J’ai fini par atterrir à Marrakech, même si je n’ai pas encore raconté la route. Ville grouillante. Une place Jama El F’na, si célèbre et bien décevante. Des échoppes, quelques animations, beaucoup de femmes proposant des tatouages au henné. Marrakech n’est pas ma ville préférée, et je crois que mes deuzelles n’ont pas particulièrement apprécié cet endroit là. Mais j’en parlerai une autre fois.
Non, ce qui me revient, ce qui fut sans doute le meilleur moment de cette étape, c’est la villa Majorelle, petit morceau de poésie au milieu de l’urbain.
Majorelle la belle, l’intemporelle, de bleu et de ciel. Un instant apaisé au cœur d’une ville agitée. Au plus torride, alors que l’été grille, une cathédrale de verdure ombrage des allées patinées. Patinées, par le temps, par les pas à peines posés des visiteurs. Ici, on retient son souffle, pour laisser la brise froisser les feuillages, pour ne pas troubler la quiétude du lieu.
Même la carpe Koï, blanche, blanche dans une eau sombre, lambine quand elle cherche sa pitance. Elle s’ébat blanche au milieu des poissons rouges.
Et la brune s’est recueillie, quelques secondes, là où un panneau « Silence » laisse la mémoire de celui qui, longtemps, veilla à ce que la magie du jardin ne se fane pas.