J’ai ce privilège de pouvoir beaucoup voyager. C’est en moi depuis un de mes premiers voyages au Maroc. C’était en 2 CV. Une coccinelle rouge dont les sièges-arrières avaient été débarqués et remplacés par des sacs de couchage. Drôle d’idée pour un voyage de noces : Calais jusqu’au désert du Sahara, via le détroit de Gibraltar, Ouarzazate, Zagora. A la dure et en plein cagna de l’été. Alors le conformisme d’une honeymoon à Venise… laissez moi rire !
HanoÏ
J’ai fait de drôles d’escales et vécu plusieurs vies depuis… et surtout fait de sacrées rencontres avec des « dieux et des voleurs » comme l’écrivait sublimement Muriel Cerf. Flambées de passion, déceptions… avec, au bout du chemin, non pas la sagesse dont je n’ai que faire mais pas mal de temps accordé à la réflexion. Et surtout un vrai détachement, voire, du mépris, pour tous les conformismes, l’opinion publique, la pensée unique, enfin tout ce qui est formatage.
Donc… Je constate avec une certaine lucidité que j’ai tendance à accorder plus d’attention à la vie d’un village Karen ou aux tisserands d’une communauté de Vishnoïs au Rajasthan qu’à mes voisins de palier. J’ai tort. J’aimerais être aussi attentive au quotidien qu’à l’exceptionnel.
Lorsque je suis en Thaïlande.., j’accompagne mon « chéri » au temple. Je ne suis pas bouddhiste pour autant, cependant je ne m’en défends pas. J’ai même tenté de répéter après lui les textes sacrés en pâli ou sanskrit (langue ancienne de laquelle est dérivée en partie le thaï), le sanskrit, équivalent du latin, langue d’origine du français.
Lorsque je suis à Calais…j’accompagne mon père à l’église. A la messe du dimanche. Par respect. Parce qu’il a du mal à marcher. Parce que je pense lui faire plaisir. Est-ce que je suis catholique ? Oui sûrement.
Et tout à coup, parce que mes photos de Chefchaouen au Maroc sont exposées à la galerie Mondiaphoto, je pense à ce voyage de l’été dernier et à une rencontre avec un certain Mohssin.
Mohssin, propriétaire d’une galerie – qu’il appelait « d’art » – mais qui vendait de vilaines croûtes peintes par lui-même, Mohssin, nous avait donc invitées, un soir à dîner avec Yam, avec l’ambition cachée de nous vendre quelques-unes de ses œuvres. Mohssin, genre plutôt mauvais garçon mais musulman. La conversation fut très libre. Un musulman qui parlait avec deux mécréantes blondes dans son magasin le soir ! Bref, il nous avoua boire de l’alcool, et se taper des filles (pas marocaines hein ! étrangères)… propos tenus alors qu’il fumait pétard sur pétard ! Comme nous nous en étonnions en bonnes fausses « candides » que nous étions, il nous balança cette phrase superbe : « Je suis musulman car j’ai reçu l’islam en héritage ».
Tanger
Magnifique aveu qui m’autorise à admettre que, moi aussi, j’ai reçu le catholicisme en héritage.
Pour ne pas être trop longue et pour maintenir un certain suspens, je continuerai la suite d’une rencontre étonnante faite en ce dimanche à l’église St Pierre de Calais.
Toutefois je tiens à ajouter ceci : Vivre dans un monde où l’on « raisonne », pense, réfléchit par soi-même, me semble bien plus passionnant que de vivre dans un monde où l’on « récite » des slogans.
A demain
Galerie mondiaphoto, rue du Vauxhall à Calais, expo spectacle 13 janvier 2013
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