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Monétiser un blog voyage professionnel ; une aventure passionnante semée d’embûches

toile d'araignée et perles de rosée

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Monétiser un blog voyage quel qu’il soit est un défi de tous les instants ! Cela ne devrait laisser aucune place à l’improvisation et pourtant, mon activité de blogueuse professionnelle n’a été qu’une succession d’improvisations, d’imprévus à pondérer, de choix anarchiques à reconsidérer, d’erreurs à corriger surtout en matière de  bonnes pratiques de référencement… L’équilibre est précaire et la patience s’impose comme un mode de fonctionnement contraint et forcé entre annonceurs et éditeurs.


En préambule : les évolutions sur internet sont constantes. Leur rythme est parfois tellement soutenu et le travail pour suivre les exigences de Google si important, que l’effort d’adaptation et d’acceptation du renouvellement permanent constitue l’une des principales difficultés de la monétisation dans le blogging. Les expériences rapportées sont simplement celles issues de mes propres choix depuis 2009. Ce qui était valable ou évident à l’époque ne l’est plus forcément à ce jour. J’ai vu de nombreuses tendances passer de mode. La seule solution qui n’a jamais vraiment changé de bases dans mon modèle et que je n’aie jamais arrêtée est Google Adsense.

Je n’ai jamais eu de honte, de gêne, ni de scrupules et questionnements moraux par rapport à la conversion d’un support amateur en potentielles sources de revenus. Diffuser des publicités dans le contexte d’un internet de plus en plus marchandisé que j’aie vu évoluer pendant 25 ans, ne me semblait pas remettre en question la qualité de mon travail, ni la pertinence de mes informations. Je m’efforce d’être toujours transparente et sincère quand je raconte mes expériences. Par conséquent, j’essaierai de donner des éclairages concrets sur mes revenus.

Je suis partie d’un principe simple : je sais qui je suis, ce que je vaux, sans prétention. Je connais mes limites et mes valeurs, donc ce que je suis capable d’accepter et d’exprimer ou pas pour obtenir de l’argent. Je n’ai pas de concurrents, puisque l’important est de bien informer les voyageurs et de les aider à faire de bons choix pour réussir leurs vacances. Consciente de ma mission, mon activité de blogueuse professionnelle pour qui la monétisation est une condition de survie économique, consistait à dégager des pistes pour générer des revenus. Idéalement, mon objectif était d’avoir un projet rentable, si on mesure le rapport entre chiffre d’affaires, charges, impôts et taxes et le coût pour l’investissement, la maintenance et le développement du site.


Après avoir décidé en février 2011 de fonder une entreprise sur la base déjà existante de mon blog IDEOZ Voyages, créé en 2009, pour obtenir un statut et déclarer un chiffre d’affaire, j’ai éprouvé les premières émotions plutôt positives et très rapides de l’entrepreneur qui génère des revenus même modestes. Au lieu de repartir de zéro et me poser les bonnes questions, j’avais choisi l’option selon moi la plus raisonnable. Faire avec ce que j’avais déjà entre les mains et croiser les doigts pour que la formule initiale fonctionne, y compris si j’avais la nouvelle contrainte de payer des charges et des taxes et d’effectuer des investissements afin de pérenniser mon entreprise.

A l’époque, je n’avais pas les moyens d’investir dans le développement d’un site, dont j’ignorais s’il pourrait générer des revenus avec lesquels je pourrais vivre de mon travail. Or, après avoir frappé à plusieurs portes pour me faire une idées des travaux à effectuer et du montant des devis pour la refonte graphique, la réorganisation de l’architecture et le référencement, j’avais été d’emblée découragée. J’étais dans l’incapacité d’assurer ces missions en autodidacte. Le devis du webdesigner s’élevait à 4 à 5000€ et j’identifiais mal en quoi ce type d’investissement pouvait tout changer comme il le prétendait.

En 2013, quand j’ai pris conscience de l’existence et de l’importance du SEO, les projections pour le référencement et l’amélioration de la visibilité de mon modeste site consistaient en un engagement sur trois ans pour essayer de positionner mon site sur une cinquantaine de mots clés. Leur jargon et leurs missions restaient pour moi du chinois, mais le prix suffisait à m’arrêter. 5000€ par an, soit 15000€ pour un investissement sur lequel on me promettait que l’amélioration évidente de mon trafic générerait des revenus bien meilleurs. J’ai bien fait de ne pas croire à ce raisonnement  simplificateur voire simpliste. Je devais donc ne compter que sur mes intuitions et sur les conseils sages et bienveillants de mon ami Philippe Scoffoni, devenu depuis entrepreneur et créateur d’Open DSI, spécialisée dans les logiciels libres.

A ce moment là, j’ai compris que définitivement, mon histoire avec IDEOZ serait surtout une histoire de confiance. Par rapport à moi-même, à mes choix et mes intuitions. Une aventure solitaire, dans laquelle Philippe interviendrait à quelques reprises en tant que sauveur face aux situations les plus urgentes ou menaçantes ou aux réflexions à mener pour franchir certains caps. Si modeste soit-il, chaque cap franchi m’a donné bien plus de satisfactions que l’amélioration de mes revenus.

Monétiser un blog voyage professionnel : une gageure?

Vivre d’un blog voyage professionnel est quasiment impossible sans activité complémentaire voire principale. A moins d’avoir une très importante influence permettant de nouer des partenariats rémunérateurs comme influenceur et de pouvoir créer des produits que l’on a le droit de vendre selon la réglementation du droit du tourisme, par exemple des ebooks ou des livres. Il faut aussi pouvoir construire une autorité assez importante pour être courtisé par les annonceurs qui veulent publier un article sponsorisé générant un revenu dont on a conscience qu’il ne donnera pas suite à des paiements réguliers.

Même parmi les voyageurs influenceurs, il semblerait que la motivation de la majorité soit surtout de voyager gratuitement, en participant à des voyages sponsorisés durant lesquels ils réalisent des articles promotionnels. Des salons du blogueur voyageur sont organisés depuis quelques années pour faciliter les prises de contact avec les offices du tourisme et les salons internationaux du tourisme peuvent aussi servir à la création de ces relations pour faire une publicité de la destination qui ne ressemble pas à de la publicité et qui coûte aux offices bien moins cher que le moindre spot à la télévisé ou dans une revue spécialisée. Ce ne sont pas forcément des vacances reposantes, car les blogueurs sont contraints (selon leurs expériences que j’ai pu lire) à des séances pros de plusieurs heures pour agrémenter les photos « dynamiques » et chaque jour ou presque, ils ont pour mission de publier des contenus sur leur blog en disant du bien, dans la mesure du possible, puisqu’en définitive, l Un choix qui ne m’a jamais intéressée et que je ne ferai jamais.

En appoint, un blog voyage peut apporter un revenu appréciable à condition de beaucoup s’engager et de se hisser à la hauteur du défi. En activité unique, je parlerais de survie sur le plan financier, car le chiffre d’affaires d’un blog comme IDEOZ est hyper fluctuant et ne peut s’appuyer sur suffisamment de ressources mensuelles régulières en dehors de l’affichage de publicités comme Google Adsense.

La précarité à tous les étages

Pour tester mon entreprise qui n’avait pas assez de ressources préexistantes et prévisionnelles, ma conseillère en création d’entreprise m’avait orientée vers le récent statut d’autoentrepreneur. Les démarches étaient encore ultra simplifiées, cela prenait quelques minutes de s’inscrire, d’obtenir un code NAF déterminant une charte d’obligations pour son activité. Une fois obtenu le numéro de SIRET afin d’établir des factures, l’aventure pouvait enfin commencer. Il suffisait d’établir un cahier des charges limité, déclarer le chiffre d’affaire chaque mois ou trimestre pour honorer ses cotisations et charges sociales et honorer la CFE (ancienne taxe professionnelle) à partir de la 2ème année d’exercice.

Le statut donnait droit à une couverture d’assurance maladie, bien qu’il donne des avantages minimes en réalité dans la plupart des domaines. Cela ouvrait la perspective d’une autonomie sociale si précieuse et difficile à conquérir. Beaucoup de blogueurs génèrent des revenus en estimant ne pas avoir à les déclarer, puisqu’ils ne sont pas très importants. En réalité, dès le premier euro généré même via un blog amateur, il faut déclarer ces ressources aux impôts et dès qu’une facturation est nécessaire pour percevoir ces revenus, ce qui est quasiment toujours le cas, il faut avoir un statut d’entreprise. Celui d’autoentrepreneur est le plus pratique, mais pas le seul et pas forcément le meilleur. Dans mon cas il s’est imposé rapidement.

Une fois que j’eus admis la durabilité probable de ma précarité financière, j’ai éprouvé les affres des contraintes sur mon statut juridique, peu enviable mais très contrariant pour d’autres. Pour des raisons plus politiciennes, une année durant, en 2013, j’ai ensuite vécu dans l’inquiétude permanente de voir mon activité disparaître à cause des discussions sur le régime d’autoentrepreneur, qui avait besoin d’une profonde réforme pour rassurer certains professionnels impactés par une concurrence déloyale.

J’avais beau comprendre la nécessité de réformes pour certains secteurs comme ceux des artisans, qui exerçaient sans toujours avoir une assurance ou de certificat de leurs compétences, je me demandais pourquoi mon activité devait être amalgamée et se voir imposé des contraintes inatteignables. Comme de nombreux blogueurs ayant opté pour ce statut pratique et sans trop de risques pour professionnaliser leur activité, mon sort dépendait du bon vouloir d’une ministre peu ouverte à la discussion et de politiciens pas toujours conscients des conséquences sur les entrepreneurs les plus modestes, mais qui croyaient bien faire en protégeant d’autres acteurs mécontents.

Après une année passée à ressasser que je pouvais disparaître du jour au lendemain sans être en cause, j’ai essayé de trouver des motivations pour continuer et apprendre à ne plus laisser les éléments extérieurs mettre en péril mon édifice. J’ai découvert qu’il faudrait se soucier des statistiques pour éviter que les visiteurs soient des passagers instantanés qui ne reviendraient plus s’ils ne sont pas conquis en moins de 3 secondes. Je devrais tout analyser pour comprendre ce que recherchaient mes visiteurs, apprendre comment il fallait draguer les moteurs de recherche pour les faire venir sur son blog grâce à des stratégies opaques d’optimisation. Fastidieux et démotivant au possible quand on comprend qu’un article n’est visité que par quelques personnes et que parmi ces personnes certaines l’ont quitté en moins de 10 secondes! Est-ce que j’écrivais donc pour rien? Je n’ai jamais trouvé de vrai modèle économique, donc j’ai défini des partenaires, sélectionné ceux dont les services me semblaient pertinents et j’en ai relayé certains avec l’hypothèse de percevoir une commission en cas d’achat. Ce système est probablement le plus banal et ancien du net, il s’avère aussi inconfortable qu’insatisfaisant, mais il m’a permis de commencer à devenir de plus en plus autonome.


Intermédiaire sur le web : recherche des partenaires et des revenus

Diffuser des publicités sur lesquelles on a un infime pouvoir de décision comme celles de Google Adsense est un exercice peu intéressant mais en apparence facile à mettre en place en collant un simple code au bon endroit. Si leur affichage assure un matelas aléatoire et opaque de quelques dizaines d’euros par mois grâce à un trafic déjà conséquent, encore faut-il déterminer les positions les plus adéquates et le taux susceptible de ne pas dissuader le visiteur qui confondrait un article avec une guirlande remplie de publicités clignotantes. Ces espaces publicitaires ont le mérite de permettre de débuter, sans avoir besoin d’être compétent en marketing, à condition que des outils comme Adblocks et consors n’aident pas à surfer sans subir la publicité et amputent largement cette ressource, tout en obligeant le blogueur professionnel à conserver un accès gratuit sur sa plateforme, sous peine de voir son blog déserté et ses efforts laminés. La généralisation prévisible de ces logiciels invite à ne pas s’en remettre à un modèle aussi incertain.

Devenir commercial et apprendre à vendre ce qu’on ne produit pas

N’ayant toujours aucun service ou produit à vendre directement, ma mission était de trouver ce que je pouvais vendre à des visiteurs ou à des annonceurs, des sites commerciaux en quête de visibilité et de promotion, pour percevoir de l’argent et idéalement gagner ma vie. Je n’étais plus seulement une blogueuse ayant eu la chance de voyager en Europe et aspirant à continuer pour alimenter son site, mais j’étais devenue une entrepreneuse obligée de vivre uniquement de son activité, de trouver tant bien que mal des sources de revenus si précaires et variables qu’elles pouvaient être décourageantes.

La monétisation de mon blog m’a plongée dans le monde de l’infomédiation et de l’intermédiation qui m’avait tant fascinée au début des années 2000, au point de décider de changer de sujet de thèse pour en étudier un modèle de communauté de consommateurs, appelé CIAO.com. Avoir étudié dans une démarche ethnologique et anthropologique les rouages de ce site et avoir du présenter le fonctionnement générique de ce modèle émergeant en Europe et promis à un grand avenir, ne me conférait pas de compétences ou connaissances particulières pour élaborer mon modèle économique.

Outre la diffusion classique de bannières publicitaires payées au trafic, je me suis inscrite auprès de diverses régies, afin de relayer d’autres types de publicités le plus souvent payées à la génération de lead (mise en relation avec un prospect/ inscription) ou à la commission sur les ventes et de plus en plus rarement au clic, double-clic ou à l’affichage pour 1000. Autant dire que l’attente fébrile de la moindre vente, assez rare et souvent sanctionnée par quelques euros seulement, façonne un quotidien indécis. Chaque système impliquant plusieurs intermédiaires me semblait très opaque dans son fonctionnement ; en particulier Adsense qui est pratique et facile à mettre en place, mais reste incompréhensible pour moi, sur la question du rapport financier des affichages calculé à partir du chiffre d’affaire réalisé auprès des annonceurs.

Ne pas pouvoir suivre sans m’y perdre les revenus potentiels étalés sur des mois et ceux validés au final par les régies est aussi frustrant que de toujours manquer de visibilité sur les modes de validation des transactions. Devoir franchir des paliers élevés de revenus pour activer la facturation ajoute une dose de frustration. On peut attendre jusqu’à douze mois chez certaines régies, voir les factures reportées à cause des relations pas toujours simples entre les régies et les annonceurs, ce qui est toujours au détriment de l’éditeur. Il faut accepter l’existence fréquente d’un intermédiaire omnipotent entre éditeur et annonceur, qui décide de l’essentiel et définit ses marges.

Que dire des annonceurs qui ferment leurs programmes et changent de régie constamment, obligeant à modifier manuellement tous les liens ou à changer les codes de script après une évolution ou un changement de campagne ?  Il y a d’ailleurs des régies chez lesquelles je suis depuis trois ou quatre ans sans avoir atteint encore un tiers de la somme. Booking est l’archétype de ce mode de fonctionnement exigeant patience et confiance sous réserves : il peut se passer des mois entre une demande de réservation, la finalisation par le passage du client, le paiement à Booking de la part du partenaire de ses propres commissions le mois suivant, la validation de Booking  et son traitement comptable, un mois et demi plus tard. Devinez donc quand je recevrais les 4€ prévus suite à la réservation que vient de réaliser un visiteur cette semaine pour la commande de deux nuitées en août 2017?!

Mes échecs en matière de ventes correspondent à une naïveté d’auteur, pas encore rédacteur web professionnel, qui oublie qu’il doit aussi désormais vendre, même indirectement. Le choix du bon partenaire reste très hypothétique, d’autant que tout ne fonctionne pas forcément aussi bien d’une année sur l’autre. Il faut apprendre à tourner les phrases pour vendre comme dans un spot publicitaire et cette contrainte s’ajoute à celle de draguer les moteurs comme Google pour les attirer régulièrement en suivant leurs conseils stratégiques et s’adapter à leurs exigences toujours plus nombreuses. Comment choisir les bonnes tournures, donner l’impression qu’un produit est incontournable, quand on n’a pas une formation de commercial?

Seul renoncement auquel je n’ai pas cédé : changer ma manière naturelle d’écrire pour appliquer les conseils de Google sur la lisibilité (nombre de mots maximal par phase, sauts de lignes pour ne plus construire des paragraphes comme dans un écrit papier). Je le paie, certainement, mais je n’arrive pas à écrire autrement et ne paierais pas pour apprendre, quitte à ennuyer les lecteurs… J’ai croisé quelques spécialistes en contenus web lors de recherches de conseils, j’ai demandé des devis pour essayer de corriger les principaux défauts qui rendaient mon style si peu accrocheur pour le lecteur lambda et peu pertinent sur un plan économique pour le client potentiel. Leurs services m’ont semblé prohibitifs (2500€ environ) pour une concession que moralement je n’étais pas prête à accepter.

Au-delà du caractère aléatoire et flou, la vente indirecte transforme le blogueur en commercial de services ou produits qu’il ne connaît pas forcément. Etre performant en ventes suppose d’avoir en général acquis la quasi intégralité des compétences de tous les métiers qui façonnent le blogueur professionnel parfait.


Ne pas avoir toujours le pouvoir sur ses clients ni la maîtrise de ses prix

Avec ma conseillère en projet d’entreprise,  j’avais cherché ce que je pouvais proposer en tant qu’entrepreneur pour ne pas conditionner mes revenus au bon vouloir des seules régies et à la versatilité de leurs annonceurs. Aussi, avais-je établi une grille de prix en vue de louer des espaces publicitaires, des publireportages et des liens dans des articles. A partir de ces tarifs, je pourrais vérifier les projections sur trois ans et ébaucher un semblant de business model sur lequel j’aurais un peu de prise.

Rapidement, j’ai compris que si on n’est pas un blogueur voyage influent, on fixe rarement ses prix et toutes les transactions ou presque ont fait l’objet de marchandages. Parfois, mes tarifs ont fondu de moitié ou plus, si je voulais toucher quelques revenus, alors que les prix avaient été pourtant un minimum étudiés pour me permettre de payer mes charges et d’espérer qu’il reste quelque chose après le paiement de mes frais d’infrastructures, de serveur, de noms de domaine et autres abonnements ou matériels nécessaires à mon activité! J’ai bien sûr reçu des offres comiques et parfois indécentes proposant le placement définitif d’un article sponsorisé à écrire en prime (sans mention donc en infraction avec la loi) pour 20 ou 30€ et on m’a proposé d’écrire « à la malgache » pour 5€ l’article!

La question de la présence des reportages sponsorisés s’est posée rapidement. Fallait-il accepter la publication d’articles sponsorisés écrits par mes soins ou fournis, contre rémunération ou se priver de ce potentiel marché au nom d’un principe moral? Où fixer les limites entre la nécessité de gagner de l’argent par le biais de cette publicité souvent déguisée et qui cherche absolument à le rester et la contrainte de publier des articles pas toujours cohérents par rapport à ma charte? Etais-je malhonnête intellectuellement sous prétexte qu’une marque payait pour apparaître sur un article dont je pouvais être l’auteur (ou pas)?

Les sources de revenus ne sont finalement pas si nombreuses et rarement, elles se sont additionnées les unes aux autres. Chaque année a vu un produit type se distinguer : les liens en page d’accueil faisaient fureur en 2011, ils ont été remplacés l’année suivante pour l’achat ou la location de lien dans des articles existants, avant que Google menace les sites effectuant ce genre d’achat et pousse vers le publireportage, lui-même aujourd’hui de plus en plus mal vu par Google qui entend défendre ses produits et met donc en péril les plus petits sites … Le plus souvent, les ressources se sont substituées avec plus ou moins de succès, rarement à mon avantage, toujours en fonction des diktats des moteurs de recherche qui fixent des règles pour protéger leurs marchés et des agences qui se partagent les restes.


Les solutions de monétisation pour un blog voyage amateur ou professionnel



Combien un blogueur voyage peut-il gagner en moyenne par jour grâce à son trafic ?

Première évidence qui s’est imposée au bout de quelques mois : le trafic ne fait pas tout, mais il contribue à garantir un revenu de base mensuel soumis à une saisonnalité et aux logiques propres à Google.  Gagner en trafic n’a pas fait exploser mes revenus. Souvent, les jours où je pulvérisais mes records de fréquentations (jusqu’à 30 000 pages vues par jour), je m’étonnais de constater que mes revenus étaient très bas. Rien ne vaut le trafic qualifié. Or, avec un système d’affichage de publicités classique, la qualification n’est pas rémunératrice.

Comptez un rapport entre 1 et 3$ en moyenne pour 1000 affichages

Le principal problème est la forte variabilité. Les divers événements, crises, peuvent affecter de façon importante ce rapport. Dans le domaine du tourisme, il peut être associé à la dimension de la saisonnalité, puisque certaines destinations ou certains services ne sont pas promotionnés toute l’année. Les éditeurs dépendent donc fortement de divers critères sur lesquels ils n’ont aucune latitude.

Comment générer des revenus grâce à un blog voyage?

Google Adsense ; l’affichage traditionnel de publicités

Autres publicités avec paiements à l’affichage ou au clic

Affiliations auprès de régies publicitaires ou en direct avec des partenaires

L’autre solution qui vient à l’esprit le plus rapidement quand on recherche une monétisation régulière, c’est l’affiliation.

Les articles sponsorisés, l’une des solutions de monétisation les plus simples

Vente d’ebooks et de livres

Retrouvez en détail les sources de monétisation d’un blog voyage comme Ideoz Voyages.


La construction d’une stratégie autour de la promotion des services de petits professionnels locaux


Une rencontre déterminante et la découverte du voyage sur mesure

Durant une période de doutes sur ma capacité à développer de nouvelles sources de monétisation, j’ai fait par hasard une rencontre stimulante sur un forum dédié au voyage. Nous étions courant 2011. Cette agent de voyage a été l’une de mes seules interlocutrices en 7 ans si j’exclus mon ami Philippe qui est le secouriste du site et partage surtout mes déboires techniques. Avec Sophie, j’ai partagé pendant quelques mois une connivence fondée sur un vrai partage et créé une relation intense, dont j’ai tiré des enseignements à plusieurs niveaux. Ses précieuses informations sur le marché du tourisme et le fonctionnement des agences de voyage m’ont planté le décor d’un monde professionnel dont j’ignorais tout, puisque je ne m’étais jamais intéressé aux acteurs du tourisme malgré mon goût des voyageurs. L’idée d’une collaboration comme conseillère voyage sur les destinations que je maîtrisais bien selon elle et qui lui permettaient d’élargir son offre s’est dessinée, quand je lui ai expliqué combien je galérais pour trouver des sources de revenus. Elle a entre-ouvert l’hypothèse d’une activité complémentaire enthousiasmante en tant que son “associée” informelle pour l’aider à se positionner dans le domaine du séjour à la carte.

Sophie, française, la trentaine, s’était établie en Bavière en raison d’une passion datant de l’adolescence pour l’Allemagne et sa langue. Après une licence d’allemand et des études en BTS tourisme, elle tentait d’implanter son agence de voyage francophone orientée sur le voyage sur mesure en Bavière. Selon elle, les agences physiques devraient pour résister à la concurrence grandissante d’internet, s’adapter et développer des services personnalisés. Son intuition se dirigeait vers le concept encore peu en vogue mais déjà émergeant du voyage sur mesure qui était cantonné à quelques agences s’adressant à des clients aisés. Elle voulait rendre ce concept plus accessible et surtout créer du vrai sur mesure et pas juste des formules prédéfinies et partiellement modifiées selon les demandes plus spécifiques des touristes. Etre itinérant sans se soucier des préparatifs et en étant actif et non pas juste un consommateur qui achète un produit tout fait. L’idée me semblait bonne et elle m’a convaincue de travailler avec elle pendant quelques mois pour tester jusqu’à ce que la fermeture de son agence probablement trop limitée en terme de cible, ait mis fin à notre relation.

En me définissant surtout sa vision personnelle de son métier et des voyageurs qu’elle voulait créer, je trouvais de forts échos à ce qui m’animait aussi sur IDEOZ. La possibilité d’une activité s’ébauchait de plus en plus ; elle à la manette pour les recherches des meilleurs hébergements et partenaires et en charge des réservations, des publications des vouchers, grâce à son statut ; moi en tant que conseillère lors des demandes de renseignements et à l’ouvrage pour réaliser des carnets de routes pratiques personnalisés pour les voyageurs. Nous nous sommes lancées sans trop réfléchir à partir de demandes que je recevais sur la Croatie et nous avons élaboré 5 voyages, ce qui a été l’une de mes meilleures expériences professionnelles. Cela a fonctionné jusqu’à ce que des réorientations dans sa vie personnelle l’éloignent de plus en plus de son travail et fragilisent notre collaboration.

Suite à des menaces du syndicat SNAV souhaitant la fermeture d’IDEOZ Voyages après une dénonciation d’une agence de voyage qui avait confondu le blog avec une agence, j’ai cru la dernière heure de mon blog arrivée. En effet, une loi récente dans le domaine du tourisme visant à protéger les agences de voyage en France changeait les règles subitement et m’interdisait ces activités de conseil en voyage sur lesquelles j’avais misé mes espoirs, pour mieux autoriser des associations, pas plus compétentes à vendre des voyages à leurs membres.

Selon le SNAV le fait de relayer des offres d’agences de voyage et de percevoir une éventuelle commission dans la vente faisait de moi une agence concurrente, sans statut et comme la chasse aux intermédiaires était le fer de lance du syndicat, j’étais un peu la victime parfaite. Soit je devenais agence de voyage dans un délai d’un mois, ce qui était impossible vu les conditions techniques (diplômes, formations, expériences) et surtout l’assurance de 200 000€ à payer pour couvrir les risques de ses futurs clients, soit je fermais mon site sous peine de poursuites judiciaires m’explosant à des dizaines de milliers d’euros d’amende pour activité illicite. Heureusement, mon interlocuteur absolument buté et sourd à mes arguments m’a oubliée et j’ai du renoncer à cette activité pourtant adéquate. On m’a conseillé de consulter un avocat spécialisé dans le domaine du tourisme pour m’informer sur la réglementation, ce qu’elle permettait, mais je ne vous cache pas que l’annonce des 360€ HT / heure (en 2011) m’a arrêtée tout net. J’ai fermé le nouveau site qui avait été confondu et considéré comme une agence et ait renoncé à ce projet de développement autour du voyage personnalisé et des conseils de voyage qui était mon coeur d’activité.

J’ai néanmoins poursuivi des partenariats dans un autre cadre avec des agences, des propriétaires d’hébergements et des guides. Il suffisait de modifier le type de revenu (frais de promotion et de services en l’occurrence et non plus commissionnement) pour rentrer dans les clous de la loi, mais convaincre les partenaires d’investir avant de gagner quoique ce soit est tout sauf une mince affaire, car s’ils étaient partants pour bosser sur le principe d’une commission en cas de vente, ils sont réticents à payer pour faire leur promotion, a fortiori quand ce sont de petits acteurs de pays d’Europe orientale où mes prix, pourtant raisonnables (et peu viables pour moi), semblent un budget déjà très conséquent à leur échelle. J’ai eu l’occasion d’en croiser certains lors de mes séjours. Toutes mes rencontres m’ont semblé cordiales mais prometteuses.

rencontre,avec almira a mostar

Force est de constater qu’une rencontre réelle ne suffit pas à évaluer la qualité et la fiabilité d’un professionnel. Travailler à distance avec des personnes étrangères qui restent “virtuelles” et ont  leurs codes culturels et leur vision de travail, est un handicap majeur pour établir une relation de confiance. Pour certains partenaires, je n’étais pas un apporteur d’affaires, mais un pigeon, donc ils m’ont flouée de tous mes gains et les deux premières années ont été fort éprouvantes jusqu’à ce que je cesse de chercher et que je trouve enfin quelques rares bons partenariats avec qui j’ai regagné confiance.

Malgré une meilleure expérience et la nécessité de grossir le cercle de mes partenaires directs pour essayer de mieux maîtriser  mes sources de revenus, je n’ai pas pu régler ce problème majeur de confiance en autrui et de rencontre avec des acteurs à la fois professionnels, fiables, avec leurs clients comme avec ceux qui leur en amènent. Aujourd’hui, je croise encore des personnes qui me semblent très bien au début de notre collaboration et se révèlent bien plus tard quand il est question de payer le service utilisé. J’ai subi des attentes de paiement dépassant un an et demi avec l’impression que je ne verrai jamais mon argent arriver. Si j’avais du les attaquer juridiquement, cela aurait été peine perdue, vu que je n’aurais pu engager les frais pour me faire payer des sommes qui ne justifieraient pas ce type de solution. D’une certaine manière, les partenaires peuvent toujours se sentir à l’abri de toute poursuite même s’ils sont foncièrement malhonnêtes, d’autant que tous sont situés en dehors de la France. C’est l’inconvénient de n’avoir rien à vendre en amont ce qui génère un fort déséquilibre dans la relation, vu que le potentiel de mon site est exploitable d’emblée par les partenaires, alors que je ne sais jamais s’ils vont me payer sur la durée.

J’ai été trahie par des personnes qui m’avaient fait une excellente impression : l’appât du gain même minime étant (surtout en Croatie, à vrai dire) plus important à leurs yeux que le maintien d’une collaboration qui aurait pu s’avérer fructueuse. Sûrement estimaient-ils que mon travail n’en était pas vraiment un et que ma promotion n’avait pas à être rémunérée, puisque j’avais testé leurs services et les avais appréciés? Il était naturel que je les vante gratuitement et leur adresse leurs clients, quitte à y consacrer des heures?! Apprendre de la bouche de mes amis croates que ces déboires étaient normaux en Croatie car une certaine mentalité anciennement communiste comme ils disent entraînent ce genre d’attitudes ne m’a pas toujours réconfortée mais je suis ravie d’avoir pu trouver enfin quelques partenaires sérieux.

Savoir faire reconnaître la réalité de son travail me semble toujours très compliqué. Je n’ai toujours pas trouvé la clé pour convaincre de futurs partenaires de payer pour de la publicité et de la visibilité vu que les “petits partenaires” ne peuvent en général payer uniquement pour ce qu’ils vendent.


Le contrat ou comment établir une relation engagée et crédible à l’égard des partenaires

Vendre des espaces publicitaires et promotionner des services tiers n’était pas ma vocation de blogueuse professionnelle ni d’éditrice de guide voyage dédié à l’Europe. Cependant, c’était la seule activité qui soit facile à concilier avec la réglementation française en matière de droit du tourisme et de vente de services ou produits touristiques. Comment régir dès lors cet espace et réussir à développer suffisamment cette activité pour qu’elle devienne viable?

J’ai d’emblée compris que mon nouveau statut d’entrepreneur supposait que je dispose d’un outil pour établir les relations et seul le contrat, à l’époque, me semblait permettre d’initier une relation de confiance. Ou du moins une relation avec des engagements. Des droits et des devoirs.

Débourser entre 300 et 1000€ pour disposer d’un contrat d’avocat en bonne et due forme n’était pas une option envisageable, à une époque où je ne gagnais même pas cette somme au cours d’un mois de travail. J’ai passé des heures à consulter les modèles de conditions générales d’utilisation soumis par les sites ayant pignon sur rue dans les divers domaines que je devais gérer pour développer mes activités de rédacteur web, de promoteur de services, d’intermédiation, de loueur d’espaces publicitaires. J’ai donc rédigé mon ébauche de contrat pour ma principale activité de promotion de guides et d’agences de voyage. Puis j’ai élaboré des variations pour les autres activités potentielles nécessitant de poser des droits et de devoirs de façon claire, afin de me prémunir en cas de contestation ou de différend. Cela fut plus évident encore après avoir connu la mésaventure des droits d’auteur d’une photo publiée sur IDEOZ, ce qui m’a rappelé à quel point je n’étais pas assez consciente de mes obligations.

Voir mon modèle de contrat avec les partenaires pour rédiger un article sponsorisé ou un publireportage

Par chance, je n’ai jamais eu de problème avec quelque partenaire que ce soit par rapport au service que je proposais. Je n’ai pas été amenée à poursuivre un partenaire. Les sommes en jeu avec les partenaires mauvais payeurs ne justifiaient pas une action juridique. Sur le plan rédaction web, les articles sponsorisés fournis convenaient très bien et leur paiement a toujours été honoré sans difficulté, contrairement aux problèmes rencontrés avec les petits partenaires en direct dont j’assurais la promotion.

Les guides et agences ont commencé à investir dans une promotion améliorée et ont accepté le principe de payer pour être mieux mis en évidence. Ils ont peu  à peu compris la valeur ajoutée de mes espaces promotionnels. Cela m’a pris plus de 5 ans pour trouver un début d’équilibre.  Mes partenaires directs sont même devenus plus rigoureux dans leur paiement, depuis que j’ai mis en place ce système de publicité payante qui m’évite de courir le risque de ne pas du tout être payée par mon partenaire indélicat, comme j’avais pu l’expérimenter pendant des années quand je devais faire confiance et attendre la fin de la saison pour obtenir mon dû. Les partenaires considéraient qu’ils ne pouvaient pas payer sans garantie d’avoir des clients. Or, c’était vicié comme principe, puisque la publicité est un outil censé favoriser des ventes mais sans certitude qu’au final, les clients choisissent les partenaires présentés. Ils admettaient rarement de devoir payer en amont et il a fallu travailler pendant des années à la construction d’un système de promotion pour inverser la donne. Très vite désormais, les guides et agences collaborateurs acceptent que la promotion améliorera leur chance et qu’il s’agit bien d’un travail exigeant donc une rémunération.

J’ai tout d’abord élaboré un contrat très long et complet de plus de 18 pages. Je ne voulais rien omettre. Autant dire que souvent, les partenaires devaient le survoler et se contentaient de signer après avoir posé quelques questions par mail ou téléphone pour avoir une confirmation du mode de fonctionnement du partenariat.  Constatant que ce  contrat trop complexe (pour des partenaires à l’étranger) ne facilitait pas la compréhension des bases du partenariat, j’ai repensé mon système. J’ai procédé à une présentation synthétique pour poser les termes à retenir absolument en une page et fixer ensuite les obligations et droits d’IDEOZ et de ses partenaires par rapport à la prestation proposée.

Mon contrat simplifié s’est avéré une excellente initiative. Cela a posé ma crédibilité en tant que professionnelle éditrice de site web dédié au voyage, presque instantanément. Le contenu plus clair et accessible n’exige pas que mes partenaires aient une compréhension élevée du droit. Cela soumet le partenaire à des obligations, tout en lui garantissant une liste des services et de droits, du moment que le contrat est signé et n’a pas été cassé par une lettre recommandée avec accusé de réception. Aujourd’hui, je propose donc aux « petits » acteurs du voyage guides ou agents locaux indépendants, de créer une vitrine pour relayer leurs services et ce type de collaboration me permet de créer des relations avec des professionnels variés.

L’inconvénient principal de ce secteur de mon activité tient à l’acceptation de leur approche du travail et leur maturité dans leur activité. Ils ne comprennent pas toujours la nature de mon activité, ni les orientations que je souhaite qu’ils impulsent pour améliorer leurs performances dans la recherche de prospects. Quant à moi, je n’arrive pas toujours à m’adapter à des mentalités souvent fort différentes d’un pays à l’autre et des niveaux de professionnalisme hélas très variables. Avec mes nombreux essais dans les Balkans, j’ai immédiatement compris à quel point tout était fragile et incertain (surtout au moment du paiement). Nous devons parfois chercher un terrain pour que l’activité de chacun progresse de façon continue, équilibrée et satisfaisante.


Du respect des droits d’auteurs : apprendre le métier à ses dépens

Sur ma lancée, j’ai établi un contrat pour la rédaction d’articles sponsorisés. Je n’avais guère réfléchi à ce qu’induisait l’achat d’un article pour faire pointer un lien vers le site d’un client. Certes, j’écrivais ces articles sur IDEOZ, mais les droits d’auteurs allaient-ils de soi? Je passais pour ce genre de services par les régies publicitaires ou d’autres sites plus spécialisés dans la location ou l’achat de liens comme Seeding up. Dans ce contexte, ils servaient d’intermédiaires et étaient les prestataires avec lesquels j’étais engagée via leurs conditions générales d’utilisation que je n’avais jamais pris la peine de lire. Comme souvent quand on s’engage avec une nouvelle régie et signe les conditions par principe.

Au fur et à mesure, mon site étant mieux référencé, il a attiré naturellement les marques aussi. On me commandait un article, je le soumettais et après validation, j’envoyais simplement ma facture. Mais un jour, une mauvaise surprise m’a plongée dans un certain désarroi pendant des mois. J’ai reçu une facture de 1200 € à payer sous 15 jours, sous peine de poursuites judiciaires. Le motif? J’avais utilisé une photo dont je ne disposais pas des droits. J’avoue qu’avant de devenir entrepreneur, je ne m’étais pas souciée de tous les droits et devoirs que j’avais en la matière.

Je croyais qu’il suffisait d’indiquer le nom de l’auteur et la source pour le reconnaître dans ses droits. Je voyais tous les blogueurs fonctionner ainsi et j’avais pris cette pratique pour la règle, alors qu’il s’agissait d’un usage illégal. Or une demande d’autorisation écrite est indispensable. Sans celle-ci, vous pouvez à tout moment être redevable d’une réclamation fixée par l’avocat ou le propriétaire de la photo pour sa diffusion et sa publication ou être jugé pour infraction aux droits d’auteur. Le montant devant un tribunal est souvent de 1500€ en cas de reconnaissance de sa culpabilité et d’excuses faites par le blogueur indélicat. Je sais, ce n’est pas bien de publier les photos des autres. Je ne l’avais pas fait avec l’idée de voler une photo pour m’en attribuer la paternité. Mais je ne disposais d’aucune autorisation de l’auteur et bien que le site où je l’avais trouvé, n’affiche aucune conditions claires, cela ne me rendait pas moins répréhensible au regard de la loi.

Des sites comme Copytrack, services ou avocats spécialisés ont développé un commerce autour de la traque des voleurs de photos dont je faisais partie sans le vouloir. J’avais juste trouvé une belle photo et l’avais utilisée en mentionnant les sources jusqu’à ce que son auteur confie ses photos à un site de vérification basé en Allemagne. Il était prétendument chargé d’obtenir les préjudices de la part des blogueurs et se rémunérait en prenant un pourcentage de la somme obtenue (jusqu’à 30%). Les méthodes pour pister le vol de photos sont de plus en plus efficaces et peuvent atteindre l’intérieur de votre base de données sans mal, en dépit d’outils de protection.

Pour dire à quel point ces sites redresseurs de torts peuvent aller loin, la dite photo n’était plus diffusée sur mon site depuis plusieurs années. Mais elle était restée référencée pour mon site sur Google et l’outil avait atteint le coeur de mon ftp où la photo était encore conservée. Sa seule possession autorisait l’auteur à exiger des droits d’exploitation et de diffusion comme si j’étais un site commercial. Donc bien plus élevés qu’un usage privé. Cela n’a donc pas empêché de le dit site, au nom de l’auteur de la photo, de me réclamer le montant de 1200 puis 1300 et 1500€ pour les droits de diffusion et de possession.

A l’époque où j’avais publié la photo, l’auteur n’en faisait pas commerce, mais il s’était depuis installé comme photographe professionnel et vendait ses oeuvres. Il avait confié à Copytrack leur gestion. Il était dans son plein droit, mais au lieu de me demander de supprimer la photo, ce que j’aurais fait dans l’instant, il préférait réclamer des préjudices au nom des années d’exploitation ou de possession. La photo m’aurait coûté 80€ si j’avais su qu’elle était payante. Je ne l’aurais bien sûr jamais utilisée. Le montant est assez dissuasif et la pression exercée par ces sites assez violente pour qu’on cède. Envoi de relances incessantes, par mail, puis par lettre, avec augmentation du prix, puis envoi d’une lettre d’huissier français et d’un centre de contentieux censé récupérer les dettes.

Sans l’avis de la fille d’une amie, qui est avocate et a accepté de consulter les documents, j’aurais probablement cédé et payé, même si je ne disposais pas d’une telle somme sans m’endetter. A ses yeux, même si j’étais répréhensible, il convenait de respecter la loi sur la procédure et de passer donc par un huissier basé dans mon département, ce qui en l’occurrence n’était pas le cas. De plus, la lettre de l’huissier ne suffisait pas à m’obliger à payer, elle ne faisait que constater mon infraction. J’ai écouté son conseil d’ignorer les appels et lettres jusqu’à ce que je reçoive éventuellement un document qui justifierait que la procédure était légale.

Consciente de cette mésaventure angoissante pendant six mois, j’ai songé que cela pourrait se reproduire avec les clients qui me commandaient des articles sponsorisés et me soumettaient des photos dont je n’avais finalement pas les droits d’auteurs et dont ils ne disposaient pas du droit de diffusion sur des sites tiers. J’ai rédigé un contrat pour préciser les termes sur les droits d’auteur pour le texte et pour les matériels fournis. J’ai constaté étonnamment que les marques n’apprécient pas  ce genre de contrat et négligeaient la lecture et la signature. Néanmoins, je l’envoie systématiquement avec le devis ou la plaquette des prix de mes prestations, afin de me couvrir et de faire valoir ces éléments comme base légale de l’engagement.

Et oui, devenir entrepreneur sur internet exige de devenir compétent sur le plan juridique et vigilant dans des domaines sans rapport direct avec l’activité. Il est essentiel de s’informer avec soin sur ses obligations en tant qu’auteur ou diffuseur d’informations et de contenus avec une possible influence ou responsabilité.

Comptez entre 300 et 1000€ pour rédiger un contrat sérieux auprès d’un avocat.


Aider gratuitement dans l’espoir de convaincre un visiteur de devenir acheteur

Face à la pléthore de sources proposant aujourd’hui des conseils de voyage, il était pour moi essentiel de me différencier  pour préserver le goût de mon nouveau métier, à la fois si difficile à définir et polymorphe. Par intuition, je me devais d’être au plus près des voyageurs pour les accompagner concrètement dans leurs préparatifs de séjour. Après plus de 20 ans passés sur des forums et autres sites d’échanges pour partager des conseils, j’avais conscience que les visiteurs d’IDEOZ étaient moins intéressés par ma personne, ou ma personnalité et mes voyages que par les bons plans et autres conseils qu’ils m’avaient inspirés et qui pourraient les aider à leur tour à organiser leurs vacances en itinérant. J’avais beau être très réactive sur des forums voyage, où la territorialité définit les compétences de certains voyageurs très actifs, je savais que mes conseils ne suffiraient pas à faire la différence ou pas toujours et surtout j’investissais du temps sur des supports extérieurs à mon site, en ne sachant pas si je pourrais mener l’interlocuteur jusqu’à IDEOZ. Quand chaque participant ajoutait son avis, je constatais que le voyageur en quête de réponse était encore plus perdu, en raison d’avis parfois très différents. Lequel était le plus légitime ou pertinent?

La seule solution pour devenir un conseiller efficace était d’avoir une position de « sachant » et cela n’était envisageable que dans le cadre d’un échange privé. Or, contrairement à un forum où les réponses publiques profitent aux futurs lecteurs et aux invisibles en recherche de la même information, tout échange privé était un investissement plein, exigeant et qui ne pouvait servir les autres outils de ma plateforme. Compte tenu des limites de la réglementation française sur la vente de services et de conseils touristiques, cela ne pouvait se faire que dans une logique de bénévolat. Mon seul espoir résidait dans l’attitude des visiteurs à l’égard de mon effort ; ils devaient a minima passer sur temps sur mon site et avoir envie d’y rester, ou cliquer sur une publicité pour gagner quelques centimes. Idéalement, ils devaient croiser un lien d’affiliation et acheter le service pour que je gagne quelques euros peut-être. Au pire, je serais ravie s’ils consultaient l’un des articles suggérés. Ils ne liraient probablement pas le contenu, et attendraient que je leur répète son contenu, mais peut-être enregistreraient-ils la page dans leur favoris et seraient-ils tentés de revenir et de devenir plus fidèles.

Pour compenser la frustration de devoir autant travailler sans pouvoir être rémunéré pour mon temps et mes conseils, je me convainquais que l’interaction renforcée avec un voyageur m’aiderait à transformer mon rêve de communauté active en échanges interpersonnels plus enrichissants et qui sait, faire de belles rencontres et motiver les personnes aidées à faire un retour d’expérience! Je me trompais.

L’illusion et l’enthousiasme de la mise en place de mon tchat n’ont duré qu’un court délai de quelques semaines. Sa vocation était de dynamiser mon forum peuplé d’invisibles ou si peu actif. Très rapidement, j’ai mesuré le coût en temps passé à informer, l’énergie physique et mentale, l’abnégation, l’effort de patience et de psychologie et la rapidité d’interprétation nécessaires pour être ultra réactive. Et hélas, j’ai aussi vite appréhendé toutes les limites et les difficultés liées à des échanges virtuels, où certains se croyaient tout permis et me traitaient de noms peu flatteurs ou m’insultaient. Dans la majorité des cas, je me devais d‘avoir la bonne réponse en quelques secondes, comme si j’étais un bot automatique programmé pour tout savoir et ne surtout pas me tromper dans le contenu. C’était la seule attente des visiteurs pour qui j’étais dédiée à cette fonction de façon évidente et gratuitement. Car toute erreur pourrait être rédhibitoire et m’exposer aux critiques, voire entraîner ma responsabilité par rapport à la nature de mes conseils et ce que les visiteurs en ont compris et fait sur le terrain. Rapidement, j’ai remarqué que les mêmes questions revenaient sans cesse et que je me retrouvais obligée de me répéter, ce qui était fastidieux et ennuyeux au possible, même si chaque voyageur était censé être différent.

Les visiteurs qui se hasardaient sur le tchat ne prenaient ni le temps de se présenter (ou si rarement) ni de s’interroger sur l’interlocuteur (moi en l’occurrence) qu’ils atteignaient. Ils posaient leur question et quittait si je n’avais pas répondu en moins de 30 secondes. Peu leur importait ma compétence, du moment que je savais répondre en synthèse et instantanément à leur requête. Dès que je développais mes réponses, je sentais que je les perdais ou les ennuyais, car je leur demandais plus d’efforts, alors que le format n’était pas adapté pour des conseils détaillés. Ces mêmes visiteurs n’étaient pas prêts à apprendre à utiliser le formulaire du forum et donner leur email pour obtenir leurs informations. Si je me contentais de les renvoyer vers un article répondant parfaitement à leur demande, ils semblaient quelque peu frustrés de ne pas avoir LEUR réponse et quittaient sans un remerciement, comme si j’étais vraiment un simple bot pour eux.

Pour “sortir du lot” comme certains pros disent, je me suis mise au service des voyageurs bénévolement et sans rien devoir ou pouvoir leur vendre. J’ai réalisé parfois le même type d’exercice en direct que le roadbook carnet de route pratique avec conseils élémentaires, itinéraire détaillé, informations sur les destinations et activités, etc, destiné aux clients des agences et facturé jusqu’à 200 ou 300€ dans le prix du voyage sur mesure. Je savais que mes contenus n’étaient pas originaux mais que ma fonction pour partager mon expérience et personnaliser les réponses pouvait apparaître comme tel …

Sur internet, beaucoup d’utilisateurs surtout français estiment souvent à tort que tout est gratuit ; a fortiori les conseils. Je n’entrevoyais aucune perspective dans la mise en place d’un service payant, malgré des suggestions insistantes dans ce sens. De toute façon, la loi française me l’interdisait, dans la mesure où on ne peut percevoir une rémunération pour des conseils en voyage que si on est agent de voyage, employé d’une agence ou conseiller professionnel.

Faute de pouvoir faire payer mes conseils en dépit d’heures passées à les développer, je devais espérer que les visiteurs se comportent en consommateurs actifs jusqu’au bout et finalisent une vente, alors que le comportement consumériste de certains touristes me révulsait.

Outre mon serveur non négociable, l’investissement de 14$/ mois dans la formule basique (à 1 utilisateur) de mon tchat Zendesk en 2014 a été mon premier investissement dans des solutions payantes mensuelles. Je n’avais alors acheté qu’un template de thème pour améliorer l’apparence de mon site et une fois acquis, je n’avais pas à renouveler mon paiement. Le tchat était un choix facultatif, il imposait un coût raisonnable dont j’ai compris rapidement le rapport. Je ne regrette pas mon option, bien qu’il m’ait fallu gagner en maturité pour en supporter certains aléas. Il a été décisif pour commencer à capter l’attention des visiteurs, être en interaction soutenue et tenter de les convaincre et de les fidéliser.


Faire fortune en étant blogueur voyageur, un mirage ?

Gagner sa vie uniquement avec un blog voyage professionnel c’est possible à condition de ne pas être trop exigeant sur ses revenus. C’est difficile, précaire et cela suppose un travail permanent, patience, confiance et endurance.

Probablement le mirage du blogueur voyageur riche est-il entretenu par des vendeurs de rêves très présents sur le web ? Beaucoup affirment voyager toute l’année, souvent sans rien payer tout en tenant leur blog et n’ayant aucune activité professionnelle à côté. Ils sont parfois même payés pour voyager, ou voyagent comme des sponsors sur l’invitation d’offices du tourisme soucieux de s’offrir des vitrines crédibles à moindre coût pour faire la promotion de ces destinations ; le tout sans préciser toujours ces conditions très particulières ! Gagnent-ils l’argent qu’ils prétendent et déclarent-ils toujours ces gains? Rares sont ceux qui révèlent la preuve de leur chiffre d’affaire ni sa nature…

D’aucuns affirment gagner jusqu’à 10 000 ou 20 000 euros par mois avec leur blog, et suscitent des vocations. Selon ma seule expérience, vivre d’un blog qui n’a rien à vendre (produits ou services) ressemble plutôt à une incertitude de tous les instants. Combien de blogueurs gagnent déjà de 300 à 1000 € par mois? Moins de 3%, paraît-il selon de sérieuses études récentes.

Pour moi, 15 000€ de CA brut par an était déjà un bon résultat qui n’est pas si évident à atteindre avec un modèle classique fondé sur l’affiliation et la publicité (tout ce que j’ai connu pendant ma vie d’internaute depuis 20 ans, finalement). Lors des premières années, tout semblait simple, vu que le statut de Autoentrepreneur prévoyait un taux de charge évolutif de 5, puis 10 et 15% la 3ème année, avant de basculer dans la tranche des 22-23%. L’exonération de CFE (ancienne taxe professionnelle), pendant la première année aidait aussi à ne pas crouler sous les taxes.

Dépasser les 25 000€ après 7 années a été une  surprise inattendue. Et une fois les 30 000€ brut de CA annuel atteints pour la première fois, il s’en dégage un sentiment de fierté presque naïve à l’idée d’avoir réussi à “autant” progresser sans toujours comprendre le déclencheur du changement. Cela s’accompagne de la pression constante de ne pas renouveler mes ventes et performances ou l’angoisse que je ne sache pas réitérer les efforts ni convaincre les partenaires qui ont déjà investis ou les futurs désireux de me confier la rédaction d’un article sponsorisé ou la promotion de leurs services.

L’évolution m’a semblé très lente en terme de revenus et je m’étais habituée à l’idée de plafonner sans pouvoir espérer mieux. Les années se suivaient et se ressemblaient avec des chiffres d’affaires bruts d’environ 12 ou 15000 €. Puis, subitement sans que je comprenne pourquoi au début, un cap a été franchi et en 2016, j’ai doublé mes revenus après avoir consacré de longues heures par jour pendant des mois au développement de mon groupe Facebook dédié à la Croatie dont je n’imaginais pas les effets. Cela a correspondu probablement à un changement d’approche qui n’était pas conscient.

J’ai accepté de sortir de mon site IDEOZ pour investir les réseaux sociaux et mettre à distance la source de frustrations intenses. Mon groupe Facebook a eu un effet d’entraînement important. J’ai constaté que ma voix et mes conseils portaient différemment sur ce genre de groupe et que les membres appréciaient mes conseils et les suivaient de façon très scrupuleuse. En me cantonnant à des conseils privés que je répétais sans cesse sur mon tchat, je ne parlais jamais qu’à une personne à la fois et travaillait intensément, pour ne pas toujours avoir de retour. L’aspect communautaire et le développement du groupe sans cesse croissant, m’ont permis de toucher à la fois les contributeurs actifs et les plus passifs qui suivaient malgré tout certaines recommandations.

Les plus riches ne vivent pas que de leur blog : ils vendent leurs services ou leurs produits à des niches fidèles travaillées en profondeur en amont, ils monnayent leurs conférences dans des événements, ou savent construire une réputation d’influenceur qui ne doit rien au hasard. Ils vendent une image de marque ou une influence construite avec minutie. D’autres très rares jouent les globe-trotters permanents, tout ne quittant jamais leur bureau ; ils sont payés comme salariés ou financés par des agences de voyage et des réseaux de partenaires divers, afin d’assurer la promotion discrète mais efficace pour les marques ou les sites nécessitant de la visibilité.

Certains blogueurs, même dès leurs débuts malgré leurs quelques dizaines de visiteurs mensuels, pensent à la réalisation de leur plaquette de présentation, le cv de leur blog, pour gagner leurs galons d’influents en  brûlant les étapes, avant d’alimenter leur site de manière suffisamment convaincante.  La marchandisation est devenue pour les influenceurs et ce qui rêvent de prendre leur place, la raison d’être de leur activité notamment pour obtenir tous les avantages en nature négociables. Leur objectif est de dénicher les partenaires dans les salons où les blogueurs sont de plus en plus convoités.

Les débutants ne sont plus des blogueurs naïfs, ils sont presque professionnels avant de faire leurs preuves. Ils se battent donc pour décrocher les invitations des offices du tourisme afin de voyager gratuitement, même s’ils doivent consacrer plusieurs heures chaque jour à vanter des pays, des régions ou des expériences qu’ils ont pu ne pas apprécier mais sur lesquelles ils se doivent d’être dithyrambiques. Et ce, après avoir du se plier aux exercices des prises de photos de groupe pendant des heures, pour prendre les clichés paradisiaques qui déclencheront l’envie d’y aller!

Par chance ou pas, je n’ai jamais été assez focalisée sur les aspects financiers et les revenus de mon blog et j’ai rarement renoncé à ce en quoi je croyais pour percevoir des ressources, alors que mon ami Philippe me rappelait très justement qu’il était normal et sain de pouvoir gagner sa vie en travaillant autant! J’ai donc continué à donner des informations, sans savoir comment elles pourraient me rapporter, ni ce que cela constituerait à la fin du mois, de l’année… Je préfère ne pas compter les heures, pour ne pas avoir à réaliser que mes revenus pour un travail aussi exigeant me placent en dessous du seuil de pauvreté, la plupart du temps…


S’il ne fallait retenir qu’une chose : l’équilibre économique d’un blog voyage est précaire et la patience s’impose comme un mode de fonctionnement contraint et forcé entre annonceurs et éditeurs. Il reste difficile de se limiter à un modèle “classique” consistant à vendre uniquement les produits des autres!

Sandrine Monllor (Fuchinran)

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