La Principauté de Hutt River : cela ne vous dit rien? Pas étonnant: ces entités sont réelles mais n’existent pas vraiment non plus. Le Gayflower. Le Royaume des Gays et des Lesbiennes des îles de la mer de Corail. Sealand.
La semaine dernière, le cyclone Yasi a provoqué des dégâts considérables dans l’Etat du Queensland et dans les îles et les atolls qui constituent la Grande barrière de corail.
Du coup, je me demande ce qu’est devenue la communauté gay non permanente du Royaume des Gays et des Lesbiennes des îles de la mer de Corail.
Ce Royaume s’est déclaré indépendant en 2004. Il a un drapeau, un hymne national, des timbres, un site internet et un empereur, Dale Andersen – alias Dale 1er. (portrait ci-joint). Il vit à Brisbane avec son cousin gay. Il y a même un code postal (0000).
En 2004, un groupe de militants homosexuels, forts mécontents de la décision du Gouvernement australien d’interdire le mariage entre personnes du même sexe, mit le cap sur la plus grande île du groupe de la mer de Corail, l’île de Cato.
A bord du « Gayflower », ce groupe d’activistes d’hommes et de femmes enragent. Ils déclarent officiellement la guerre à l’Australie, une fois le pied posé sur cet atoll de 1,5 km2. Il n’y a rien, sauf une petite colline juchée à six mètres au-dessus de l’océan Pacifique.
Une semaine plus tard, et comme le Gouvernement n’a pas répondu à cette belliqueuse requête, ni envoyé l’armée, des canons et des missiles pour les déloger, ils se sont officiellement séparés de l’Australie et ont instauré un Etat « indépendant ».
Evidemment, je mets des guillemets au mot indépendant.
Pour qu’un Etat soit indépendant, il faut qu’il ait un territoire – là, c’est ok –, une population permanente unie par une Constitution – ils ont une Constitution – et une légitimité internationale. C’est là où le bât blesse. Pour être indépendant, il faut qu’un Etat reconnu comme tel et indépendant reconnaisse le Royaume.
Ce n’est pas le cas.
Mais ils ont envoyé leur demande aux Nations-Unies, ont signalé au Premier Ministre de l’époque leur sécession et se sont donc proclamés « indépendants ».
Cette indépendance est somme toute symbolique. Toutefois, il existe un véritable vide juridique dans cet exemple de micro-nation auto-proclamée. De par le monde, il en existe une bonne cinquantaine. Ces micro-nations se sont réunies en 2010 à Sydney pour faire valoir leurs droits et leur souveraineté un tantinet ambiguë, mais presque réelle, notamment pour les quelques-unes qui se situent hors des limites territoriales des vraies nations.
Le « Royaume de Sealand », une sorte de monstrueuse carcasse rouillée au milieu de la mer du Nord, relique de la deuxième guerre mondiale, a fait de Roy Bates un Prince en 1967. Il hisse un drapeau et se déclare Prince de Sealand. Un an plus tard, la justice britannique lui a accordé une part de souveraineté en se déclarant incompétente pour une zone située en-dehors des eaux territoriales britanniques.
En 2008, j’avais rencontré sa majesté le Prince Léonard de la Principauté de Hutt River, en Australie-Occidentale. Son territoire — un peu décati, à son image, somme toute — ressemble à une île lointaine assiégée par le néant du désert. Le sable vient lécher les portes de sa Principauté où les mouches sont plus nombreuses que ses sujets. Mais là aussi, il y a un Prince, une Princesse, des timbres, une chapelle dans laquelle trône un portrait du Prince.
Le Prince Léonard de la Principauté de Hutt River/ Photos Damien Personnaz/2009
Tout cela peut sembler farfelu. Mais le fait que le Prince Léonard ait réussi à ne pas payer d’impôts depuis au moins vingt ans m’a laissé tout songeur. Et, j’ai même eu droit à un tampon sur mon passeport.
On ne peut pas aller à Sealand – le royaume ne délivre plus de visa. Et comme je ne suis pas homosexuel, je ne peux pas aller non plus à Cato.
Des litiges personnels sont à l’origine de ces Etats : des ennuis avec les impôts, avec le Gouvernement local, régional, national, des velléités indépendantistes ou tout simplement une mauvaise humeur diffuse mais tenace contre le monde entier en général. Et avec un bon avocat, il semble que l’on peut aller loin.
Je me demande si je ne suis pas de mauvaise humeur, en ce moment ; c’est diffus, mais je le sens. Je connais des avocats. Je pourrais même faire un peu de publicité. Mon voisin est un ancien graphiste qui m’aiderait à faire des logos et des timbres. Mon chien conviendra pour la garde rapprochée. J’habite en haut et les politiciens du bas se débrouillent bien pour m’agacer.
Ah, un dernier mot ! Je vous saurais gré dorénavant de m’appeler Votre Altesse.
Merci pour ce commentaire plein d’humour et désolé pour cette réponse tardive. Me permettez-vous de l’insérer dans le blog îles lointaines?
Crise politique : un belge change de nationalité !
Ulcéré par les dérives politiciennes que connaît la Belgique, un citoyen belge obtient en quelques semaines une autre nationalité.
L’individu a porté son choix vers la Principauté de Hutt River dont le Chef d’Etat, Son Altesse Royale le Prince Leonard, lui a accordé Certificat de Naturalisation et passeport en date du 7 janvier 2011, suivant les prescrits du « Hutt River Nationality Act » du 23 novembre 1997.
Mêlant volontairement le sérieux et l’humour surréaliste qui caractérisent le belge, cette démarche pour le moins singulière revêt divers sens.
Elle pourrait s’apparenter à un asile politique mais notre citoyen restera résident en Belgique. Légalement, il n’a pas perdu sa nationalité belge à laquelle il tient tout autant : il bénéficie aujourd’hui de la double nationalité. N’y voyez pas une « évasion » fiscale, les lois principautaires précisent que les citoyens non-résidents doivent s’acquitter des impôts dans leur pays de résidence. Et pour éviter les contredanses, sachez que le passeport de Hutt River n’est pas reconnu internationalement. Quant à une mesure de prudence en cas de guerre civile ravageant le plat pays, le refuge que serait la Principauté de Hutt River est aux antipodes, sur la côté Ouest de l’Australie pour être précis ! Cette éventualité n’effleure pas vraiment l’esprit de notre « ancien » belge qui, optimiste mais alerté, souhaite par ce geste en appeler paradoxalement au bon sens , ce qui n’est pas nécessairement opposé au surréalisme.
Deux caractéristiques bien « belges » qui semblent s’être échappées du cœur de l’Europe pour coloniser une région encore plus minuscule (75 Km²) où coule la rivière Hutt. La Principauté de Hutt River est née en 1970 des œuvres de Leonard Casey, soucieux d’esquiver de ruineux, iniques et absurdes quotas agricoles imposés par les responsables politiques d’Australie. Avec intelligence, humour et élégance, Son Altesse Royale le Prince Leonard a trouvé dans l’histoire juridique du Commonwealth la faille lui permettant de sauver son exploitation agricole d’une faillite certaine. C’est du sérieux et parfaitement drôle! Et le plus surréaliste, c’est que cela fonctionne encore 40 ans plus tard, n’en déplaise à l’Australie et au bon gré de Sa Majesté la Reine d’Angleterre. Quand l’improbable rejoint la réalité… Toujours est-il que Leonard Casey a su sortir du cadre pour trouver une solution. Un exemple à suivre ?
Ce sont précisément ces quatre principales qualités qui ont guidé le choix d’une nouvelle nationalité pour notre citoyen (encore) belge mais fâché avec la particratie qui malmène son pays natal et sa population. Ajoutons que H.R.H. Prince Leonard est féru de mathématiques, très soucieux de protéger la culture et l’environnement locaux et particulièrement attentif à ce que ses armées n’agissent que dans un but caritatif ; cela ne gâche nullement l’image de cette originale et nouvelle citoyenneté d’un résident belge.
Plus d’informations :
http://www.principality-hutt-river.com
http://www.principality-hutt-river.org/gov
Have a very nice Day,
Damien Schobbens, Overseas Citizen of the Principality of Hutt River