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Pompei : l’Apocalypse selon Pline le Jeune (Histoire antique romaine)

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Quel est l’événement qui inspira à l’apôtre Jean la description si précise de l’Apocalypse ? La question s’est posée et il n’est peut-être pas irréaliste d’établir un rapprochement entre le récit des Evangiles et le désastre survenu dans le sud de la péninsule italienne peu de temps auparavant…


 

Voici le Vésuve, autrefois verdoyant de vignes ;
Ici, le raisin doré a coulé dans les barils.
Voici la montagne que Bacchus aima plus que les collines
de Nisa, sa patrie ;
Sur cette montagne, aujourd’hui, les Satyres dansent.
Elle fut la maison de Vénus préférée à Sparte,
Ce lieu était illustre parce qu’il portait le nom d’Hercule.
Tout gît, enseveli sous les flammes et le terrible incendie !
Les dieux eux-mêmes n’auraient pas voulu que ceci leur soit attribué !

Ainsi parle le poète Martial dans un épigramme célèbre rédigé en l’an 88 de notre ère, relatant la terrible désolation et l’anéantissement de deux cités prospères : Pompéi et Herculanum le 25 août 79, après qu’une pluie de feu et de lave se soit abattue sur elles, sous l’effet d’une éruption d’une telle violence que le conduit volcanique fut déplacé et la morphologie du relief modifié pour acquérir celle qu’on lui connaît aujourd’hui.
Ce 25 août, à l’aube, on dit qu’une lumière sale éclairait la ville de Misène où demeuraient Pline l’Ancien et son neveu Pline le Jeune. La terre avait tremblé si fort durant la nuit que personne, dans la belle villa patricienne, n’avait fermé l’oeil. Soudain, la mer s’était retirée loin et des poissons avaient échoué sur les sables. Du côté du volcan, une nuée noire effrayante, puis des traînées de flammes et une épaisse fumée s’étaient mises à dévaler les pentes à la vitesse d’un torrent. Le spectacle était fascinant et l’oncle, saisissant l’importance de l’événement en train de se produire, avait demandé que l’on armât un bateau afin d’observer le phénomène de plus près. Victime de sa curiosité, il mourra asphyxié par les gaz dans les bras des deux esclaves qui l’accompagnaient, alors que son neveu, plus prudent, contemplait le spectacle à 30 km de là, voyant le cône du volcan se soulever et une colonne de cendres et de gaz, comme le tronc d’un arbre immense, s’élever jusqu’à 26 km d’altitude, créant des explosions en rafales et un grondement ininterrompu.

C’est l’historien Tacite qui demandera à Pline le Jeune de décrire les jours funestes dont il avait été le témoin, faisant de lui le seul et unique historien officiel de ce qui est considéré aujourd’hui comme l’une des éruptions les plus violentes de l’histoire et, de ce témoignage, le plus ancien document de volcanologie.
Et qu’écrit-il en 106 après J.C. dans ses deux lettres adressées à Tacite, alors que l’univers s’assombrissait alentour et qu’il percevait les cris de ceux qui mouraient sous un déluge de pierres incandescentes ?   » Je pourrais me vanter qu’au milieu de si affreux dangers, il ne m’échappa ni une plainte ni une parole qui annonçât de la faiblesse ; mais j’étais soutenu par cette pensée déplorable et consolante à la fois que tout l’univers périssait avec moi.  »
Lorsque la lumière reparut trois jours plus tard, le jeune homme découvrit un paysage inconnu, comme si tout ce qui l’environnait avait été recouvert d’un immense suaire gris et qu’il ne restait plus du volcan, jadis haut de près de 2000 mètres, que le rebord. Celui-ci sera rehaussé de 90 m lors de l’éruption de 1944 et s’élève aujourd’hui à une altitude de 1276 mètres.
Pendant dix-sept siècles Herculanum et Pompéi et leurs populations vont reposer sous cette couche de cendres, comme pétrifiées, figées à un moment précis de leurs activités et de leurs vies, n’existant plus que dans les souvenirs relatés par l’historien latin. Des fouilles seront entreprises de façon désordonnée dans un premier temps ; puis, à la vue de l’importance des découvertes, se mettra en place une organisation plus contrôlée qui permit à notre monde moderne de voir ré-apparaître, devant ses yeux subjugués, cette grande cité de Pompéi qui s’étendait sur 3 km environ, prospère, dynamique, riche de grandioses édifices publics, de temples, d’un théâtre et d’un amphithéâtre, d’avenues, de maisons particulières, d’échoppes et de boutiques, après qu’elle ait dormi intacte, à l’écart du monde vivant, sous ses sept mètres de cendres.
Cette apocalypse qui, en quelques heures, avait rayé de la carte deux villes splendides, les enterrant vives sous le feu de ses nuées ardentes, a-t-elle influencé Jean l’Evangéliste, lorsqu’en 95, à Patmos, soit seize ans après l’événement, il écrivait :  » Il se fit un grand tremblement de terre et le soleil devint noir comme un sac de crin, et la lune devint comme du sang. Et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme un figuier, agité par un grand vent, jette ses figues vertes. Et le ciel se retira comme un livre qu’on roule ; et toutes les montagnes et les îles furent ôtées de leur place.  »
Si rien ne permet d’affirmer quoi que ce soit, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre le texte de l’historien et celui de l’apôtre. Alors même qu’une autre hypothèse nous vient à l’esprit : cette éruption volcanique, par son ampleur et ses conséquences, ne nous rappelle-t-elle pas ce que furent, plus proches de nous, les fins atomiques d’ Hiroshima et de Nagasaki ? Et l’apocalypse, qui hante toujours l’imaginaire de l’homme, si elle se produisait, ne risquerait-elle pas de ressembler à cette pluie de feu et de cendres dépeinte par le témoin ?   » Déjà sur ses vaisseaux volait une cendre plus épaisse et plus chaude, à mesure qu’ils approchaient ; déjà tombaient autour d’eux des éclats de rochers, des pierres noires, brûlées et calcinées par le feu ; déjà la mer, abaissée tout à coup, n’avait plus de profondeur. » ( La mort de Pline l’Ancien racontée par Pline le Jeune )
Car si les séismes causés par la nature peuvent être terribles, ceux, dont l’homme menace l’homme, pourraient se révéler plus effroyables encore…

Armelle Barguillet Hauteloire

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