Aller au contenu

Polynésie française: le ras-le-bol d’un habitant

Votre séjour en Croatie est unique ; notre expertise l’est aussi! Pour mieux préparer vos vacances, consultez le guide voyage Croatie et téléchargez les Ebooks gratuits : conseils pratiques, idées de visites et bonnes adresses.  

 

Le ras-le-bol d’un jeune citoyen de la Polynésie française.

De nombreux internautes ont réagi au billet publié par « îles lointaines » sur Papeete, la capitale de la Polynésie française. Le billet cherchait à subjectivement montrer que Papeete décevait les touristes « moyens » et pressés, notamment ceux qui voyagent dans des paquebots de croisière et qui n’ont guère le temps de prolonger leur séjour sur l’île de Tahiti.


Certains étaient d’accord avec le billet. D’autres, pas du tout. Certains y ont vu une attaque superficielle et en règle contre Tahiti, la Polynésie française et les Polynésiens. Ce qui, à notre avis, était hors-sujet. Le billet ne parlait que de Papeete, et non pas de Tahiti, ni des îles de ce superbe archipel. Et encore moins de ses habitants.

Suite à la parution de ce billet, un jeune homme de 23 ans, « Anthony », nous a envoyé deux longs messages par email. Les commentaires étant fermés, ils n’ont pas été publiés. Son message ne cherchait pas seulement à commenter le billet sur Papeete, mais à donner son point de vue, plutôt un coup de gueule, sur sa frustration quant aux « affaires » secouant la Polynésie française.

Avec son accord, nous avons décidé de le publier en partie (lire ci-dessous). Nous sommes conscients que ce billet est provoquant. A bien y réfléchir, il nous semble refléter assez bien le sentiment d’une partie de la population de l’archipel. Un sentiment de colère et de frustration face à la dégradation d’un style de vie de leur archipel, de leur pays. Un pays que cette population aime. Il suffit de lire les forums de discussion, les commentaires dans les journaux locaux pour s’en rendre compte.

Dernier point. Dans son dernier message, Anthony déclare qu’il aime son pays et sa ville : « Je préciserai aussi que j’adore ce pays et cette ville dans laquelle j’ai passé mon enfance, ne pas vous méprendre sur mes sentiments à cet égard. Merci. »

(Note : les titres sont de la rédaction, ainsi que les notes de la rédaction en italique).

«

Je te contacte non pas pour t’insulter ou quoi que ce soit à propos de tes mots sur Tahiti [En fait, un billet sur Papeete], mais au contraire, pour te dire que tu fais bien de l’écrire.

Je suis né à Tahiti, j’ai grandi là bas et j’ai 23 ans. Je suis fou de rage en voyant les politiciens se disputer la part du gâteau que nous donne la métropole et en se balançant des mots qu’ils ne comprennent même pas comme « indépendance »… Tahiti est dans une m…noire, les gens croient qu’en faisant comme d’habitude, la situation va se stabiliser. Mais c’est faux!

Sur la politique et les politiciens — Avant Tahiti profitait du CEP (Centre d’Essai de Polynésie) et des « subventions » de l’Etat Français. Maintenant que tout cela touche à sa fin, ils [les politiciens] cherchent où prendre de l’argent. L’argent, l’argent, ce n’est qu’une solution de courte durée. Si quelqu’un a faim, ne lui donne pas un poisson mais apprend-lui plutôt à pêcher! Beaucoup de promesses, mais rien n’est fait dans ce pays. Ils font une ou deux choses bien, et tout le reste de travers, et ensuite ils se cachent derrière le peu qui a été fait. Les politiciens sont cupides, mais ce sont des cupides idiots! Ils ont plus intérêt que n’importe qui à voir Tahiti prospérer.

Au lieu de ça, ils profitent du système en prenant l’argent là où il en reste, en mettant les cousins du neveu de la tante du copain dans l’administration en tant que fonctionnaire, lequel ne pourra même plus être viré pour incompétence. Si Tahiti prospérait, si la ville de Papeete était la première étape de la reconstruction, on irait beaucoup plus loin!

Aucune industrie n’est créée. Les prix sont exorbitants car tout le monde s’accorde à dire que ça a toujours été comme ça. Nous ne payons même pas d’impôts, j’en suis très heureux….. Mais le fait de ne pas payer d’impôts se retrouve dans les trous de la caisse de l’Etat. Ont-ils vraiment tenté de trouver une solution? Ou bien, essaient-ils juste de changer un petit truc par-ci, par-là en espérant que ça marche?

La folie les guette. Oscar [Temaru] a voulu censurer le reportage de M6 sur Tahiti qui montrait sa « bêtise » et les pires facettes de Tahiti.

Il suffit de regarder par exemple le Ministère de l’artisanat : six personnes qui bossent là-bas! Six! Il y a du boulot pour une personne, donc à six ils ne bossent pas du tout! Ils passent leurs journées dans une cafétéria toute équipée! Inconcevable!

Sur Papeete, la capitale de la Polynésie française — Les quartiers de Papeete ne sont pas sûrs, les jeunes deviennent violent par « fierté » mais surtout avec l’alcool (…) Regardez le marché de Tahiti [de Papeete]. Les rues sont dans le même état qu’il y a vingt ans! C’est un exemple flagrant du « je m’enfoutisme » de Tahiti. L’une des rues les plus fréquentées n’est même pas entretenue. Sans compter les façades des immeubles et la propreté des trottoirs. Si ces trois points étaient obligatoire, l’image de Tahiti serait cent fois meilleure qu’actuellement!

De plus ça ne coûterait pas énormément à l’Etat, comparé aux travaux gargantuesques qu’ils effectuent un peu partout inutilement. Avez vous été dans les rues de Faa’a ou sur la RDO vers 3h du matin? Faa’a est devenu le pire quartier de Tahiti à cause des dealers de drogue mais aussi à cause de la propreté du quartier.

gambiers

Dans l’archipel des Gambier. (Photo Damien Personnaz/Mangareva/2009)

Sur le tourisme en Polynésie française – Moi, je dis aux touristes de ne pas venir sur mon île parce que tant qu’il y a encore des touristes, les choses ne bougeront pas. Ils [les politiciens] ne voient pas à long terme, ils pensent qu’en cachant un maximum de choses laides aux touristes, en les faisant venir avec des offres, ça fera tourner l’économie. Au contraire, ça fait circuler l’information que Tahiti = une fois, mais plus jamais.

Il reste tellement de choses à critiquer, mais les seules choses positives que je peux dire de Tahiti, c’est que dès qu’on s’éloigne de la ville et qu’on se trouve dans la nature, c’est magnifique. La chaleur humaine est aussi un aspect appréciable là bas.

Je suis révolté depuis des années en assistant au déclin du pays et en écoutant parler les « locaux » qui disent qu’il faut arrêter de parler de nos problèmes aux touristes parce que ça les fait fuir. Moi je suis plutôt d’avis d’éviter aux touristes de venir maintenant plutôt que de venir et de repartir furieux ou complètement déçus…

Ceci dit il est vrai que dans les îles la situation est « moins alarmante », si on peut dire. Mais là encore ce n’est qu’une illusion, car Tahiti est le cœur de la Polynésie [française], même si elle n’est pas sa plus belle pièce. Si le cœur s’arrête je ne donne pas cher du tourisme dans les îles.

Par moment, il faut savoir admettre plutôt que de décevoir quand les autres s’apercevront de la supercherie. Un touriste qui vient maintenant à Papeete est un touriste qui ne revient plus. Je préfère freiner le tourisme jusqu’à ce que le pays soit « viable » pour qu’il reparte, plutôt que de nous enliser.

Préférez les îles et les pensions de famille, on ne les valorise pas assez mais c’est beaucoup mieux que les hôtels de luxe, et ça fait mieux tourner l’économie locale plutôt que d’enfler le porte-monnaie des plus riches…

L’avenir — Je pourrai en parler des heures, j’aime ce pays et c’est pour cette raison que je suis autant révolté. Arrêtons nos c…à vouloir le beurre et l’argent du beurre. La corruption, les monopoles contrôlés, les accords entre l’Etat et le Privé, le pistonnage et le « fiu » local amèneront le pays à sa perte.

Dans vingt ans j’entre en politique et j’espère sauver ce pays. »

Anthony

Damien Personnaz

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

 

  1. Accueil
  2. /
  3. Derniers articles
  4. /
  5. TRIBUNE
  6. /
  7. CHRONIQUES NOMADES
  8. /
  9. Polynésie française: le ras-le-bol d’un habitant