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Maman Jeanne – Daniel Charneux

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Daniel Charleux explore son passé en Belgique pour faire revivre Maman Jeanne, qui pourrait être sa grand mère, et qui connut une vie de misère, de frustration et de résignation après la mort de son mari et la naissance d’un enfant naturel, comme on dit, dans ces cas là. Un livre plein de tendresse et d’émotion écrit avec un grand talent et une heureuse sobriété.

Maman Jeanne (Daniel Charneux, livre roman)Que d’émotion, de tendresse, de pitié et de résignation, car à quoi bon se révolter, dans ce petit livre où Daniel prête sa plume à Maman Jeanne pour raconter son histoire, sa triste histoire, la vie d’une pauvre femme mariée par son père avec un alcoolique, vite décédé, qui la laisse seule avec ses enfants que la belle famille veut bien nourrir, mais, elle, il fui faudra désormais subvenir à ses propres besoins.

Alors, elle prend le chemin pour se mettre au service d’un autre puis d’autres encore et, ce qui arrive souvent dans ces cas là, un nouvel enfant paraît qu’on ne peut pas conserver avec soi car il incarne le péché et stigmatise la mère qui est rejetée et celui qu’on pourrait désigner comme père. Alors, il faut cacher l’enfant dans une bonne famille qui l’éduquera bien mais pour cela il faut payer et trimer pour payer mais, surtout, il faut oublier, se résigner à voir l’autre mère prendre sa place, recevoir les cadeaux et les baisers.

« Remplacée, gommée dès le début. » Maman Jeanne souffre, pleure, mais ne se révolte pas, elle se sacrifie pour que cet enfant n’ait pas une vie comme la sienne où seul le travail et la frustration viennent troubler la douleur de l’abandon. « … elle m’a jamais dit « maman » »

Ce récit m’a ramené loin dans mon enfance quand j’étais môme dans ma campagne, quand la religion rythmait nos vies comme celle de Maman Jeanne, distribuant les punitions, pardonnant, terrorisant, stigmatisant, bannissant. Cette religion qui fournit un espoir de vie meilleur dans l’au-delà et justifie les peines supportées dans ce monde présent et qui sert trop souvent d’alibi à ceux qui veulent imposer leur loi.

Comme on a envie de la serrer dans nos bras cette pauvre femme victime des mœurs de son temps, de l’obscurantisme religieux, du mépris pour la femme, de la cupidité. Comme on a envie de lui dire qu’elle n’a pas raté sa vie, qu’elle est une sainte dans la religion qu’on lui a choisie, qu’un jour un de ses petits fils viendra à sa rencontre sur le chemin de son passé et lui dira ce qu’elle attend depuis trop longtemps. « J’aurais bien aimé l’entendre me dire un jour : « Maman… maman Jeanne… »

Ce livre m’a aussi remémoré « La faute de Jeanne Le Coq » d’Antoon Coolen, non pas pour le style, je ne voudrais imposer cette comparaison à Daniel Charneux, mais pour le contexte et les thèmes développés. Mais, si l’émotion m’a mouillé les yeux à la lecture des malheurs de Maman Jeanne c’est aussi parce que l’auteur manie la langue avec une grande précision et une grande justesse. Seuls les mots nécessaires sont écrits pour faire sourdre l’émotion et attiser les sentiments. Et, on se sent tous les enfants de cette Maman Jeanne qu’on voudrait tous aimer.

Denis Billamboz

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