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Le Brésil à travers ses écrivains (Littérature brésilienne)

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Comment découvrir le Brésil, sa culture, à travers ses écrivains? Lire entre Sertao et Copacabana, ou une invitation pour un voyage littéraire au fil des mots de Joachim Maria Machado de Assis, Rachel de Queiroz, Heloneida Studart ou encore Jorge Amado…

bresil brazil

Lire entre le Sertao et Copacabana
 

Pour cette première étape brésilienne, car il y en aura une seconde, l’immense vivier littéraire local nous permet sans modération cette gourmandise, nous prendrons l’attache d’une compagne de route du Président Lula, Heloneida Studart, pour visiter quelques grands maîtres de la littérature brésilienne rangés derrière leur maître incontesté, Joachim Maria Machado de Assis, qui reste encore la référence littéraire locale incontestée. Nous réserverons notre seconde rencontre à Rachel de Queiroz qui a été, avec Maria Moura, l’une des plus grandes aventurières de la littérature mondiale et nous terminerons notre séjour dans les favelas de Salavador de Bahia sur les traces de Jorge Amado qui a tellement bien expliqué comment les gueux désertant le sertao sont venus s’agglutiner autour des villes, s’agrippant à un bout de sol avec quelques morceaux de bois et une tôle, malgré la violence des forces de l’ordre.

 


 

Le bourreau d’Heloneida Studart  


 

Heloneida Studart (1932 – ….) raconte l’histoire d’un tortionnaire brésilien au temps de la dictature du nom de Carmelio, abandonné par sa mère qu’il n’a jamais connue et qui, à son tour, abandonne sans soin sa tante en phase terminale d’un cancer. Carmelio est un homme de main sans scrupule et sans états d’âme qui commet les pires atrocités sous les ordres de son supérieur hiérarchique au sein de la police, afin de faire parler les opposants arrêtés et décimer ainsi toute forme de résistance à la dictature en place. « Ne le laisse pas mourir, Carmelio. Il ne le mérite pas. Etire sa punition, allonge-la au maximum. Il faut qu’il maudisse le jour de sa naissance. »

Mais, quand Carmelio est envoyé dans le Nordeste pour éliminer un opposant, il tombe follement amoureux de la fille qui aimait tout aussi follement le pauvre homme assassiné. Et, à son retour à Rio, il commence à culpabiliser pour les exactions qu’il a commises. Ses nerfs craquent, il devient malade, le fantôme de ceux qu’il a torturés le hantent et il voit, dans ses délires sa mère, qu’il n’a pourtant jamais connue, lui apparaitre et lui reprocher ses actes barbares.

Afin de chercher le pardon et la rédemption, il part en pèlerinage avec la fille dont il est tombé amoureux et va rendre hommage à un saint hérétique que les pauvres vénèrent, car l’église officielle n’est autre que le plus fidèle suppôt du régime. Heloneida nous entraîne alors dans un pèlerinage en forme de chemin de croix au cours duquel la petite troupe rencontre ce peuple incroyable, fossilisé, qui peuple le Nordeste, région où le soleil a tout mangé ne laissant que la misère aux êtres égarés dans cet océan désertique et sec. On s’attend à voir surgir, au détour d’une page, Maria Moura le bandit justicier du Sertao inventé par Rachel de Queiroz.

Heloneida Studart nous propose un livre engagé, elle a été, elle-même,  arrêtée en 1969, elle est une proche de Lula et elle est régulièrement élue députée depuis 1978. C’est  tout d’abord un livre qui dénonce les abus de la dictature, la confiscation du pouvoir par les hommes, les blancs, les riches avec la complicité de l’église officielle, la répression aveugle, brutale, sanguinaire, bestiale conduite par la police comme dans le fameux film « Pixote ». Un livre aussi pour témoigner de la misère qui frappe les plus démunis, les noirs et les femmes.

Dans ce livre, il y a également l’histoire très forte de ce tortionnaire qui recherche sa mère à travers les femmes qu’il rencontre. Une mère qui l’a abandonné mais qu’il idéalise et qui essaie de le ramener dans le droit chemin quand elle le surprend dans ses délires. La femme occupe une place importante dans cet ouvrage. Heloneida Studart est aussi une grande voix féministe au Brésil et elle dénonce le sort qui est réservé aux femmes par ses machos qui  veulent tout régir à tous les échelons de la société.  « Je n’ai pas fait des filles pour les livrer à un autre homme. » Même riche, la femme n’en reste pas moins la victime de cette société de brutes sauvages et sanguinaires tout droit sortie des œuvres de Fadanelli, Quiroga, Francesco Vallejo, ou de nombreux autres auteurs latino-américains qui ont dénoncé la violence des pouvoirs autoritaires et cupides.

L’auteur réserve aussi  un traitement particulier à l’église qui est, selon lui, totalement compromise aux côtés des dictateurs et soutient fermement le retour à un certain paganisme mâtiné de catholicisme qui sert d’exutoire à  la misère et ultime espoir de ces pauvres hères en perdition brûlés par le soleil et broyés par les autorités. Il conviendrait peut-être de relativiser tout ça, car « l’évêque rouge de Rio », Dom Helder Camara, n’a pas toujours été aux côtés des dirigeants mais c’est une autre histoire…

Même si dans sa plus cruelle aridité le Sertao ressemble plus à l’enfer qu’à un lieu d’espoir, il recèle néanmoins cette magie propre à tous les déserts et cette spiritualité qu’imposent la solitude et l’immensité.

 


 

Dom Casmurro et les yeux de ressac – José Maria Machado de Assis


 

Aujourd’hui, peu connu du grand public, José Maria Machado (1839 – 1908) de Assis est pourtant l’un des plus grands écrivains brésiliens et même l’un des piliers de la littérature lusophone. Dans ce roman, il évoque les remords de Dom Casmurro, un homme discret et renfermé, qui décide d’écrire ses mémoires pour libérer sa conscience. Destiné à la prêtrise par sa mère, il convole avec son amour d’enfance mais est rapidement miné par la jalousie. Par ailleurs, il ne peut se pardonner son attitude et voudrait l’évacuer par ce récit de l’enfermement qui le mure dans son erreur et sa solitude. Ce livre, publié en 1899, est d’un grand modernisme, la construction en chapitres très courts est novatrice et l’écriture fluide en rend la lecture particulièrement agréable. Machado de Assis est passé à la postérité littéraire pour la qualité de son écriture et la pureté de son style, tout autant que pour les histoires qu’il rédige.

 


 

Maria Moura – Rachel de Queiroz


Quand elle a écrit ce livre Rachel de Queiroz (1910 -2003) était déjà une dame d’un certain âge, elle avait plus de quatre-vingt-ans, elle a dressé le portrait d’un véritable Robin des bois en jupette. Robin promenant sa carabine sur le sol sec et dépouillé du sertao brésilien afin de détrousser les riches et donner ainsi une maigre pitance aux pauvres hères qui survivent à coup d’expédients sur ce sol stérile. Tout destinait cette femme à devenir la maîtresse d’un grand domaine et pourtant elle a pris les armes pour conduire une troupe d’hommes à la poursuite des voyageurs qu’ils rançonnent. Manipulatrice et sans scrupule, elle joue avec les hommes de façon à réguler les ambitions des plus envieux et les audaces des plus amoureux. Cette femme romanesque, mystérieuse, impitoyable, un brin cynique est à la démesure de ce désert du Nordeste brésilien, une démonstration pour l’auteure de prouver que les femmes peuvent aussi prendre le pouvoir et l’assurer par la force et la violence. Un livre épique que j’ai beaucoup aimé et que je n’ai pas souvent posé  avant de l’avoir terminé.

 


 

Les pâtres de la nuit – Jorge Amado


Jorge Amado (1912 – 2001) est peut-être l’auteur brésilien le plus connu, ses œuvres ont été traduites en de nombreuses langues et la télévision brésilienne a largement puisé dans les multiples œuvres qu’il a écrites. Et cet ouvrage, « Les pâtres de la nuit », est un roman dont la réputation n’est plus à faire. C’est l’histoire de sa ville, Salvador de Bahia, où il a longtemps vécu, l’histoire des plus déshérités, l’histoire des bas-fonds, des noirs, des métis, des crève-la-misère. L’histoire du caporal Martin et de son mariage rocambolesque, de Curio et de ses passions impossibles, l’histoire de l’Ygrec, l’intello, de Tiberia, la tenancière d’un bordel puisqu’il en faut bien une dans cette faune grouillante. Mais, pour moi, c’est surtout un excellent manuel de géographie humaine qui explique avec une grande précision comment se sont constituées les favelas autour des grandes villes brésiliennes. Et pourquoi ne pas parler de la tendresse et de la poésie qui habitent ce roman où on n’attend, a priori, que la violence des opprimés se libérant du joug des oppresseurs. Une immense lecture.

 

Denis BILLAMBOZ

Denis Billamboz

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