A l’heure des tablettes, IPhone et IPad en tout genre, Skype et compagnie, il est évident que le monde tend à s’uniformiser. Pourtant, si l’on a toujours goût au voyage (j’exclue volontairement la notion de vacances dont l’esprit est diffèrent), c’est bien parce qu’il y a encore un « ailleurs » avec ses différences qui nous captivent et nous charment.
En dehors de ces différences qui sautent aux yeux dès l’instant où l’on pose le pied sur le sol thaïlandais, il y en a d’insignifiantes – apparemment – mais qui, croyez-moi, ont leur importance à la longue, lorsqu’on vit en Thaïlande.
Je dispose d’un maître-étalon à la maison, un compagnon on ne peut plus attaché aux traditions de son pays. Avec lui, je mesure nos dissemblances avec un sentiment assez complexe puisque je fais tout pour aplanir ces disparités, afin de rendre notre vie plus « smooth » et en même temps, je prie pour qu’elles ne s’effacent jamais. Enfin, pas encore, pas tout de suite. Car ce sont bien les contraires qui s’attirent et se fascinent.
L’un de ces petits détails – important car répétitif – a trait à la télévision. Nous la regardons en alternance, rarement en même temps, pourtant il arrive que mon compagnon me rejoigne devant un débat politique « à la française » qu’il qualifie de cacophonie. Est-il nécessaire d’expliquer ? En France on se « parle dessus », s’interrompt, s’apostrophe, s’accroche, s’interpelle, sur un ton souvent à la limite du supportable. Inacceptable pour un thaïlandais. Sur l’échelle des défauts rédhibitoires, des inconvenances inexcusables, des péchés contre l’éthique, nul doute que ce comportement arriverait en tête de liste car il touche à une des qualités premières des thaïlandais : la politesse. Enfin les apparences de la politesse.
Le rituel est toujours le même : J’adore mimer, alors, en réponse aux réflexions outrées de mon compagnon sur « notre » manque élémentaire de tenue, je mime la même scène, le même débat « à la thaïe », avec sous-titres et en forçant le trait. Ça se termine en fou rire. Je ne sais pas si ça tient à nos signes astrologiques respectifs (je rencontre souvent des « Cancer » avec lesquels je m’entends bien ou plutôt qui supportent le bouillonnant Capricorne que je suis). Je ne mime pas que les hommes politiques d’ailleurs, il m’arrive aussi de faire pire… d’imiter les plus intouchables de la planète Siam et ça le fait rire aussi. Il n’y a pas d’humour sans transgression. Au moins a-t-il compris cela.
Donc, nous, français, sommes de parfaits goujats puisque nous n’écoutons pas nos interlocuteurs, pire, nous « parlons sur eux », tandis que les « academics » thaïs ont l’extrême courtoisie d’attendre que l’un ait fini, pour parler à leur tour. Est-ce que ça s’appelle encore débat lorsque l’on expose un propos sans qu’il n’y ait jamais contradiction ? Ou alors différée, et du coup, souvent oubliée.
« Chez vous, c’est la pagaille. On ne retient rien de la discussion, tandis qu’en Thailande, on entend clairement les propos de chacun ». Tout se discute bien entendu. Notre oreille – française – fait le tri et extrait l’essentiel d’une polémique même orageuse, tandis que le thaïlandais en général ne pourra suivre qu’un seul fil conducteur.
Ce que je ne peux changer à la télévision, je peux au moins l’adapter « at home », alors, contrairement à mes habitudes, j’évite les digressions, les apartés, les sujets multiples et n’aborde avec mon compagnon qu’un problème à la fois. Et surtout j’essaie de ne pas l’interrompre lorsqu’il parle, lui. Les débats télévisés peuvent être confus ou passionnés, ça ne prête pas à conséquence, en revanche, nos propos personnels, ont intérêt à être clairs pour être entendus et compris… car ajoutés aux difficultés de la langue, ça peut être parfois catastrophique.
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Je m’appelle Michèle Jullian. J’aime les voyages, la photographie, l’écriture.
Voyager ce n’est pas seulement prendre l’avion ou parcourir la planète, c’est aussi voyager dans les livres, les deux étant l’idéal. Chaque voyage comporte sa part de découvertes et de déconvenues, lesquelles deviennent expériences, à partager ou pas. Voyager est une aventure de chaque instant. Mes repères sont en France et en Thaïlande où je réside « on and off ». J’ai écrit un roman « théâtre d’ombres » qui a pour décor la Malaisie et la Thaïlande …
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