Chaque pays est héritier de son histoire, en Thaïlande plus que nulle autre part ailleurs. J’évoquais hier la prostitution, bien que ce mot ne soit pas vraiment utilisé ici dans son assertion un peu crue, il faut dire qu’officiellement, elle n’existe pas non plus. Les mots en Thaïlande ne sont-ils pas plutôt faits pour habiller et faire plaisir que pour blesser ?
Je ne vais pas remonter le cours de l’histoire et expliquer la polygamie (Chulalongkorn le bien aimé, ses 150 « femmes mineurs », sa flopée d’enfants… plutôt moins que Mongkut son père d’ailleurs, les pauvres des campagnes venant offrir leur fille ou leur sœur aux désirs du roi avec faveurs royales en retour..). De cette polygamie reste aujourd’hui – chez nobles et riches – le goût de l’exhibition de leur « mia noï ». Elles sont la preuve de leur statut. Plus tard il y eut l’immigration chinoise et l’installation officielle de la prostitution. Plus tard encore les GI’s américains. D’abord taxée, la prostitution (comme le jeu et l’opium), fut vite détournée (puisqu’elle n’existe pas) « Les pots de vin coutent moins cher que les taxes » (Federico Ferrara) « Et surtout, tout le monde en profite et pas seulement l’état ».
Après le départ des GI’s le gouvernement a utilisé les mêmes structures hôtelières pour appâter un tourisme occidental à qui il promettait la gentillesse souriante de ses femmes.
C’est là qu’est né le slogan « Welcome to the land of smile » J’utilise rarement cette expression que je n’aime pas, étant donné son contexte. Le gouvernement façonna une image de la femme thaie, disponible, au service de, prête à satisfaire les désirs des visiteurs. ET ça a sublimement marché. « Chacun – surtout les pauvres, comme du bon temps du roi Chulalongkorn – était prêt à vendre sa femme ou sa sœur. Non plus aux faveurs royales mais aux touristes occidentaux. Rien ne change tout change, et pour reprendre une formule thaïe « same same but different » Boom touristique unique. Source de revenus fantastiques pour les propriétaires des salons et « autres » mais pas seulement. Source de revenus stables pour la police toujours mal payée. Mine d’or pour les aristos, les généraux, les hauts rangs, l’état officiel… l’argent a coulé de Bangkok jusqu’aux provinces et c’est grâce à cette manne redistribuée que la classe moyenne – proxénète sans le savoir – a pu bénéficier aussi longtemps d’une vie quasiment sans impôt ou du moins avec peu d’impôts. » Je cite toujours Ferrara.
Ces filles et garçons (ouvrez les yeux à Pattaya, Phuket) ont donc contribué en grande partie à l’enrichissement du pays. Et ceux qui les méprisent sont ceux qui en profitent le plus et jusqu’au plus haut niveau. Au mieux on prétend qu’ « ils » n’existent pas. En province on ferme les yeux (l’argent n’a pas d’odeur). Et par chance, aucun texte bouddhiste ne dénonce la prostitution. (« Ne pas prendre la femme de son voisin », c’est à peu près tout)
L’hypocrisie du gouvernement et des medias voulant restaurer une image pure de la Thailande – à vouloir inventer une « thaïness » – sont ridicules. Et puisque papa et maman s’en fichent laissons l’argent rentrer et piquons un petit coup de gueule quand une fille montre ses seins dans la rue ou chante de façon provocante.. Les riches avec les riches, les « khwaïs » avec les buffles et « les vaches seront bien gardées », pardon l’argent continuera de circuler. Restez pauvres, vous, les pauvres… pourvu que nous, l’ELITE, nous gardions notre statut. La masse appartient aux rizières, nous, nous occupons de business et de politique.
« La Thailande est un pays conservateur, les « ammart » avec leurs vêtements d’apparat, leurs décorations, leurs ors et leurs uniformes d’opérette ont vendu leurs enfants et ils ne leur en sont pas reconnaissants. Un pays dont la bucolique innocence a, depuis des lustres, été vendue. Thaïlande… métaphore de prostitution. »
Lorsque ma fille adoptive (je précise pour qu’on comprenne mieux… dans la vraie vie je n’utilise jamais ce qualificatif.) Ma fille, donc, à l’adolescence, et plus tard, jeune-femme, ne s’est jamais maquillée, Et vous savez pourquoi ? Pas besoin d’avoir le cerveau d’Einstein pour comprendre.
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Je m’appelle Michèle Jullian. J’aime les voyages, la photographie, l’écriture.
Voyager ce n’est pas seulement prendre l’avion ou parcourir la planète, c’est aussi voyager dans les livres, les deux étant l’idéal. Chaque voyage comporte sa part de découvertes et de déconvenues, lesquelles deviennent expériences, à partager ou pas. Voyager est une aventure de chaque instant. Mes repères sont en France et en Thaïlande où je réside « on and off ». J’ai écrit un roman « théâtre d’ombres » qui a pour décor la Malaisie et la Thaïlande …
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