Le Grand Palais met à l’honneur le peintre Odilon Redon à l’occasion d’une rétrospective exceptionnelle jusqu’au 20 juin 2011 … Une exposition de peinture qui révèle bien pourquoi Odilon Redon fut surnommé le « prince du rêve ».
La rétrospective que le Grand Palais consacre au peintre Odilon Redon mérite une visite, tant les interrogations de l’artiste correspondent aux inquiétudes contemporaines.
La rétrospective que le Grand Palais consacre au peintre Odilon Redon, surnommé «prince du rêve» du 23 mars au 20 juin 2011, est remarquable à maints égards : d’abord par sa présentation qui permet au visiteur d’accéder à l’ensemble de l’œuvre, dont le parcours est atypique, allant d’un «Hommage à Goya» et aux tréfonds obscurs du monde intérieur à la «Naissance de Vénus» et à un art à la coloration fastueuse, cela de façon chronologique et thématique avec des panneaux d’une appréciable concision, ensuite parce qu’elle offre à notre curiosité des œuvres inédites qui feront désormais partie des œuvres marquantes du peintre, dont un «Hommage à Gauguin» et un autoportrait qui date de 1910.


En 1894, le peintre obtient de Durand-Ruel ce qu’il appelait de ses vœux depuis longtemps, que la galerie lui consacre une exposition personnelle. Cela lui permettra de se faire connaître des critiques et apprécier de plusieurs collectionneurs dont Robert de Domecy, riche aristocrate qui le priera de décorer la salle à manger de son château bourguignon. Cette réalisation au charme bucolique est entièrement reconstituée au Grand Palais et permet au visiteur d’apprécier pleinement le talent de décorateur d’Odilon Redon. Ce coup d’essai fut, en effet, un coup de maître et l’ensemble des motifs végétaux, traités en de subtils camaïeux, enchante le regard. Dans ce travail inaugural, le peintre a privilégié l’improvisation et s’est laissé emporter par son imagination, jouant sur les couleurs et l’effacement des contours pour élargir l‘espace et intensifier la luminosité. «Je couvre les murs d’une salle à manger de fleurs, fleurs de rêve, de la faune imaginaire ; le tout par grands panneaux traités avec un peu de tout, la détrempe, l’aoline, l’huile, le pastel même dont j’ai un bon résultat» – écrira-t-il.
C’est enfin le triomphe de la clarté sur les ténèbres, de la joie opposée aux inquiétudes de la nuit, de la sérénité retrouvée après les angoisses morbides. Depuis sa jeunesse, Redon s’était passionné pour la cosmogonie. A l’époque de ses «Noirs», il en avait donné une représentation pessimiste et sombre, celle d’un soleil noir annonçant peut-être une fin du monde imminente ou bien celle d’un ange déchu regagnant le monde des mortels. Mais une représentation curieusement prémonitoire avec son œil accroché à un parachute qui n’est pas sans annoncer le télescope Hubble scrutant l’univers d’aujourd’hui.
Désormais, le versant positif occupe les dernières années de son existence et n’est-ce pas la création et la vie supplantant la défaite et le chaos ? Le peintre meurt le 6 juillet 1916 après avoir reçu un accueil favorable d’un public américain séduit, lors de l’exposition qui lui sera consacrée par l’Armory Show de New York. En ce printemps 2011, le Grand Palais de Paris lui ouvre les portes d’une actualité inespérée. Celle-ci s’inscrit dans une démarche originale qui va du crépuscule à l’aube ( contrairement à la plupart des trajectoires humaines ) et dont l’ambiguïté énigmatique correspond si bien à la sensibilité contemporaine.
- La panthère des neiges : une aventure exigeante de Sylvain Tesson - Nov 14, 2019
- Croisière sur le Rhin en Allemagne : romantique et légendaire - Août 19, 2017
- Vacances à Malte (Malta) ; les trésors d’une île magnifique - Avr 25, 2017
