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Moïra de Julien Green : voyage au coeur de l’Amérique puritaine

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Petit voyage au coeur de l’Amérique puritaine du début du siècle dernier où la jeunesse doit faire face au dilemme entre la foi et la chair, les plaisirs de l’amour et l’espérance en la rédemption lors du jugement dernier.

 

« Moïra est celtique et le tréma que j’ai ajouté, …, donne la prononciation exacte, de cette forme irlandaise qu’a prise le nom de Marie …. Que Moïra soit également un des noms donnés par les Grecs au destin, c’est là une rencontre que je n’ai pas cherchée, mais dont je ne saurais me plaindre. » Effectivement, ce titre résume bien tout le roman de Green, le destin qui vient frapper cet étudiant rouquin descendu de ses collines pour poursuivre ses études dans cette petite ville de Virginie où il va rencontrer des camarades qui vont essayer de l’éveiller aux choses du monde et de la vie.

Mais, ce petit pauvre, hypersensible, puritain à l’extrême et naïf comme un enfant, ne peut supporter que ses collègues évoquent les choses de la chair, même seulement pour les nommer, qui les agitent tous à cet âge. Il se réfugie donc auprès de son ami qui veut devenir pasteur, pour ne pas sombrer lui aussi dans les travers charnels qui l’aiguillonnent et le terrorisent. Mais, son ami aime une fille et sombrera donc, un jour, dans des activités lubriques qu’il ne peut supporter ni même concevoir, jusqu’au jour ou son destin bascule quand l’impudente Moïra pénètre dans sa vie.

Ce livre peut-être autobiographique même si Green le refuse, est un combat de la foi contre la chair en ébullition, de Dieu contre le diable qui agite nos hormones. Il soulève quelques questions fondamentales : comment aimer en gardant la foi ? comment aimer sans se corrompre ? comment vivre sans aimer ?

En filigrane, se pose aussi la question de l’homosexualité, le héros est courtisé par des garçons, il fascine, il attire, il séduit sans s’en rendre compte. La chair est repoussante quand elle est féminine mais la possibilité d’une relation homosexuelle n’est jamais évoquée donc jamais crainte, ni jamais condamnée. Cependant l’homosexualité est toujours très présente même si elle n’est que sous-entendue.

Le combat à la mort et à la vie de la foi puritaine contre le démon de la chair conduira notre étudiant jusqu’au bout de son fanatisme pour gagner, il l’espère, sa rédemption et garder la certitude de compter parmi ceux qui seront sauvés lors du jugement dernier.

Un livre simple, clair, peut-être un peu trop démonstratif où la chair n’est pas assez rebelle même si c’est elle qui mène le drame et dénoue la tragédie. Peut-être plus un témoignage qu’une histoire car une histoire ne laisserait pas tant de place à la pudeur et à certaines absences par trop révélatrices. Mais aussi un bel exemple d’obscurantisme religieux.

Denis Billamboz

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