que les beatniks commençaient à se percer le nez, que l’apéro était souvent constitué d’un rail ou d’un joint, que tous les sexes se mélangeaient gaiement… et il n’y en avait pas que deux, que l’hétérosexualité semblait réservée à la perpétuation de l’espèce. Mais un portrait tout en nuances, touchant, jamais vulgaire ni provoquant même s’il parle de sexe, de drogue et d’amour.  Un portrait plein d’images puisées dans de très nombreuses références cinématographiques que l’auteur distille à longueur de page.

Mais, Dieu, que c’est daté, connoté, on a l’impression de faire un voyage dans un autre temps, celui qui ne connaissait pas la crise, l’apogée des « Trente Glorieuses ». Le temps où j’étais encore jeune et insouciant, où je croquais la vie avec la mode qui venait de tout là-bas, sur les bords du Pacifique. « Alors peut importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » et que tout ceux qui n’ont pas le morale boivent une grande lampé de Maupin millésimé seventies !

Denis Billamboz

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