Découvrez le Mexique à travers ses auteurs et notamment une littérature empreinte de violence sur fond d’une histoire lourde et complexe…
Lectures de pistoleros
Au Mexique, nous sommes dans une littérature empreinte de violence en nous dirigeant directement vers le Nord, vers le vaste Mexique, où la révolution et les pistoleros constituent une véritable institution, un mode de vie, une façon de prendre et d’exercer le pouvoir… et, bien sûr, un puits d’inspiration littéraire inépuisable. Pour ce voyage dans cette littérature remplie de violence, nous prendrons la compagnie de Guillermo Fadanelli dont les nouvelles que j’ai lues sont un excellent exemple de l’expression de cette brutalité gratuite que seul un immense désespoir peut expliquer à défaut de la justifier. Et pour compléter cette étape dans pays
aride et brutal, nous visiterons un candidat aux prix Nobel depuis plusieurs années, le grand écrivain mexicain Carlos Fuentes, un grand chantre de la révolution Paco Ignacio Taibo II et un écrivain méconnu mais talentueux, Jorge Ibarguengoitia dont le nom évoque, à n’en point douter, des origines basques même si elles sont lointaines.
Guillermo Fadanelli
Un scorpion en février
Guillermo Fadanelli, auteur mexicain né en 1963, écrit des nouvelles comme Schubert compose de la musique : en morceaux très courts, les fameux Stücke Musik. Mais les morceaux littéraires de Fadaneilli, que l’on ne peut qualifier de nouvelles tant ils sont brefs, n’ont absolument rien de romantiques, bien au contraire, ils n’évoquent que la violence gratuite, la médiocrité de la vie et la puérilité des êtres qui s’efforcent d’exister dans un monde sordide où l’amour n’est qu’un exercice charnel exécuté des plus perverses façons : pédophilie, viol, nécrophilie, etc. … Toutes les horreurs figurent dans ce bref recueil de cent trente pages pour dix-neuf récits où deux
ou trois nouvelles ont tout de même un caractère un peu plus émouvant et même assez pathétique malgré une ambiance toujours aussi sordide.
Ce recueil est un peu comme la page de garde de toute une littérature latino-américaine qui ne trouve plus aucune raison de vivre dans un monde trop injuste et noie son désespoir et son désenchantement dans la violence et les pratiques sexuelles les plus abominables comme pour se venger de l’existence qui est imposée à ce peuple de misère. Ces récits rappellent l’atrocité de certaines nouvelles de Quiroga, le désespoir cynique de Vallejo (Fernando pas François) et bien d’autres écrivains du continent : Galeano, Onetti, Roa Bastos, Scorza, Arenas, Arriaga … ils sont aussi un hommage à la mémoire d’Arguedas qui n’a pas pu supporter cette vie qu’il a décidé de quitter prématurément. « Merde, maudite soit-elle, ça c’est la vie ! »
Tous les morceaux de ce recueil ne sont pas de la même qualité et on ne peut s’empêcher de penser que cette livraison a un peu servi à calmer l’impatience de l’éditeur.
Carlos Fuentes
Le vieux gringo
Dans ce roman, un peut-être futur prix Nobel de littérature raconte l’histoire d’un journaliste et écrivain américain qui s’est rendu au Mexique pour s’enrôler dans les troupes de Pancho Villa mais qui s’est vite retrouvé dans celles de son adversaire où l’on perd définitivement sa trace. Tous s’interrogent sur les motivations de ce vieux gringo qui semble avoir recherché volontairement la mort au combat ou n’importe où ailleurs. Carlos Fuentes (1928 – …) nous plonge dans l’histoire mexicaine…
Paco Ignacio Taibo II
Le rendez-vous des héros
Vaincu et hospitalisé après les mouvements de mai 1968, le héros veut obtenir sa revanche et convoque à
son chevet tous les héros de ces lectures anciennes. La palette est très large, elle comporte aussi bien les mousquetaires de Dumas, que les chefs indiens, la Brigade légère, les Mau-Mau, les Tigres de Malaisie, … un vaste panorama de toutes les icônes qui ont constitué les légendes héroïques réelles ou imaginaires.
Jorge Ibargüengoitia
Ces ruines que tu vois
Ce grand écrivain, Jorge Ibargüengoitia (1928 –1983), décédé dans un bête accident d’avion, n’a connu une certaine reconnaissance qu’après sa mort. Dans ce roman, il invente une ville, maintenant en ruines, qui pourrait être l’épicentre de la «mexicanité » et qui serait en fait une métaphore de la destruction des valeurs qui ont fondé ce pays et de la déchéance de l’humanité en général qui s’effrite et tombe en ruines elle aussi.
Denis BILLAMBOZ