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Mausolée de Rouja Lazarova ; souvenirs de la Bulgarie communiste (Littérature bulgare)

Rouja Lazarova écrivaine bulgare

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Mausolée, Rouja Lazarova raconte la vie de trois femmes, la grand’mère, la mère et la fille en Bulgarie, sous le régime communiste, à l’ombre du mausolée érigé en l’honneur du père fondateur du régime, Gueorgui Dimitrov. Elle évoque toute la haine accumulée au cours de ces années par ces trois femmes sous la botte implacable de Jivkov et ses sicaires., l’empire de la stupidité, de la bêtise et de la méchanceté … Un devoir de mémoire en l’honneur de Peter, Sacho et tous les autres morts pour rien. Un roman de la littérature bulgare pour explorer le communisme en Bulgarie et le sens de la mémoire !

Roman …, l’éditeur nous indique qu’il s’agit d’un roman, mais à la lecture, on a bien l’impression mausolee Rouja Lazarovade lire la biographie de ces trois femmes, Gaby, la grand’mère, Rada la mère et Milena, la fille. Ou peut-être s’agit-il de la saga balkanique de cette famille sofiote à travers trois générations à l’ombre du mausolée érigé en l’honneur du père fondateur de la république socialiste Gueorgui Dimitrov, de la construction de celui-ci à sa démolition, de l’instauration du régime communiste à sa chute en deux épisodes, de la fin de la deuxième guerre mondiale à l’avènement du deuxième millénaire de notre ère.

A travers toute une série de petites scènes de la vie courante ou de la narration d’événements moins ordinaires, Rouja nous promène au sein du régime communiste et de toutes les aberrations et inepties qu’il a inventé pour réduire les Bulgares à une vie de misère et de trouille ponctuée d’événements tragiques comme la disparition de Peter, le père que Rada ne connaîtra jamais, en 1944, ou celle de Sacho le violoniste en 1964. «Par son activité de jazzman, Peter Zakhariev a contribué au divertissement des nantis capitalistes, au pourrissement de l’esprit prolétarien, à l’aveuglement des masses ouvrières. » Et certains croient que la connerie aurait des limites !

Rouja ne nous apprend pas grand chose de nouveau sur le régime communiste. « De la bêtise ou de la méchanceté ? La question que nous nous sommes posée quarante-cinq ans durant, jusqu’à perdre toute notion de ce qu’était la bêtise ; la méchanceté en revanche, on la connaissait de mieux en mieux. » Et, de nombreux écrivains de l’Est nous l’ont déjà raconté dans d’excellents ouvrages même si Jivkov et ses sbires ont été particulièrement dociles aux ordres de l’ours voisin et particulièrement zélés dans l’application des théories les plus absconses. L’omerta bolchévique, la honte, l’impuissance, la colère contenue qui se déverse au sein de la famille, l’humiliation, cette paranoïa qui s’instaure jusqu’au creux de l’âme, tout cela nous l’avons déjà lu … mais il faut le dire encore pour ne pas l’oublier.

Plus intéressante est l’analyse de la transition qui s’opère au sommet de l’état au moment du changement de pouvoir, au moment où les apparatchiks deviennent de vrais voyous et font régner la terreur pour s’enrichir sans vergogne aucune. Plus intéressante, encore, est cette dissection de la paranoïa dont « … nous ne pourrons jamais nous (en) débarrasser. Nous la portons comme une modification définitive de l’ADN. » Cette plaie béante, ces stigmates portés de la fleur de la peau jusqu’au fond du cœur qui ne supportent plus l’évocation de ces bourreaux et qui n’acceptent pas que des gens, prétendus amis, aient pu croire en ce régime de détraqués. Décidément la révolution exprime toujours un sentiment de trop, d’insupportable, une volonté de changement, de bouleversement, mais ce ne sont pas toujours les mêmes qui oppressent et sont oppressés … Montaigne, l’avait bien dit, autres temps, autres lieux, … « Je ne pouvais supporter le mot « communiste » employé aussi souvent … A Paris, les attributs et les emblèmes de nos bourreaux étaient devenus des gadgets à la mode. »

Il ne manque qu’une bonne intrigue à ce roman pour en faire un bon livre et qu’on ne confonde pas sans cesse l’auteur et l’héroïne qui ne sont après tout, peut-être, qu’une seule et même personne ? L’auteur est trop impliqué dans ces scènes de la vie communiste pour ne pas les avoir vécues … au moins partiellement.

Denis Billamboz

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