Pécs est une ville située dans le Sud de la Hongrie. Cette ville au riche patrimoine culturel et historique a été capitale européenne de la culture en 2010. Pécs incarne une partie de l’histoire de la Hongrie soumise aux invasions ottomanes.
Szia ! Voilà un moment qu’on voulait aller à Pécs, Ma Douce et moi. C’est là qu’elle a fait sa première année d’université, là qu’elle a connu la liberté, au sortir d’un lycée religieux assez strict, qu’elle a connu la magie du choix, entre tous ces enseignements, qu’elle a collectionnés, et tous ces beaux jeunes gens. C’étaient donc beaucoup de souvenirs pour elle et pour moi, à part tout ça, c’était la découverte d’une ville renommée : Pécs.
Pécs ; excursion culturelle depuis Budapest
Pour rejoindre Pécs à environ 2h de Budapest, nous avons loué une voiture (12 000 forints du vendredi soir au lundi matin, je peux donner l’adresse à ceux que ça intéresse …) et on est parti vers 18 h le vendredi. La route entre Budapest et Pécs est jolie dans le soir qui se couche, surtout à partir de Szekszárd (prononcer sex hard …), on roule entre des collines habitées sur la droite et le Danube sur la gauche, ça fait un peu penser aux bords de Loire, et on est arrivés à Pécs quand la nuit tombait. On a garé la voiture (pas facile de trouver une place non-payante à Pécs !) et on a posé nos affaires dans une mignonne petite chambre louée par la fondation Kolping aux bonnes familles chrétiennes, d’après ce que j’ai compris. En tout cas il y avait un crucifix au-dessus du lit, et aussi une télé grand écran, et câblée avec ça !
Puis on est ressorti pour trouver de quoi se restaurer. Sur la place devant « l’hôtel » beaucoup de monde, beaucoup de jeunes personnes qui parlaient fort en marchant, en riant, en buvant, assis ou debout. En même temps la ville paraissait très tranquille : très peu de circulation, très peu de postes hurlant une resucée d’un tube des anciens temps, AUCUNE sirène d’ambulance, ni de pompiers, ni de police, ce qui est une vraie bénédiction pour quelqu’un qui habite Budapest !
Voilà le plan de Pécs : le trait brun que vous apercevez en haut (juste en dessous du boulevard jaune), et aussi un peu sur la gauche et en bas, figure les anciens remparts de la ville. Nous on logeait au bord de Szent István tér, la place mentionnée plus haut. On a pris en face la rue Apáca pour arriver, un peu plus loin, sur Széchenyi tér (du nom d’un grand homme malheureux dont j’espère avoir l’occasion de vous reparler), LA place centrale de Pécs. Sur des indications que la soeur de Ma Douce nous avait données, on a fini par trouver l’Afium, un restau en sous-sol dans Irgalmasok utcája. Un cadre sympa, certes, mais une bouffe passable, et un service un peu … limité. Là aussi les gens, plus âgés, buvaient beaucoup et parlaient fort …
Pecs ; une histoire liée à la conquête ottomane
Le lendemain, après un copieux petit déjeuner, nous sommes retournés à la place Széchenyi pour voir la Grande Mosquée. Il faut vous dire (ou vous rappeler ?) que Pécs a été une des villes hongroises les plus tôt conquises par les Turcs de Soliman le Magnifique :
Quand on regarde cette carte des principaux points d’occupation turque sur le territoire de la (Grande) Hongrie, on s’aperçoit qu’ils avaient de la stratégie quand même, ces barbaresques ! Ils ont foncé directement sur Buda et Pest en passant par Szeged (1541), puis ils ont élargi peu à peu leur domination : Tata, Esztergom, Székesfehérvár (1543) Visegrád, Nógrád, Hatvan (1544) tout en se ménageant un couloir le long du Danube : Pécs, Siklós (1543) Ozora (1544), peut-être pour garder un cordon ombilical avec la « mère-patrie » ? Après les occupations s’échelonnent entre 1551 et 1663, sur plus d’un siècle !
Mais revenons à la grande mosquée de Pecs … qui n’en est plus une puisque, après la reconquête et la libération du « joug ottoman », elle redevint ce qu’elle était, c’est-à-dire une église ! Ce mélange des genres, à l’intérieur de l’édifice, ça donne ça :
avec la coupole caractéristique de l’art musulman, décorée de plein d’anges roses avec leurs deux ailes, tous plus chrétiens l’un que l’autre ! Au niveau du sol, ce n’est pas mal non plus :
Les « niches » musulmanes (ainsi que les suspensions ?) ont été conservées et même restaurées. On leur a « simplement » adjoint là un Christ en croix, ici une statue de saint …
Pecs, un air aigre doux
Après cela, comme à notre habitude, nous nous sommes promenés un peu au hasard, en suivant l’inspiration du moment. On est tombé assez vite sur le bâtiment où l’on préparait (fiévreusement ?) Pécs à son rôle de « capitale culturelle européenne » pour 2010! Beaucoup de rumeurs négatives courent sur la gestion des affaires à Pécs : détournement des subventions, corruption, blocages politiques, etc … Que ce soit pour ce « capitalat » ou pour l’autoroute qui est censée être achevée à temps pour relier Budapest à Pécs, les Hongrois ne se privent pas de commenter sur un ton aigre-doux la désespérante lenteur de l’avancée des travaux. C’est vrai que la façade dudit bâtiment elle-même inspire un sentiment … curieux :
Comme on dit, il n’y a rien de fait …
Mais foin de ces questions politico-financières ! Après tout, nous n’étions pas là pour nous lamenter sur les difficultés internes de Pest, et sur les tribulations de ses gestionnaires ! Nous poursuivîmes donc notre chemin le coeur léger, glanant ici et là quelques fragments de beauté, comme beaucoup de villes hongroises peuvent en recéler …
Et puis nous sommes arrivés sur une placette du centre ville et là, au milieu des touristes qui léchaient leurs glaces, nous sommes tombés en arrêt devant un spectacle assez étrange et inattendu …
Des membres de « Falun Gong » étaient plongés dans une intense méditation, qui contrastait avec l’ambiance commerciale environnante. Je dois avouer que je ne suis pas allé voir les photos qui illustraient leurs revendications. Il fut une époque où je recevais (je me demande bien pourquoi) dans ma boîte mail des messages émanant de leur part et dont chacun contenait son lot d’atrocités bien senties. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi on ne parle pas plus d’eux alors qu’on n’hésite pas à en faire des tonnes avec les Thibétains, les Ouïgours, … Est-ce parce que c’est une « secte » ? parce que l’on considère qu’après tout ils l’ont bien cherché ? que s’ils veulent à tout prix être des martyrs, grand bien leur fasse ? Je ne sais …
Mais baste de ces questions politico-métaphysiques, nous avons continué notre route sans sourciller … Ma Douce, qui commence à connaître mon goût un peu pervers pour le szocreal m’a emmené dans un bistrot qu’elle fréquentait autrefois, aux temps lointains où elle ne me connaissait pas encore …
où l’on retrouve « celui qui dit comment il faut faire » …
Combien de bisous échangés sous ces fresques glorieuses ? combien de regards brûlants ? de rendez-vous donnés et reçus ? de frôlements furtifs sur les banquettes de moleskine ? Bien sûr que je ne lui ai pas demandé, vous me prenez pour qui ?
Nous sommes ensuite descendus tout au sud de la ville, jusqu’à Rákóczi út que nous avons longé un bon moment avant d’arriver à l’autre mosquée de Pécs. Celle-ci est en travaux et abrite un petit musée assez inintéressant à l’entrée duquel une grosse dame s’ennuie à mourir en écoutant de la musique vulgaire sur sa radio portative. Cela devrait-il être permis ? En tout cas cela se fait …
A l’intérieur de l’édifice, on retrouve bien des traits similaires à ceux de la « Grande Mosquée » de la place centrale, mais dans un tout autre état, évidemment …
Pour finir, un clin d’oeil : non loin de la mosquée, Ma Douce a pris la photo d’une tête de satyre qui sert de fontaine … La voyez-vous ?
Sziasztok !!!
Pour aller plus loin sur Pecs en Hongrie :