Demain, Lumière entrera dans une cabine de photomaton comme on entre en enfer : toutes les photos la montreront nue, saccagée par une ombre menaçante. Menaçante ou amoureuse ? Derrière le mécanisme pervers, c’est l’amour qui guette, un amour aussi vorace que la mort. Cet amour dessiné au fil du rasoir, on le retrouve dans les six autres textes de cet étrange recueil, depuis l’amour ambigu d’un satellite tueur pour son technicien jusqu’au florilège abominable qui donne son titre au livre. Car si manger ou être mangé résume toute notre vie, c’est aussi la façon ultime et absolue d’aimer l’autre. Bon appétit, lecteur !
Quel titre ! Je dois avouer que c’est celui-ci qui m’a attiré avec bien sûr l’illustration de couverture. Ce recueil de nouvelles datant de 1983 est pour moi une découverte et une bonne surprise. Les récits sont tous passionnants et vraiment originaux. De plus l’écriture de Philippe cousin de par son pessimisme et son horreur qui ne verse jamais dans le gore fait un peu penser à celle de Ray Bradbury, la poésie en moins mais l’humour en plus. C’est en effet la caractéristique de chacun des textes de ce livre. On frôle l’horreur sans jamais y verser grâce à une ironie et un cynisme omniprésent. En cela, Mange ma mort fait aussi un peu penser à l’esprit caustique et profondément neurasthénique d’un Jacques Sternberg.
Que faire quand la terre rétrécit ? Quand un enfant matérialise ses rêves ? Quand une chose cachée sous la terre vous suit pas à pas ? Sept nouvelles que je qualifierai de succulentes.
Je suis étonné de ne jamais avoir entendu parler de cet écrivain talentueux. Dans la même collection deux autres recueils de nouvelles écrits en collaboration avec Jean-Pierre Andrevon sont disponibles dans la même collection (en occasion). Je viens de mes les procurer.
Je vous conseille ce superbe bouquin. Il donne une bonne idée de ce que peut être la science fiction française quand elle n’essaie pas d’imiter l’anglo-saxonne. Science-fiction est d’ailleurs un mot qui ne colle pas vraiment à ce livre. Fantastique baroque conviendrait sans doute mieux.
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