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Pas de panique, Roland Topor revient…

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Le « Café Panique » est, comme tous les bistrots d’habitués, un lieu de rencontres, de discussions – celles du « Café du Commerce » et les autres – le théâtre de brèves de comptoir. Pourquoi « Panique » ? Non pas en référence direct à l’effroi, mais en hommage au dieu Pan, dieu de la confusion au physique de bouc, dont les Stoïciens firent le symbole de la vie universelle. Au début des années 1960, trois allumés, Topor, Arrabal et Jodorowsky, créèrent le mouvement « panique », qui n’avait pas à l’origine vocation à s’étendre, mais dont les traces subsistent dans les écrits des fondateurs : La Panique, d’Arrabal, Les Nouvelles paniques de Jodorowsky et Café Panique, de Roland Topor. Ce dernier texte vient d’être réédité (Wombat, 187 pages, 16 €).

Le titre « Café bachique » eut également convenu, car les habitués désaltèrent la conversation (plus qu’ils ne la nourrissent) à grandes lampées de Brouilly ou de Montrachet. Ce livre témoigne d’une époque révolue de liberté, où l’on pouvait décrire des libations sans ajouter les désormais inévitables mentions légales et où l’on fumait dans les estaminets et les taxis sans risquer le ban ou le bagne.

Une quarantaine de textes composent ce recueil, textes loufoques, absurdes, poétiques. A leur lecture on rit – parfois jaune, car l’humour le plus noir n’est jamais très loin – et on prend un plaisir que seule une écriture littéraire et imaginative sait procurer.

Les habitués qui racontent leurs histoires au narrateur portent tous des surnoms improbables : Double-Face, Frisée-aux-Lardons, Verre-en-Main, Gros-Bide, Cou-Farci ou Peut-Mieux-Faire. Des histoires à dormir debout, comme celles d’un homme qui rate son permis de conduire les chiens, d’un officier de l’ONU qui tente de rétablir la paix dans un couple ou celle, redoutable, d’un joueur d’échecs malheureux qui trouve un subterfuge diabolique pour se venger de grands joueurs soviétiques. Autant de petits tableaux décapants, ironiques, tendres, vitriolés.

S’y joignent, dans ce volume, quinze « Taxi stories », autres scénettes grinçantes dont les chauffeurs de taxi ne sortent guère grandis, mais qui rappelleront sans doute des souvenirs aux habitués des courses parisiennes. En refermant ce livre, consommé sans modération, on a envie de prononcer cette phrase, aujourd’hui si politiquement incorrecte : « Garçon, la même chose ! »

Illustration : Roland Topor, illustration pour « L’Histoire de Fermeture-Eclair ».

Thierry Savatier

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