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Musée de Vuk et Dositej à Belgrade ; un lieu de savoir essentiel

Musée de Vuk et Dositej à Belgrade

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vukOu la maison de ceux qui apportèrent le savoir… Le musée de Vuk et Dositej est situé dans l’une des plus anciennes maisons belgradoises, de style résolument centro-balkanais, mêlant, comme ce fut le cas de la résidence de la princesse Ljubica, l’architecture typiquement ottomane, avec des détails plus « modernes ».


 A l’époque des Ottomans, peu de gens savaient lire et écrire dans les Balkans. Ce fut un privilège accessible aux peu nombreuses personnes au sein de l’église et quelques dirigeants, bien que l’alphabet cyrillique fut apporté en Serbie au cours du XIIe siècle, par les (désormais) saints Cyrille et Méthode. L’ennui de cet alphabet était surtout dans le fait qu’il ne fut pas phonétique, donc difficilement employé, dans un monde où l’on ne pouvait trouver de mot écrit que si l’on appartenait à une des peu nombreuses « écoles » qui copiaient les écrits saints, comme par exemple celle de « Resava » (lire Réssava), dirigée par le monastère Manasia (lire Manassià).

L’histoire serbe se souvient donc de deux personnages qui apportèrent à l’éducation et à l’écriture les fondations de ce qu’elle est aujourd’hui, Dositej Obradovic – qui fonda le premier Lycée, et Vuk Stefanovic-Karadzic, qui fut à l’origine de l’écriture phonétique, ramenant le nombre de lettres dans l’alphabet à 30, et ajoutant un son à chaque lettre, faisant que désormais, on « lit comme on écrit, et on écrit comme on l’entend ». Les deux étaient également très importants pour pour tout ce qui est publication, par ici: l’un comme l’autre étaient parmi les premiers à publier leurs oeuvres sur un support tout nouveau, le livre non copié, mais publié par une machine. Vuk est connu encore pour une chose – le fait qu’il a sillonné la Serbie et tous les pays parlant ce qui était considéré comme serbe (des langues comme le serbo-croate, croate, bosniaque etc.), créant d’abord la première Grammaire (en tenant compte des nombreux dialectes), avant de se mettre à recueillir les poèmes, légendes et autres contes, transmis de père en fils par voie orale.

L’un comme l’autre passèrent au moins une partie de leur vie dans cette petite maison, qui se trouve en plein coeur de la « vieille ville » de Belgrade, l’école, qui, malgré ses allures modestes pour ce que ce mot puisse signifier aujourd’hui, fut quand même le centre de la culture serbe du XIXe siècle.

Comment aller au musée de Vuk et Dositej?

L‘accès au musée de Vuk et Dositej est facile. On y arrive en empruntant le bus jusqu’au premier arrêt dans la rue de France, puis en remontant légèrement avant de tourner à droite, dans la rue Gospodar Jevremova, le musée se trouvant tout au bout. L’autre manière d’y accéder, c’est de prendre la rue du Tzar Uros, en descendant à partir de la rue piétonne Knez Mihailova. L’avantage… pouvoir s’arrêter et prendre un verre dans l’un des nombreux petits cafés, et même quelques petites galeries s’y trouvent, si l’on a du temps à s’y attarder.

Le musée de Vuk et Dositej est situé dans l’une des plus anciennes maisons belgradoises, de style résolument centro-balkanais, mêlant, comme ce fut le cas de la résidence de la princesse Ljubica, l’architecture typiquement ottomane, avec des détails plus « modernes ». La maison étant au milieu d’un joli petit jardin citadin, et entourée d’un mur, pas vraiment haut mais surtout aux allures bien turques, l’ensemble est, du moins pour moi, très joli.

On y accède par le jardin, et par une petite porte bien basse, tellement basse que l’on a tendance à se pencher, bien que toute personne de taille « normale » peut la traverser sans problèmes. Sur la gauche, un petit guichet. C’est là qu’on s’acquitte de son billet, peu cher, avant de commencer la visite. Si l’on veut, on peut demander une visite guidée, elle sera faite en serbe, ou en anglais, bien qu’à une époque, une vieille dame, amoureuse du français, se faisait le plaisir de guider les francophones dont moi-même et ma famille.

Visiter le musée de Vuk et Dositej

La composition intérieure de la « maison » est assez semblable à celle de la princesse Ljubica. Le rez-de-chaussée comporte le sélamlik auquel on accède directement en empruntant le petit couloir de l’entrée, une pièce assez vaste, désignée aux visites à la famille. Ici, tout est haut en couleur, et résolument oriental, en commençant par les kilims qui tapissent l’ottoman circulaire, la petite table, les objets divers, comme bocaux, plateaux de café, et même les narguilé dans un coin. Le haremlik (la partie familiale) est plus intime, contenant plus de détails et d’objets de la vie privée de Vuk Karadzic et sa famille. Il faut savoir que même si le musée est dédié également à Dositej, on ne s’aperçoit pas vraiment de sa présence par ici, si ce n’est en s’approchant de nombreuses vitrines qui présentent ses publications. Non. Ici c’est le royaume de Vuk. Et le rez-de-chaussée en est la parfaite illustration.

L’étage est consacré à une personnalité qu’on ne mentionne pas dans le nom du musée, à tort, vu son importance. Il s’agît de Mina Karadzic – la fille de Vuk, étant connue également comme le premier peintre féminin en Serbie. Ici, on est déjà au XIXe siècle européen, avec l’ameublement dont les styles mélangent baroque et rococo… le tout rehaussé par de nombreux tableaux de l’artiste, savamment illuminés. A voir ces tableaux, touchants quand on a en tête tant de maîtres mondialement connus, on en oublie presque d’apercevoir tous ces petits détails de la vie quotidienne, telle cette montre, ou les cuillères en argent.

Encore une fois, comme cela fut le cas de la résidence de la Princesse Ljubitsa… le tout est disposé de manière à avoir l’impression de se mouvoir dans la demeure de quelqu’un qui ne va pas tarder à revenir de quelques courses… on est loin des « vrais musées » avec leurs tableaux alignés et leurs écriteaux visibles de partout. Ici, tout est calme et intimité. Bien sur, cela provient également du fait que la bâtisse est réellement petite, et qu’elle ne peut accueillir qu’un nombre limité de personnes… mais cela, à mon sens apporte à son charme, sans parler que, la Résidence de Ljubitsa, étant de loin plus connue, attire plus de monde.

Ce petit musée fait également partie de ceux que j’aime visiter de temps en temps. Surtout que dernièrement, afin de s’ouvrir un peu plus au public, on y organise également des expositions temporaires, ou des récitals. En ce moment-même, une expo « tactile » y a lieu – inspirée de celle qui fut organisée au Louvre, pour des personnes non-voyantes. De plus, surtout quand on est pressés, ce musée, de par sa taille, plus que humaine a un sérieux avantage… on le visite en un temps record – parfait surtout, comme cela s’est déjà avéré avec quelques uns de mes amis français pressés, pour des personnes qui ne sont que de passage à Belgrade.

Carine Markovic

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